Self-checkout, applis mobiles, cartes de fidélité, entrepôts automatisés… La grande distribution est un monstre technologique. Mais comme tout monstre… elle a ses failles. En 2024, plusieurs enseignes françaises ont vu leurs systèmes craquer sous la pression de cyberattaques toujours plus ciblées. Et dans ce domaine, pas de « 2 pour le prix d’1 » : une faille, c’est toujours trop.
📦 Un secteur sur tous les fronts numériques
La grande distribution (au sens large : GMS + retailers type Fnac, Boulanger, Decathlon…) repose aujourd’hui sur un écosystème numérique aussi vaste que fragmenté : ERP, CRM, caisses connectées, apps mobiles, e-commerce, RFID logistique, APIs vers des prestataires, etc.
Résultat : un terrain de jeu rêvé pour les cybercriminels, qui savent exploiter le moindre maillon faible. En 2024, plusieurs cyberincidents ont marqué l’actualité :
- Auchan (nov. 2024) : plus de 500 000 clients touchés par une fuite de données sur le programme de fidélité (source)
- Cultura & Boulanger : brèche via un prestataire, touchant plus de 1,5 million de comptes clients (source)
- Picard : piratage en octobre 2024, données clients exposées dans le dark web
Et pendant ce temps-là, les ransomwares rôdent. D’ailleurs, on en parle dans notre analyse de tendance sur les ransomwares.
🔓 Failles critiques : du panier au backoffice
🛒 1. Les cartes de fidélité (et d’infidélité numérique)
Ces systèmes, peu surveillés car considérés « non critiques », sont une porte d’entrée idéale pour les attaquants. Données personnelles, historiques d’achats, adresses mail… un vrai cadeau de Noël.
🤝 2. Les sous-traitants et intégrateurs
Le talon d’Achille. Le moindre prestataire non sécurisé peut exposer des millions de données. Et souvent, ce n’est même pas dans le scope de l’audit SSI initial. Un grand classique du Shadow IT, qu’on a décortiqué dans un de nos précédents dossiers.
💳 3. Les caisses automatiques et systèmes de paiement
Beaucoup sont encore sous Windows 7 ou avec des configurations par défaut (!). L’exploitation de ces terminaux peut permettre des fraudes ou des injections de code.
🛠️ 4. Les apps et sites e-commerce
API non protégées, tokens JWT mal gérés, ou injection SQL old school : les failles classiques font encore des ravages dans les plateformes en ligne. Surtout en période de promo, quand la surveillance est en mode « off ».
💬 5. Le phishing (parfois très bien ciblé)
Les responsables logistique, RH ou DSI sont de plus en plus ciblés. Un bon mail de “fournisseur” avec un faux PDF de bon de commande et le tour est joué.
📏 Des obligations légales renforcées
Les acteurs de la grande distribution ne peuvent plus se cacher derrière leur statut « privé ». Beaucoup tombent sous le coup du RGPD (évidemment), mais aussi de la directive NIS2 dans certains cas (entrepôts critiques, SI interconnectés…). Pour une vue globale, voir notre article sur les obligations cybersécurité par secteur.
🧯 Recommandations concrètes (et urgentes)
- 🔍 Audit régulier des actifs numériques : y compris caisses, apps, APIs, et partenaires
- 🧠 Formation des employés : phishing, hygiène numérique, Shadow IT
- 🤝 Gestion des sous-traitants : clause SSI, audit de conformité, PRA
- 🛡️ Zero trust appliqué : microsegmentation, MFA, rotation des accès
- 📊 Surveillance active & réponse aux incidents : SIEM, EDR, SOC (ou au moins un RSSI à jour 😅)
📊 Tableau de priorisation des risques (version 2025)
Type de faille | Impact | Probabilité | Priorité |
---|---|---|---|
Compromission des cartes de fidélité | Élevé | Élevée | Haute |
Failles via sous-traitants | Très élevé | Moyenne | Haute |
Systèmes de caisse vulnérables | Moyen | Moyenne | Moyenne |
App mobile / site e-commerce exposé | Élevé | Élevée | Haute |
Phishing ciblé sur employés clés | Élevé | Élevée | Haute |
Attaques DDoS pendant les soldes | Moyen | Faible | Basse |
🎯 Conclusion : la sécurité ne s’improvise pas à la caisse
En résumé ? La grande distribution n’est plus juste une cible “opportuniste” : elle est stratégique. Les volumes de données, la diversité des vecteurs d’attaque et la dépendance au numérique en font un eldorado pour les cybercriminels.
Et entre un ticket de caisse et un ticket d’incident, mieux vaut que ce soit le bon qui sorte de l’imprimante.