« Le risque, ce n’est pas de faire le mauvais choix. Le risque, c’est de ne rien choisir du tout. »
— Proverbe CISO, quelque part entre deux burn-outs.
Bienvenue dans l’ère du CISO paralysé. L’ennemi n’est plus uniquement le ransomware russe ou le stagiaire qui publie les clés AWS sur GitHub. Non, aujourd’hui, le vrai danger, c’est le trop-plein de choix technologiques, cette jungle luxuriante de promesses IA, de dashboards full-cyber AI-powered et de solutions « Zero Trust » à 7 chiffres, qui vous font douter de votre propre existence numérique.
🤖 L’IA, ce nouveau couteau suisse qui coupe dans les deux sens
Depuis que l’intelligence artificielle s’est invitée à la table des comités de pilotage, les responsables cybersécurité sont devenus les cobayes involontaires d’une course à l’outil miracle.
Détection prédictive des menaces ? Check.
Réduction automatique du risque ? Re-check.
Transformation de votre SOC en utopie DevSecOps ? Triple check.
Mais ce que personne ne dit, c’est qu’à force de tout vouloir faire avec l’IA, on finit par ne rien faire du tout, sauf produire des POCs qui ne passent jamais la recette. Et puis, entre nous, qui ici comprend vraiment ce que fait le modèle ML embarqué dans ce XDR à 850K €/an ? (Spoiler : personne, pas même le commercial.)
🪓 Deux chemins : l’efficacité… ou la vitesse
Face à ce raz-de-marée de promesses technologiques, deux écoles émergent :
- L’école « AI-Steady » : on sécurise d’abord, on innove peut-être ensuite, quand les serveurs arrêteront de chauffer à 95 °C et que l’équipe SOC aura fini de dormir sous les bureaux.
- L’école « AI-Accelerated » : on fonce, on automatise tout, on connecte GPT au firewall et on prie pour que le SI ne s’autodétruise pas d’ici la fin du trimestre.
Et puis il y a la troisième voie. Celle que trop de décideurs empruntent :
« On va attendre encore un peu de voir ce que fait le marché. »
Bravo. Pendant ce temps, les attaques s’intensifient, les alertes SIEM pleuvent, et les budgets restent figés, coincés entre Excel, la peur du changement et le dernier audit où tout était en rouge, sauf la colonne « présentation PowerPoint ».
🧠Burnout-as-a-Service : le vrai produit de la cybersécurité moderne
C’est bien connu : plus on vous demande de tout faire, moins vous pouvez décider. Aujourd’hui, le CISO est à la fois coach Agile, expert IA, pompier AD, babysitter d’API, et accessoirement, bouclier humain lors des comités de direction.
Pas étonnant que près d’un CISO sur deux prévoit de changer de poste en 2025 (source : Gartner, mais on s’en doutait en regardant LinkedIn). La surcharge mentale atteint des sommets : entre les tableaux de bord inutiles, les audits bidons, et les outils achetés par la DSI « parce que ça sonnait bien », la réalité c’est que le CISO moderne fait du pilotage à vue dans un brouillard toxique d’incertitude.
🧠La fausse sécurité du « pas maintenant »
On entend souvent :
« Ce n’est pas le bon moment pour choisir. Attendons la version 3.7.1 du SOC augmenté. »
« Le PoC n’a pas été concluant, mais on relance un benchmark. »
« On a mis ça dans la roadmap 2026, priorisée après le plan Climat, l’ERP RH et le remplacement de la machine à café. »
Et pendant ce temps, les attaques se moquent bien de vos hésitations. Elles, elles ne benchmarkent pas. Elles exploitent.
🛠️ Alors, on fait quoi ?
Gartner le dit (et pour une fois on est d’accord) : choisissez. Un seul axe. Avancez. Corrigez en chemin.
C’est comme en voile : tant que vous restez à l’arrêt, vous ne pouvez pas virer de bord. Prenez de la vitesse, n’importe laquelle. Mais bougez. Même si c’est avec un vieux moteur Java 8 et un script bash qui date de 2014.
Faut-il innover Ă toute vitesse ? Peut-ĂŞtre.
Faut-il optimiser et sécuriser les bases ? Pourquoi pas.
Mais surtout, faut-il arrêter de tout reporter sous prétexte de vouloir le plan parfait ? ABSOLUMENT.
🧨 En résumé
Le vrai danger, ce n’est pas de choisir un mauvais outil IA.
C’est de devenir le DSI qui passe 18 mois à benchmarker une solution qu’on aurait pu implémenter en 3 semaines… et qui finit par se faire pirater par un script kiddie de 15 ans parce qu’il avait oublié de désactiver SMBv1.
Allez, choisis un cap, matelot. Et vogue, même à l’aveugle.