(Et pourquoi quitter Microsoft ce nâest pas juste une lubie de geeks barbus en sandales)
Depuis 25 ans, l’informatique des collectivitĂ©s et des grandes entreprises ressemble Ă un mariage forcĂ© avec Microsoft. Windows sur tous les postes, Office dans tous les documents, Outlook pour tous les rendez-vous, Exchange pour tous les mails, Active Directory pour tous les identifiants⊠et surtout, une dĂ©pendance bien confortable, tant quâon ne regarde pas lâaddition.
Mais voilĂ : aujourdâhui, cette dĂ©pendance devient un problĂšme. Et pas juste parce que la facture Office 365 a doublĂ© sans prĂ©venir.
Les mots qui reviennent ? SouverainetĂ©, rĂ©silience, RGPD, Cloud Act, interopĂ©rabilité⊠ou, en version non-diplomatique : âEt si on arrĂȘtait de filer des millions Ă une boĂźte amĂ©ricaine qui impose ses rĂšgles, sa vision, et ses mises Ă jour foireuses sans quâon ait notre mot Ă dire ?â
Ce changement de cap est amorcé :
- En Allemagne, plusieurs administrations passent Ă Linux et Nextcloud.
- Le Danemark prépare la sortie de Microsoft dans les écoles.
- En France, Lyon décide de reprendre la main sur son informatique.
Mais attention : sortir de Microsoft, ce nâest pas changer une imprimante par un modĂšle plus Ă©cologique. Câest dĂ©monter un moteur diesel en marche pour installer une propulsion Ă©lectrique⊠en pleine autoroute. Et avec tous les passagers Ă bord.
Et ce nâest pas quâune question de poste de travail : câest tout le SI quâon remet Ă plat. Poste client, serveurs, annuaires, messagerie, rĂ©seau, sĂ©curitĂ©, support, logiciels mĂ©tiers. Une remise Ă zĂ©ro stratĂ©gique.
La bonne nouvelle ? Câest possible.
La mauvaise ? Ce sera long, douloureux, et certains crieront au sabotage.
Mais ceux qui rĂ©ussissent pourront dire fiĂšrement : âOn nâa plus besoin de Redmond pour faire tourner notre machineâ.
- đïž 1. Quitter Microsoft : une dĂ©cision stratĂ©gique (et pas juste pour embĂȘter le DSI)
- đ» 2. Le poste de travail : remplacer Windows + Office… sans faire imploser la DSI
- đ§ 2.1. Remplacer Windows : pas (que) une histoire de clic droit
- đ 2.2. Bureautique : OnlyOffice ou LibreOffice ? Le duel des clones pas tout Ă fait pareils
- đïž 2.3. Partage de fichiers : bienvenue dans le monde post-SharePoint
- đ„ 2.4. Visio & collaboration : il n’y a pas que Teams dans la vie
- đ§Ș 2.5. Tests, pilotes, et rĂ©sistance passive
- đŁïž 2.6. Accompagnement au changement ou comment Ă©viter lâĂ©meute
- 𧚠En résumé
- đ§± 3. Les serveurs et lâinfrastructure : quand on arrĂȘte de payer pour redĂ©marrer
- 𧰠3.1. Choisir un OS serveur libre : la base (littéralement)
- đ€ 3.2. Lâauthentification : on dĂ©branche lâAD, on panique⊠puis on respire
- đïž 3.3. Le stockage : on oublie les partages \NAS\qui\lĂąche\le\lundi
- đ„ïž 3.4. Virtualisation : Proxmox, ce que Hyper-V aurait dĂ» ĂȘtre
- đ 3.5. SĂ©curitĂ©, supervision, backup : tout existe⊠en mieux
- đĄ 3.6. Les bonus : DNS, DHCP, VPN, Reverse ProxyâŠ
- â ïž En rĂ©sumĂ©
- đ 4. RĂ©seau : vous reprendrez bien un peu dâopen source avec vos VLAN ?
- đ„ 4.1. Firewall : adieu lâinterface en Silverlight
- đ 4.2. Switchs, VLANs, et routage : on sort du tout-Cisco sans se ruiner
- đ 4.3. DHCP, DNS, NTP â les bases du rĂ©seau propre
- đĄ 4.4. Wi-Fi dâentreprise : sĂ©curisĂ© et sans abonnement Microsoft
- đ 4.5. VPN dâaccĂšs distant : adieu le client Windows tout cassĂ©
- đïž 4.6. Supervision rĂ©seau : voir tout, logguer tout, sans se ruiner
- â ïž En rĂ©sumĂ©
- đĄïž 5. La sĂ©curitĂ© : la vraie, pas celle qui coĂ»te un bras pour cocher une case ISO
- đ§ 5.1. Principe de base : sĂ©curitĂ© par conception, pas par panique
- đ 5.2. Supervision et EDR : Wazuh, la pĂ©pite open source qui sait tout
- đ 5.3. Authentification forte, MFA, SSO : libre, sĂ©curisĂ©, industrialisable
- đŹ 5.4. SĂ©curitĂ© des emails : stop aux relais open et aux SPF non configurĂ©s
- đ§Ș 5.5. Durcissement systĂšme : fini les OS livrĂ©s avec 8 failles ouvertes
- đŠ 5.6. Sauvegarde : parce que crypter câest bien, restaurer câest mieux
- đ 5.7. SIEM, forensic, rĂ©ponse Ă incident : lâarsenal libre existe
- â ïž En rĂ©sumĂ©
- đ 6. Migration & RĂ©versibilitĂ© : la sortie de Microsoft nâa pas de bouton âAnnulerâ
- đ 6.1. Office 365 : exporter, oui⊠mais pas tout, pas bien, et pas gratuitement
- 𧟠6.2. Licences flottantes, fichiers piégés, macros diaboliques
- đ 6.3. Logiciels mĂ©tiers : la vraie bombe nuclĂ©aire
- đ 6.4. La documentation manquante, les scripts oubliĂ©s, et les bricolages dâantan
- đ§ 6.5. RĂ©versibilitĂ© : le grand mythe du âon pourra revenir en arriĂšreâ
- 𧩠6.6. Migration réussie = projet piloté comme un vrai programme stratégique
- â ïž En rĂ©sumĂ©
- đ„ 7. Ressources humaines : Linux ne plante pas, mais lâutilisateur si
- đ§ 7.1. Il va falloir embaucher. Beaucoup. Et vite.
- đ 7.2. Le coĂ»t de la formation : invisible dans le budget, trĂšs rĂ©el sur le terrain
- đȘ 7.3. Courbe dâapprentissage : escalade libre sans harnais
- đ ïž 7.4. Moyens humains et stratĂ©gie dâaccompagnement
- đŹ 7.5. Communication interne : soyez proactifs, pas dĂ©fensifs
- â ïž En rĂ©sumĂ©
- đ§© 8. Logiciels mĂ©tiers & ERP : câest pas Linux le problĂšme, câest ton soft de paie de 2003
- đïž 9. Supply Chain IT, SaaS & PaaS : sortir de Microsoft ne veut pas dire se jeter dans les bras dâun autre
- đŠ 9.1. La Supply Chain IT : le maillon faible de votre souverainetĂ©
- âïž 9.2. Faut-il fuir le SaaS et le PaaS ? Non. Faut-il les choisir intelligemment ? Oui.
- 𧩠9.3. La bonne stratégie ? Open source + cloud maßtrisé
- đ 9.4. LâinteropĂ©rabilitĂ©, pas lâexclusivitĂ©
- đžïž 9.5. Le vrai enjeu : reconstruire une chaĂźne numĂ©rique rĂ©siliente
- â ïž En rĂ©sumĂ©
- đ 10. Ătudes de cas : ceux qui ont sautĂ© le pas⊠et ceux qui ont rebroussĂ© chemin
- đ§ 11. SynthĂšse finale : sortir de Microsoft, est-ce que ça vaut le coup ?
- đ Conclusion : ce nâest pas une mode. Câest une nĂ©cessitĂ©.
đïž 1. Quitter Microsoft : une dĂ©cision stratĂ©gique (et pas juste pour embĂȘter le DSI)
đȘđș âLibĂ©rez-vousâ â SouverainetĂ© et indĂ©pendance numĂ©rique
Vous ĂȘtes une collectivitĂ© publique ou une grande entreprise, vous gĂ©rez des donnĂ©es personnelles sensibles, et vous stockez tout sur des serveurs contrĂŽlĂ©s par une entreprise amĂ©ricaine soumise au Cloud Act ? Bravo, vous ĂȘtes RGPD-compliant⊠sur le papier.
Dans les faits, vous ĂȘtes juste locataire de vos donnĂ©es, hĂ©bergĂ©es gracieusement sur des serveurs gĂ©rĂ©s par un gĂ©ant du cloud qui :
- Impose ses tarifs
- Change ses interfaces sans prévenir
- Vous enferme dans son Ă©cosystĂšme (Teams, Azure AD, Exchange, OneDriveâŠ)
- Et peut, en théorie, remettre vos données à une autorité étrangÚre sur simple demande.
đ§ Remplacer Office par LibreOffice, ce nâest pas un caprice technique : câest un acte de souverainetĂ©.
đž « Moins cher sur le long terme »⊠sauf si vous aimez payer tous les mois, pour toujours
La légende veut que Microsoft soit économique. Dans la vraie vie :
- Vous payez des abonnements par utilisateur
- Vous avez besoin de licences supplémentaires pour activer des fonctions de base (E5 pour avoir une archive mail ? Sérieusement ?)
- Vous nâavez plus aucun levier : mĂȘme pour rĂ©silier, il faut un PowerShell obscur et un alignement de planĂštes.
Et le bouquet final : si vous arrĂȘtez de payer, vous perdez tout. Pas juste les mises Ă jour. Les mails, les fichiers, les services. Nada.
Câest un peu comme louer une maison pendant 15 ans, y faire tous les travaux⊠puis se retrouver Ă la rue en 24h parce quâon nâa pas payĂ© un mois.
đ§± LâĂ©cosystĂšme verrouillĂ© version 5.0
Microsoft a perfectionnĂ© lâart du vendor lock-in :
- Active Directory liĂ© Ă Windows Server, lui-mĂȘme couplĂ© Ă Azure AD
- Office qui dicte les formats (et brise volontairement ceux des autres)
- Teams qui devient le hub unique (et exclusif) de la collaboration
- Les logiciels métiers qui reposent sur .NET, COM+, Visual Basic, etc.
Changer un maillon de la chaĂźne ? Tout lâĂ©cosystĂšme vous pĂšte Ă la figure. Et ça, câest pas marquĂ© sur la plaquette commerciale.
đ„ Risques systĂ©miques⊠à long terme
- Dépendance stratégique : votre SI ne vous appartient plus vraiment
- Non-conformitĂ© potentielle : RGPD, souverainetĂ©, confidentialitĂ©âŠ
- Ăvolutions unilatĂ©rales : vous subissez chaque mise Ă jour comme une rĂ©forme surprise
- Verrouillage applicatif : plus vous attendez, plus il sera difficile (et coûteux) de partir
Et la cerise sur le kernel : impossible de faire machine arriÚre sans tout casser. Microsoft ne fournit pas de « kit de désintox ».
đ» 2. Le poste de travail : remplacer Windows + Office… sans faire imploser la DSI
Changer lâOS dâun PC, câest facile. Jusquâau moment oĂč ce PC appartient Ă Jean-Pierre du contrĂŽle de gestion qui a 47 fichiers Excel croisĂ©s dynamiquement avec macros Visual Basic, un dossier Outlook de 12 Go en .pst, et une imprimante rĂ©seau branchĂ©e en local via un pilote obscur fourni en 2007.
Bienvenue dans la réalité.
đ§ 2.1. Remplacer Windows : pas (que) une histoire de clic droit
Migrer vers Linux sur les postes de travail nâest pas un fantasme dâadmin barbu fan de terminal, câest une rĂ©alitĂ© technique viable⊠pour peu quâon sache ce quâon fait.
Les distributions les plus adaptées :
- Ubuntu LTS : stable, bien documentée, supportée commercialement (Canonical)
- Debian : propre, robuste, mais moins âgrand publicâ
- Linux Mint : un bon compromis pour les néophytes
- Fedora : pour les utilisateurs un peu plus curieux
Mais attention : Linux, ce nâest pas Windows. Il faut dĂ©sapprendre certains rĂ©flexes :
- Pas de double-clic automatique pour installer un .exe
- Pas de panneau de configuration à 12 étages
- Pas de « Redémarrer pour appliquer la mise à jour » toutes les 2 heures
đ§ RĂ©sultat : câest plus simple, mais comme ce nâest pas pareil, câest perçu comme plus compliquĂ©.
đ 2.2. Bureautique : OnlyOffice ou LibreOffice ? Le duel des clones pas tout Ă fait pareils
LibreOffice :
- Compatible avec les formats MS Office⊠en théorie
- ProblÚmes fréquents de mise en page (en particulier avec les .docx un peu torturés)
- Macros VBA = đ„ (traduction : âça ne marche plusâ)
OnlyOffice :
- Meilleure compatibilitĂ© visuelle (via l’Ă©dition collaborative façon Google Docs)
- Moins riche en fonctions complexes
- Intégration native avec Nextcloud
â ïž Conseil : n’espĂ©rez pas une conversion magique de vos documents Word âavec sommaire automatique, tableaux croisĂ©s et macros Excel qui parlent Ă Wordâ. Il faudra repenser, tester, adapter.
đïž 2.3. Partage de fichiers : bienvenue dans le monde post-SharePoint
Adieu SharePoint, bonjour Nextcloud :
- AccÚs via navigateur, appli mobile, WebDAV, intégration Linux/Windows
- Partage avec ou sans compte, expiration des liens, édition collaborative
- Modules : calendrier, contacts, formulaire (Forms), Talk (visio), tableau blancâŠ
Et surprise : ça marche vraiment bien. Et personne ne vous demande de payer un add-on E5 pour débloquer une fonction basique comme le chiffrement.
đ„ 2.4. Visio & collaboration : il n’y a pas que Teams dans la vie
Alternatives crédibles :
- Jitsi Meet : simple, efficace, sans inscription
- BigBlueButton : taillé pour la formation
- Nextcloud Talk : intégré, fluide, chiffré
- Element (Matrix) : messagerie chiffrée décentralisée
Et Teams ?
Il ne vous manque que⊠lâinterface instable, la recherche non fonctionnelle, lâintĂ©gration foireuse entre canaux, fichiers, calendrier, et cette douce habitude de se bloquer le vendredi matin en pleine rĂ©union avec la DGS.
đ§Ș 2.5. Tests, pilotes, et rĂ©sistance passive
Avant de lancer une migration en grand, il faut tester. Mais vraiment tester :
- En condition réelle
- Avec des utilisateurs non-techs (compta, RH, direction…)
- En simulant les cas dâusage tordus (publipostage, graphes Excel collĂ©s dans WordâŠ)
đĄ Spoiler : il y aura toujours un fichier .xls des annĂ©es 90 avec une macro en chinois ancien qui bloque tout.
đŁïž 2.6. Accompagnement au changement ou comment Ă©viter lâĂ©meute
Migrer un poste de travail, câest 70 % de technique, 30 % de psychologie. Si vous balancez Linux comme une mise Ă jour Windows, vous allez au carnage.
Ce quâil faut faire :
- Sensibiliser, former, écouter
- Créer des binÎmes : tech + utilisateur pilote
- Laisser le temps de sâapproprier lâenvironnement
- CrĂ©er un support rĂ©actif + des mini guides (ex : âEnvoyer un mail avec Thunderbird comme un proâ)
𧚠En résumé
Changer le poste de travail, ce nâest pas seulement remplacer une interface. Câest :
- Changer les outils
- Changer les habitudes
- Changer la culture
Et la culture, ça ne se push pas en SSH.
đ§± 3. Les serveurs et lâinfrastructure : quand on arrĂȘte de payer pour redĂ©marrer
Migrer les postes de travail, câest courageux. Mais sâattaquer Ă lâinfrastructure⊠lĂ , on passe en mode « ne plus payer pour souffrir ». Car une fois que tu retires Microsoft du SI, tu dĂ©couvres que tout le reste est construit dessus. LâActive Directory, le serveur de fichiers, la messagerie, la supervision, le VPN, la VM de la VM de test… tout.
Et pourtant, tout cela peut fonctionner sans Microsoft. Mieux, parfois. Mais il va falloir sortir les outils, la patience⊠et peut-ĂȘtre deux ou trois tranquillisants pour lâĂ©quipe rĂ©seau.
𧰠3.1. Choisir un OS serveur libre : la base (littéralement)
Finies les licences Windows Server à 600 ⏠+ CAL utilisateur + CAL RDS + CAL respiration. On passe à du vrai Linux, du costaud, du libre.
Les choix sérieux :
- Debian : la base. Stable, propre, pas là pour rigoler.
- RockyLinux / AlmaLinux : pour ceux qui aiment RedHat sans payer RedHat.
- Ubuntu Server : un peu plus convivial, parfois plus à jour, mais avec son lot de surprises.
đĄ Conseil : ne pas mĂ©langer toutes les distros « parce que Jean-Mich de la DSI prĂ©fĂšre Fedora ». On ne joue pas Ă PokĂ©mon.
đ€ 3.2. Lâauthentification : on dĂ©branche lâAD, on panique⊠puis on respire
Active Directory, câest pratique. Et surtout, ça ne pardonne rien. Mais tout ce que fait AD, on peut le faire autrement, avec des briques libres.
Stack dâidentitĂ© libre et puissante :
- OpenLDAP ou FreeIPA : pour remplacer AD, avec du SSO natif
- Kerberos (oui, il existe en dehors de Microsoft)
- SSSDÂ pour connecter les postes clients Ă lâannuaire
- Keycloak ou Authelia pour du SSO web moderne
- LemonLDAP::NG pour les puristes du libre français
đ§ Est-ce que câest aussi simple quâun clic droit sur un OU ? Non.
Est-ce que ça vous donne enfin le contrÎle complet sur vos identités ? Oh que oui.
đïž 3.3. Le stockage : on oublie les partages \NAS\qui\lĂąche\le\lundi
Adieu les partages SMB qui tombent dĂšs quâun serveur Windows reboot pour la 17e fois dans la nuit.
Solutions de stockage solides :
- Nextcloud : pas juste un Dropbox libre, mais un vrai environnement collaboratif
- Ceph : pour ceux qui veulent du stockage distribué, scalable, et qui aiment les nuits blanches
- GlusterFS : plus simple, mais à manier avec précaution
- TrueNAS Core/Scale : interface graphique, ZFS natif, trÚs bon compromis pour les petites équipes
đ Bonus : plus besoin de redĂ©marrer le serveur Ă chaque patch. Qui lâeĂ»t cru ?
đ„ïž 3.4. Virtualisation : Proxmox, ce que Hyper-V aurait dĂ» ĂȘtre
Ah, la virtualisation. Ce doux monde oĂč chaque fonction est une option payante. Sauf quand on utilise Proxmox VE.
Pourquoi Proxmox met tout le monde dâaccord :
- Interface web intuitive
- KVM + LXC (machines virtuelles et conteneurs légers)
- Gestion des snapshots, backups, clusters HA
- AccĂšs Ă tout sans plugin propriĂ©taire ni add-on « Ultimate Ă 999 âŹÂ »
đ Et pour ceux qui aiment VMware : devinez qui va devenir payant pour tout trĂšs bientĂŽt ? (Coucou Broadcom.)
đ 3.5. SĂ©curitĂ©, supervision, backup : tout existe⊠en mieux
Supervision :
- Zabbix : costaud, centralisé, fait peur au début mais peut tout faire
- Prometheus + Grafana : tendance DevOps, à la carte
- Netdata : beau, sexy, parfait pour briller en réunion
Sécurité :
- Wazuh : EDR open source, centralisation des logs, alertes
- Fail2Ban : petit mais costaud (comme le café)
- Auditd, Lynis, OpenSCAP : durcissez vos serveurs sans sortir la CB
Sauvegarde :
- Proxmox Backup Server : pour ceux sur Proxmox
- BorgBackup, Restic, Duplicati : au choix selon votre degré de parano
- Rclone : pour pousser ça dans le cloud⊠sans se faire racketter par Azure
đĄ 3.6. Les bonus : DNS, DHCP, VPN, Reverse ProxyâŠ
Tout ce que vous faisiez avec Windows Server peut ĂȘtre fait en mieux, en plus stable, et sans redĂ©marrer aprĂšs chaque mise Ă jour critique de .NET.
- DNSÂ : Bind9 ou CoreDNS
- DHCPÂ : ISC DHCP ou Kea DHCP (plus moderne)
- VPNÂ : WireGuard, OpenVPN (mais franchement, prenez WireGuard)
- Reverse proxy : NGINX ou Traefik
- Bastion SSHÂ : Sshuttle, Teleport, Apache Guacamole
Oui, Guacamole. Le seul logiciel qui s’appelle comme une sauce et vous permet dâaccĂ©der Ă vos serveurs. Que demander de plus ?
â ïž En rĂ©sumĂ©
Migrer lâinfrastructure, ce nâest pas un projet. Câest une rĂ©volution contrĂŽlĂ©e.
Mais avec les bons outils, la bonne Ă©quipe et une doc Ă jour, câest faisable. MĂȘme sans invoquer Saint Microsoft toutes les 15 minutes.
đ 4. RĂ©seau : vous reprendrez bien un peu dâopen source avec vos VLAN ?
Câest souvent le parent pauvre du projet de migration.
Parce que bon⊠âle rĂ©seau, ça marche, non ?â. Jusquâau moment oĂč :
- Plus personne nâaccĂšde au NAS
- Les VLANs se mélangent comme une salade
- Et le Wi-Fi public fait tomber la prod
Et quand vous virez Microsoft, vous virez aussi les GPO rĂ©seau, NPS, Azure AD Join, les certificats distribuĂ©s automatiquement⊠Bref : vous virez la magie noire qui donnait lâillusion que tout allait bien.
Heureusement, en face, il existe un monde : libre, stable, documenté, mais un peu moins click-and-drag. On y va.
đ„ 4.1. Firewall : adieu lâinterface en Silverlight
Deux stars :
- OPNsense (fork moderne, interface claire, communauté active)
- pfSense CE (historiquement plus connu, mais moins libre depuis lâarrivĂ©e de Netgate Pro)
Les deux font :
- Firewall niveau entreprise
- VPN (OpenVPN, IPSec, WireGuard)
- Load balancing, multi-WAN, DHCP, DNS
- Portail captif pour les réseaux Wi-Fi
đĄ Bonus : plus besoin dâune licence annuelle Ă 1 200 ⏠pour voir les logs. Dingue.
đ 4.2. Switchs, VLANs, et routage : on sort du tout-Cisco sans se ruiner
Pas besoin de vendre un rein pour segmenter un réseau.
De nombreux switchs gérables via SNMP, SSH ou interface web sont compatibles avec les outils open source.
Alternatives crédibles :
- Matériel TP-Link, Mikrotik, Netgear Pro (selon budget)
- Firmware OpenWRT pour les routeurs compatibles
- Distribution VyOS pour un routage complet (BGP, OSPF, tunnels…)
đšâđŒ Lâadministrateur rĂ©seau va rĂąler. Surtout sâil a toujours jurĂ© que « seul Cisco, câest fiable ». Câest faux. Câest juste cher.
đ 4.3. DHCP, DNS, NTP â les bases du rĂ©seau propre
DHCP :
- ISC DHCPÂ : lâancĂȘtre (solide mais en fin de vie)
- Kea DHCPÂ : plus moderne, API REST, plus sexy pour les DevOps
DNS :
- Bind9Â : incontournable, un peu brut de fonderie
- Unbound : plus simple, parfait pour les résolveurs locaux
- CoreDNS : version modulaire orientée microservices/K8s
NTP :
- Chrony : bien plus prĂ©cis que ntpd (oui, lâheure câest important)
- NTPsec : version durcie pour les paranoïaques (aka les RSSI)
â° Quand le rĂ©seau est lent, câest souvent Ă cause du DNS ou de lâheure. Ne les nĂ©gligez pas.
đĄ 4.4. Wi-Fi dâentreprise : sĂ©curisĂ© et sans abonnement Microsoft
Objectif :
- WPA2-Enterprise avec 802.1X
- Authentification centralisée (LDAP / RADIUS)
- Portail invité avec accÚs limité
Stack typique :
- FreeRADIUSÂ +Â LDAP/FreeIPA
- Unifi, OpenWRT, Aruba (libre ou pas cher)
- CoovaChilli pour le portail captif (si vous aimez les défis)
đ§Ș Et pour Ă©viter que Bernard de la Compta ne connecte sa machine perso au Wi-Fi interne : filtrage MAC, 802.1X obligatoire, et VLAN isolĂ©. Pas de pitiĂ©.
đ 4.5. VPN dâaccĂšs distant : adieu le client Windows tout cassĂ©
Alternatives robustes Ă AnyConnect, FortiClient & co :
- WireGuard : rapide, moderne, natif sur Linux, dispo partout
- OpenVPNÂ : plus verbeux, mais ultra-compatible
- Tailscale : basé sur WireGuard, simplifie la gestion de réseau mesh (attention : solution hybride SaaS)
Et pour lâauth ? Couplage avec LDAP, Keycloak, voire authentification Ă 2 facteurs (autant faire ça proprement dĂšs le dĂ©but).
đïž 4.6. Supervision rĂ©seau : voir tout, logguer tout, sans se ruiner
Combo gagnant :
- Zabbix pour la supervision complÚte (ping, snmp, cpu, ram, disques, trafic)
- LibreNMS si vous préférez une solution orientée réseau
- Grafana + Prometheus + Node Exporter : joli, modulaire, nécessite un peu plus de travail
- NetBox : documentation de réseau, IPAM, gestion de cùblage. Oui, tout ça.
đŻ Et nâoubliez pas Syslog-ng ou Rsyslog pour envoyer vos logs oĂč bon vous semble. Spoiler : pas chez Microsoft Sentinel.
â ïž En rĂ©sumĂ©
Le rĂ©seau libre nâest pas plus compliquĂ©. Il est juste moins assistĂ©.
Mais une fois déployé :
- Il est plus lisible
- Plus stable
- Et surtout, il ne vous envoie pas une facture Ă chaque clic dans lâinterface
đĄïž 5. La sĂ©curitĂ© : la vraie, pas celle qui coĂ»te un bras pour cocher une case ISO
On tâa peut-ĂȘtre dĂ©jĂ dit que Linux, câest moins sĂ©curisĂ© que Windows. Ou que les outils open source, « câest pas certifiĂ© par un grand Ă©diteur donc câest risqué ».
Bon. On va arrĂȘter les lĂ©gendes urbaines, parce que dans les faits, les plus grosses infrastructures sensibles du monde tournent sur du Linux. Pas sur du Windows Server 2019 patchĂ© au mois de fĂ©vrier par Jean-KĂ©vin.
Et surtout, avec le bon outillage, tu peux sécuriser un SI Linux de façon fine, granulaire, traçable, et sans vendre un oeil pour un antivirus en mode SaaS.
đ§ 5.1. Principe de base : sĂ©curitĂ© par conception, pas par panique
Windows essaie de vous sauver malgré vous.
Linux, lui, part du principe que si vous faites nâimporte quoi, vous en assumerez les consĂ©quences.
Câest rude, mais ça a un avantage colossal : tout est documentĂ©, modulaire et maĂźtrisable. Ă condition de ne pas tout ouvrir « parce que sinon ça marche pas ».
đ§š Spoiler : si vous faitesÂ
chmod 777 -R /
, ce nâest pas un problĂšme de Linux. Câest un problĂšme qui vient de vous.
đ 5.2. Supervision et EDR : Wazuh, la pĂ©pite open source qui sait tout
Wazuh (fork dâOSSEC) :
- DĂ©tection dâintrusion (HIDS/NIDS)
- Inventaire systĂšme
- Analyse des logs centralisée
- Alertes en temps réel
- Tableaux de bord Kibana prĂȘts Ă lâemploi
Bonus :
- Agent pour Linux, Windows, macOS
- SâintĂšgre dans des stacks Elastic ou Graylog
- Peut faire remonter les tentatives de bruteforce, les escalades de privilĂšges, et les accĂšs suspects Ă /etc/passwd Ă 3h du mat
Et tout ça⊠sans devoir prendre un abonnement « Platinum Cloud AI Threat ML++ » Ă 48âŹ/agent/mois. Incroyable, non ?
đ 5.3. Authentification forte, MFA, SSO : libre, sĂ©curisĂ©, industrialisable
Stack recommandée :
- FreeIPA : gestion centralisée des identités, des certificats, des rÚgles
- SSSDÂ : interface entre OS et lâannuaire
- Keycloak ou LemonLDAP::NG : SSO web, OAuth2, SAML, OpenID Connect, MFA
Et pour les utilisateurs rĂ©calcitrants Ă lâauthentification forte :
- TOTP, U2F, YubiKey, Authelia, Duo open source
đ Cerise sur le kernel : tout ça est auditable, reproductible, exportable, et pas dĂ©pendant dâun cloud externe soumis au Patriot Act.
đŹ 5.4. SĂ©curitĂ© des emails : stop aux relais open et aux SPF non configurĂ©s
Stack libre pour un mail sécurisé :
- Postfix : MTA libre, éprouvé
- Dovecot : IMAP/POP3 sécurisé
- Rspamd : filtrage antispam intelligent (pas besoin de payer pour bloquer les « Facture_2589.doc.exe »)
- DKIM, SPF, DMARC : configurés proprement
- Let’s Encrypt + DANEÂ : chiffrement et validation
đ BĂ©nĂ©fice collatĂ©ral : vos mails ne finiront plus en spam chez Gmail. Et vous ne paierez pas 8⏠par boĂźte juste pour « avoir un antivirus ».
đ§Ș 5.5. Durcissement systĂšme : fini les OS livrĂ©s avec 8 failles ouvertes
Ă activer :
- AppArmor ou SELinux (oui, on peut les configurer sans perdre la raison)
- Auditd : journalisation des accÚs sensibles
- Lynis : scan de sécurité automatisé
- Fail2Ban : blocage des IP douteuses en 3 tentatives
- ClamAV + rkhunter : dĂ©tection de virus + rootkits (utile en cas dâinfection rĂ©siduelle)
Et bien sûr, aucun accÚs root en SSH, jamais.
Vous ne laissez pas les clés du coffre à la photocopieuse. Pourquoi le faire avec un serveur ?
đŠ 5.6. Sauvegarde : parce que crypter câest bien, restaurer câest mieux
Le ransomware nâest pas une menace. Câest une certitude statistique. Et dans 99 % des cas, ceux qui sâen sortent sont ceux qui ont su restaurer.
Solutions béton :
- BorgBackup : rapide, dédupliqué, chiffré
- Restic : cloud-friendly, simple et sécurisé
- Proxmox Backup Server : hyper puissant pour les environnements virtualisés
- Rclone : pour externaliser sur un stockage chiffré, chez qui vous voulez (et pas forcément chez Amazon ou Microsoft)
đŻ RĂšgle de base : 3 copies, 2 formats, 1 hors site. Ce nâest pas une suggestion. Câest une obligation.
đ 5.7. SIEM, forensic, rĂ©ponse Ă incident : lâarsenal libre existe
Stack complĂšte :
- TheHive : gestion des incidents
- Cortex : automatisation des analyses
- MISPÂ : partage dâindicateurs de compromission
- Elastic Stack : collecte et visualisation des logs
- Velociraptor, DFIRtriage : analyse forensique post-mortem
Et non, vous nâavez pas besoin de dĂ©penser 40kâŹ/an pour « un SOC avec IA prĂ©dictive de dĂ©tection comportementale basĂ©e sur le cloud ».
đŁ Vous avez besoin de logs. De cerveaux. Et dâune bonne gestion des alertes.
â ïž En rĂ©sumĂ©
La sécurité dans un SI Linux :
- Ce nâest pas âplus risquĂ©â
- Ce nâest pas âmoins contrĂŽlĂ©â
- Ce nâest plus exigeant intellectuellement (et donc plus satisfaisant)
Et surtout : elle ne dĂ©pend pas dâun abonnement premium chez un Ă©diteur qui vous promet quâil vous protĂšge⊠tant que vous restez enfermĂ© chez lui.
đ 6. Migration & RĂ©versibilitĂ© : la sortie de Microsoft nâa pas de bouton âAnnulerâ
La migration dâun SI vers du 100 % libre, ce nâest pas une mise Ă jour. Câest une opĂ©ration Ă cĆur ouvert sur un patient qui continue de bouger, rĂąler, et rĂ©clamer son Excel.
Et surtout : contrairement aux apparences, Microsoft nâa jamais Ă©tĂ© conçu pour quâon puisse en sortir facilement. Câest mĂȘme lâun de leurs talents : tout semble ouvert, mais Ă lâusage, câest un labyrinthe fermĂ© Ă triple tour.
đ 6.1. Office 365 : exporter, oui⊠mais pas tout, pas bien, et pas gratuitement
Vous pensiez que :
- âOn peut tout exporter dâOffice 365 ?â
- âIl suffit de rĂ©cupĂ©rer les mails, fichiers, agendas et on est bon ?â
Ce qui vous attend :
- Mails en .pst illisibles hors Outlook
- Agendas et contacts en format propriétaire, partages perdus
- OneDrive/SharePoint avec des métadonnées impossibles à migrer proprement
- Aucun équivalent de Teams qui reprenne les canaux, les conversations et les piÚces jointes
đ€ Vous pouvez exporter, oui. Mais ce sera long, fastidieux, et ça ressemblera plus Ă une archĂ©ologie numĂ©rique quâĂ une migration de donnĂ©es.
𧟠6.2. Licences flottantes, fichiers piégés, macros diaboliques
Quand vous ouvrez un .docx dans LibreOffice et que :
- Le sommaire saute
- Le tableau déborde
- Les images bougent
- La macro renvoie âErreur 42â
Câest normal. Ce nâest pas LibreOffice qui bug. Câest Microsoft qui a volontairement créé un standard fermĂ© quâil ne suit pas lui-mĂȘme.
đ§ Il faut voir ces documents comme des fichiers piĂ©gĂ©s. Ils fonctionnent tant que vous restez dans lâenvironnement Microsoft. DĂšs que vous sortez… boom.
đ 6.3. Logiciels mĂ©tiers : la vraie bombe nuclĂ©aire
Câest lĂ que les projets tombent.
Beaucoup de logiciels mĂ©tiers (compta, RH, paie, marchĂ©s publics, ERP maison…) sont :
- Développés uniquement pour Windows
- DĂ©pendants de lâActive Directory
- Reposent sur des composants .NET, COM+, ou des connecteurs Outlook/Excel
Changer lâOS = réécrire tout.
Changer de solution = redéfinir les besoins.
Conserver le logiciel = maintenir un ßlot Windows (et donc⊠la dépendance).
đ„ Et câest comme ça que 95 % des tentatives Ă©chouent : non pas Ă cause de Linux, mais Ă cause dâun vieux soft de paie dĂ©veloppĂ© en Visual Basic 6.
đ 6.4. La documentation manquante, les scripts oubliĂ©s, et les bricolages dâantan
Tu veux migrer ton SI ?
- Il te faut une cartographie applicative complÚte (pas un schéma sur Visio de 2014)
- Un inventaire précis des scripts PowerShell, GPO, batch, cron, VBA
- Un audit des flux entre tous les composants (spoiler : yâen a toujours un qui parle en clair sur le port 666)
Et surtout⊠il te faut comprendre comment fonctionne ton SI.
Pas comment il devrait fonctionner selon le dossier de lâintĂ©grateur. Comment il fonctionne rĂ©ellement.
đŻ Câest lĂ quâon dĂ©couvre les joyeusetĂ©s comme :
script_sauvegarde_V2_final_bis.ps1
ou le serveur « ARCHIVE » caché sous un bureau, alimenté par une multiprise.
đ§ 6.5. RĂ©versibilitĂ© : le grand mythe du âon pourra revenir en arriĂšreâ
Une fois que vous quittez Microsoft, vous aurez :
- Converti des tonnes de documents
- Changé les méthodes de travail
- Perdu la compatibilité native avec les outils propriétaires
- Débranché (en principe) les serveurs Windows, Azure AD, etc.
Alors non, vous ne ârepasserez pas sur Office en 3 clics si ça ne marche pasâ.
La seule vraie rĂ©versibilitĂ©, câest de documenter chaque dĂ©cision, chaque transformation, chaque dĂ©pendance supprimĂ©e ou remplacĂ©e, et de garder :
- Des sauvegardes brutes
- Des exports dans des formats ouverts
- Des snapshots dâavant migration
- Une roadmap claire
đ§ Sinon, la seule marche arriĂšre possible, câest de tout recommencer. Avec les mĂȘmes erreurs. En plus cher.
𧩠6.6. Migration réussie = projet piloté comme un vrai programme stratégique
Ce nâest pas un projet IT.
Câest un programme stratĂ©gique avec impacts RH, techniques, mĂ©tiers, budgĂ©taires, rĂ©glementaires.
Checklist minimale :
- Cartographie complÚte (SI, données, flux, utilisateurs)
- Comité de pilotage pluridisciplinaire
- Stratégie progressive (poste / infra / métier)
- Tests utilisateurs
- Documentation continue
- Plan de secours (ce mot existe encore)
â ïž En rĂ©sumĂ©
Migrer vers le libre, ce nâest pas :
â « Installer Ubuntu et rouler jeunesse »
Câest :
â
« Comprendre chaque maillon, dĂ©senfouir les dĂ©pendances, assumer le changement, et documenter comme si votre avenir en dĂ©pendait (spoiler : câest le cas) »

đ„ 7. Ressources humaines : Linux ne plante pas, mais lâutilisateur si
On peut migrer tous les serveurs du monde, remplacer Office par LibreOffice, dĂ©ployer Proxmox, Nextcloud et Wazuh dans toute lâinfrastructureâŠ
Mais si Denise des finances ne trouve pas le bouton âjustifier le texteâ, ton projet est mort.
Parce quâen informatique, les pannes ne viennent pas du systĂšme. Elles viennent de la chaise entre lâĂ©cran et le clavier.
Et que personne ne tâa prĂ©venu que sortir de Microsoft, câest surtout un gigantesque projet de conduite du changement RH.
đ§ 7.1. Il va falloir embaucher. Beaucoup. Et vite.
Profils critiques à prévoir (et rares comme les pandas roux) :
- Administrateurs systÚmes Linux (Debian, RHEL, Proxmox)
- Experts réseau open source (VyOS, OpenWRT, VLANs sans Cisco)
- DevOps multi-outils (Ansible, Terraform, GitLab, Prometheus)
- Spécialistes sécurité open source (SIEM, durcissement, logs, forensic)
- Support technique capable d’expliquer pourquoi Thunderbird est un logiciel mail et non un super-hĂ©ros Marvel
đ€· ProblĂšme : ces profils sont dĂ©jĂ chassĂ©s par le privĂ©, peu attirĂ©s par les grilles indiciaires de la fonction publique, et encore moins motivĂ©s par des PC Dell de 2012 sous XFCE.

đ 7.2. Le coĂ»t de la formation : invisible dans le budget, trĂšs rĂ©el sur le terrain
La formation, ce nâest pas une ligne dans le tableau Excel âprojet migration Linuxâ.
Câest un mur. Surtout si :
- Vos agents nâont jamais vu autre chose que Word 2007
- Vos techniciens pensent queÂ
grep
 est un groupe de rock alternatif - Votre chef de service croit que âLibreOfficeâ est une version illĂ©gale dâOffice
à prévoir (sans rire) :
- 3 à 10 jours de formation pour les équipes IT (Linux avancé, scripts, infra)
- 2 à 5 jours pour les utilisateurs métier (bureautique, Nextcloud, etc.)
- Du support de proximité renforcé pendant 3 à 6 mois
- Des MOOC ou tutos internes digestes (pas des PDF de 80 pages avec captures de 2014)
đž Et non, âon va apprendre sur le tasâ nâest ni une stratĂ©gie, ni une excuse. Câest juste une promesse dâĂ©chec.
đȘ 7.3. Courbe dâapprentissage : escalade libre sans harnais
Pour les IT :
â
Ils rĂąleront au dĂ©but (âcâĂ©tait plus simple avec Windows Serverâ),
â
Ils se perdront dans les logs (journalctl
nâest pas une incantation magique),
â
Et puis⊠ils ne voudront plus jamais revenir.
Linux, une fois maßtrisé, devient un environnement :
- Prévisible
- Cohérent
- Scriptable
- Satisfaisant Ă administrer
Pour les utilisateurs :
đ„Ž Câest une autre histoire.
Les blocages typiques :
- âYâa plus de Word ? Câest quoi ce Writer ?â
- âJe ne retrouve pas mon rubanâ (non, pas celui de la mairie mais presque celui de la Japy)
- âPourquoi mes raccourcis clavier ne marchent plus ?â
- âCâest trop lentâ (traduction : je ne comprends pas comment ça marche)
đ§š Et lĂ , tu dĂ©couvres une vĂ©ritĂ© gĂȘnante : la rĂ©sistance au changement, ce nâest pas une rĂ©action. Câest un mĂ©canisme de dĂ©fense actif. Et il sâattaque en priorité⊠à la DSI.
đ ïž 7.4. Moyens humains et stratĂ©gie dâaccompagnement
Ce quâil faut mettre en place pour ne pas finir en grĂšve dans le hall :
- Référents métiers formés, un par service
- Support renforcé sur les 6 premiers mois (oui, il faudra rĂ©pondre 48 fois Ă âcomment imprimer en PDFâ)
- Tutoriels vidéo courts, adaptés à votre environnement (non, pas les tutos YouTube faits sous Arch Linux)
- Ambassadeurs open source en interne : pour montrer que oui, on peut vivre sans Excel 365
Et surtout : ne jamais faire tout dâun coup.
Si tu switches 200 postes dâun coup un vendredi Ă 18h, prĂ©pare les extincteurs.
đŹ 7.5. Communication interne : soyez proactifs, pas dĂ©fensifs
âPourquoi on change, câest encore pour faire des Ă©conomies ?â
âCâest une lubie du nouveau DSI, non ?â
âEncore un truc imposĂ© sans concertationâŠâ
Anticipez. Informez. Expliquez. Pédagogie + transparence = adhésion.
đą Actions possibles :
- Newsletter âLe coin du Libreâ
- FAQ utilisateurs (vraiment adaptĂ©e, pas gĂ©nĂ©rĂ©e par GPT sans contexte đ)
- Réunions de présentation
- DĂ©monstrations comparatives (LibreOffice vs Word, Nextcloud vs OneDrive…)
â ïž En rĂ©sumĂ©
Sortir de Microsoft, ce nâest pas (que) du technique.
Câest :
- Une révolution culturelle
- Une refonte de lâĂ©cosystĂšme humain
- Un pari pédagogique
Et surtout : câest le seul projet oĂč tu peux avoir 0 bug en prod et 100 plaintes au service support, simplement parce que le bouton âgrasâ a changĂ© de place.

đ§© 8. Logiciels mĂ©tiers & ERP : câest pas Linux le problĂšme, câest ton soft de paie de 2003
Tu peux migrer tous les postes vers Ubuntu, mettre Nextcloud à la place de SharePoint, déployer Proxmox et tout superviser avec Zabbix.
Mais si ton logiciel mĂ©tier tourne encore sur un exĂ©cutable Visual Basic 6 avec une base Access et une dĂ©pendance ActiveXâŠ
Game over.
La vraie barriĂšre Ă la sortie de Microsoft, câest le logiciel mĂ©tier. Pas le poste. Pas le serveur. Le bon vieux âlogiciel quâon ne peut pas changer parce que sinon le service RH met le feuâ.
đž 8.1. Le cauchemar des ERP Windows-only
Tu penses migrer vers du libre et lĂ âŠ
- Ton ERP fonctionne uniquement sur Windows Server avec MS SQL
- Il a un connecteur Outlook pour envoyer les factures
- Il dépend de Word pour éditer les courriers
- Il a besoin dâun Active Directory pour les comptes
Et la rĂ©ponse de lâĂ©diteur Ă âpeut-on migrer vers une version web ou Linux-friendly ?â :
âNon. Mais on peut vous vendre une version SaaS plus chĂšre. Et vous perdre toutes vos personnalisations au passage.â
Exemples réels de désastres :
- GIFI : changement dâERP mal gĂ©rĂ© = pertes financiĂšres majeures
- LIDL : projet SAP avortĂ© Ă 500 millions dâeuros
- Des collectivités françaises : bloquées avec des logiciels métiers non maintenus mais irremplaçables
đ„ïž 8.2. IBM i : le vieux dinosaure⊠devenu le meilleur pote de Linux
Et lĂ , miracle : tu as un IBM i dans un coin du SI.
Tu sais, le machin :
- Qui tourne depuis 15 ans sans redémarrer
- Qui héberge la gestion RH, la paie, les stocks, la facturation
- Qui est plus stable quâune horloge suisse de 100 ans
Et surtout : il sâintĂšgre super bien avec un SI Linux moderne.
Pourquoi lâIBM i est un alliĂ© prĂ©cieux :
- Authentification centralisĂ©e possible via EIM (Enterprise Identity Mapping) â couplĂ© avec LDAP ou FreeIPA
- AccÚs aux fichiers via NetServer (SMB), FTP, SFTP, ou partage NFS
- Interaction possible via ODBC/JDBC avec les applis web PHP, Python, Java
- Les accĂšs peuvent ĂȘtre sĂ©curisĂ©s, scriptĂ©s, loggĂ©s, tracĂ©s
- Tu peux exposer les données à des outils modernes (BI, API, connecteurs Python)
âïž Et surtout : pas besoin de serveur Windows pour parler Ă ton ERP IBM. Tout peut passer via Linux + Samba + LDAP + VPN. Ce vieux monstre est le seul de la bande Ă pouvoir jouer avec tout le monde sans gueuler.
đ§ Tu peux avoir un IBM i, un annuaire LDAP sous Linux, un frontal web libre, et tout faire communiquer proprement.
đșïž 8.3. StratĂ©gie progressive : les 3 cercles
- Le cĆur : ERP mĂ©tier, souvent IBM i ou solution robuste â à prĂ©server, Ă connecter intelligemment
- Le middleware : scripts, interconnexions, Ă©changes â Ă Â Linuxiser et sĂ©curiser progressivement
- Le front office : poste utilisateur, portail RH, GED, bureautique â Ă Â moderniser en open source
đ Le but nâest pas de tout réécrire. Le but est de dĂ©senclaver lâexistant, pas de le raser.
â ïž En rĂ©sumĂ©
đ§© Le problĂšme nâest pas de sortir de Microsoft.
đŁ Le problĂšme, câest de sortir de tes vieux logiciels mĂ©tiers qui ne vivent que par Microsoft.
Mais si tu as un IBM i :
Et tu prouves quâun vieux systĂšme fiable vaut mieux quâun cloud hype et instablet le seul projet oĂč tu peux avoir 0 bug en prod et 100 plaintes au service support, simplement parce que le bouton âgrasâ a changĂ© de place.
Tu es dans une situation bien plus favorable que tu ne crois
Tu peux bĂątir un SI moderne autour
đïž 9. Supply Chain IT, SaaS & PaaS : sortir de Microsoft ne veut pas dire se jeter dans les bras dâun autre
Tu viens à peine de te débarrasser de Microsoft, et déjà , des prestataires te murmurent :
âVous voulez plus de flexibilitĂ© ? Passez sur du full SaaS.â
âLe PaaS, câest lâavenir, vous nâavez plus rien Ă gĂ©rer.â
âOn vous gĂšre tout, vous vous concentrez sur votre cĆur de mĂ©tierâŠâ
Et tu sens que tu vas replonger. Parce que oui, on peut remplacer Microsoft⊠par un autre Microsoft déguisé.
đŠ 9.1. La Supply Chain IT : le maillon faible de votre souverainetĂ©
Ton SI, ce nâest pas juste les outils que tu utilises.
Câest :
- Les fournisseurs de logiciels métiers
- Les prestataires de maintenance
- Les hébergeurs
- Les éditeurs de plateformes
- Les sous-traitants de ces sous-traitants
Et là , tu découvres que :
- Ton logiciel de facturation libre sâappuie sur un PaaS Google Cloud
- Ton ERP est opĂ©rĂ© par un intĂ©grateur français… hĂ©bergĂ© chez AWS
- Ton outil de visio libre intĂšgre une brique analytics made in USA
đ§ La souverainetĂ© IT, ce nâest pas juste une question de choix techniques. Câest une question de traçabilitĂ© logistique. Comme pour lâagroalimentaire, mais sans Ă©tiquette.
âïž 9.2. Faut-il fuir le SaaS et le PaaS ? Non. Faut-il les choisir intelligemment ? Oui.
Le SaaS, câest pratique.
Mais :
- Tu nâas aucun contrĂŽle sur lâĂ©volution du produit
- Tu ne peux pas auditer le code
- Tu es dĂ©pendant dâun tiers (qui peut augmenter ses prix, changer ses CGU, ou se faire racheter demain)
Le PaaS, câest souple.
Mais :
- Tu nâas pas la main sur les couches basses (OS, stockage, sĂ©curitĂ©)
- Tu risques dâavoir du vendor lock-in aussi fort que chez Microsoft
â ïž En clair : tu ne peux pas chasser Microsoft pour te retrouver enfermĂ© chez Salesforce, Oracle, AWS ou Google.
𧩠9.3. La bonne stratégie ? Open source + cloud maßtrisé
Le bon Ă©quilibre, ce nâest pas âon auto-hĂ©berge tout Ă la bougie dans le sous-solâ.
Câest :
- Choisir des solutions open source
- Héberger dans un cloud souverain ou auto-géré
- Garder la possibilité de reprendre la main à tout moment
ConcrĂštement :
Besoin | Solution open source | PaaS/SaaS recommandé |
---|---|---|
Bureautique | OnlyOffice, LibreOffice | OnlyOffice Docs auto-hébergé |
Visio | Jitsi, BBB | Infomaniak Meet (suisse) |
ERP | Odoo, Dolibarr | Odoo.sh, Axelor |
Hébergement web | WordPress, Drupal | Clever Cloud, Scalingo |
DevOps | GitLab CE, Gitea | GitLab SaaS đ«đ· ou auto-hĂ©bergĂ© |
Infrastructure | Proxmox, Ansible | Aucun besoin de PaaS ici |
SSO/Identité | Keycloak, LemonLDAP::NG | auto-hébergement recommandé |
đĄ PrivilĂ©gier des prestataires français ou europĂ©ens, voire internes (DSI mutualisĂ©e, SEM numĂ©rique) quand câest possible.
đ 9.4. LâinteropĂ©rabilitĂ©, pas lâexclusivitĂ©
Le piĂšge, câest de croire quâun outil libre = on est tranquille.
Mais si cet outil nâexporte pas en format ouvert, impose son propre protocole, ou crĂ©e une dĂ©pendance Ă son interface, tu es juste passĂ© dâune prison dorĂ©e Ă une autre.
Ce quâil faut :
- Toujours vérifier la portabilité des données
- Favoriser les formats ouverts : .ods, .eml, .ics, .json, .csv
- Exiger des API documentées
- Garder un plan de sortie : âEt si ce prestataire ferme demain, on fait quoi ?â
đ Si la rĂ©ponse est : âBen on est foutusâ, alors non, ce nâest pas un bon choix. MĂȘme si câest open source.
đžïž 9.5. Le vrai enjeu : reconstruire une chaĂźne numĂ©rique rĂ©siliente
- Un ERP open source, câest bien⊠sâil peut dialoguer avec ton IBM i
- Une messagerie libre, câest bien⊠si elle est intĂ©grĂ©e Ă ton agenda et ton SSO
- Une GED Nextcloud, câest gĂ©nial⊠si tu nâas pas 5 SaaS en parallĂšle qui font la mĂȘme chose sans se parler
Le dĂ©fi, ce nâest pas de remplacer chaque outil Microsoft par un outil libre isolĂ©.
Câest de reconstruire un Ă©cosystĂšme cohĂ©rent, pilotĂ©, documentĂ©, interopĂ©rable, et rĂ©versible.
â ïž En rĂ©sumĂ©
- Ne remplace pas une dĂ©pendance par une autre, mĂȘme si elle est joliment emballĂ©e
- Ne te laisse pas aveugler par le mot âcloudâ : ce nâest quâun ordinateur chez quelquâun dâautre
- Exige lâouverture, la traçabilitĂ©, la rĂ©versibilitĂ©
- Et souviens-toi : la souverainetĂ© numĂ©rique, ce nâest pas juste une affaire de code. Câest une affaire de chaĂźne.

đ 10. Ătudes de cas : ceux qui ont sautĂ© le pas⊠et ceux qui ont rebroussĂ© chemin
Il y a ceux qui en parlent, ceux qui lâannoncent, ceux qui le font⊠et ceux qui le font, puis font machine arriĂšre Ă moitiĂ© (coucou Munich đ). Voici les principaux retours dâexpĂ©rience Ă connaĂźtre avant de vous lancer. Spoiler : tous sont instructifs, mĂȘme ceux qui Ă©chouent.
đ©đȘ Allemagne â âL’open source, c’est maintenant ou jamaisâ
En 2024, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur allemand a donnĂ© le ton : accĂ©lĂ©rer la sortie de Microsoft dans toute lâadministration fĂ©dĂ©rale. Pourquoi ?
- Crainte du Cloud Act américain
- Hausse continue des coûts de licences
- Besoin de souveraineté numérique
- VolontĂ© de soutenir lâĂ©cosystĂšme open source allemand (Univention, Nextcloud, etc.)
Ce qui a été mis en place :
- Migration massive vers Nextcloud + OnlyOffice
- Déploiement de LibreOffice dans certaines régions
- Adoption de Linux sur les postes de travail dans plusieurs entités fédérales
- Soutien de l’Ătat Ă des prestataires open source locaux
đ©đȘ RĂ©sultat ? Ce nâest pas parfait, mais l’Ătat allemand avance vite, assume ses choix, et ne regarde pas dans le rĂ©tro.
đ©đ° Danemark â âMicrosoft Ă lâĂ©cole ? Non merciâ
Le Danemark a lancé un programme pilote pour sortir de Microsoft dans les écoles publiques.
Pourquoi ?
- Trop cher
- Trop intrusif
- Trop fermé
Expérimentations :
- Linux sur les postes élÚves
- LibreOffice + solutions cloud locales
- Plateformes dâenseignement basĂ©es sur Moodle et des outils de visio open source
đ§âđ« Les retours sont trĂšs positifs sur la maĂźtrise des donnĂ©es et la rĂ©duction des coĂ»ts⊠mais il faut former les enseignants et revoir les habitudes numĂ©riques.
đ«đ· Lyon â âOn arrĂȘte les fraisâ
La ville de Lyon a officiellement annoncĂ© en 2023 sa volontĂ© de sortir de Microsoft sur lâensemble du SI.
Objectifs :
- Reprendre le contrÎle des données
- Réduire la facture numérique
- Créer un écosystÚme local basé sur le libre
En projet :
- Linux sur les postes
- LibreOffice en standard
- Nextcloud pour la GED
- Solutions métiers réexaminées au cas par cas
- DSI structurée autour de compétences libres
đ Câest encore en cours, mais la volontĂ© politique est claire, et lâapproche est progressive, pilotĂ©e, lucide.
â ïž Munich â Le âfaux Ă©checâ devenu Ă©pouvantail (et leçons Ă tirer)
Tout le monde cite Munich.
Ville pionniÚre du libre⊠qui a tout migré vers Linux et LibreOffice pendant 10 ans, avant de revenir en partie sur Windows.
Mais pourquoi ?
- Projet mal accompagné humainement
- Formation utilisateur bùclée
- ProblÚmes de communication entre équipes
- Lobbying intense de Microsoft
- Et surtoutâŠÂ changement politique : le maire Ă©lu voulait âdu changementâ. Ironie.
â ïž MoralitĂ© : ce nâest pas la technique qui a Ă©chouĂ©. Câest la gouvernance.
đ§ 11. SynthĂšse finale : sortir de Microsoft, est-ce que ça vaut le coup ?
â Oui, si :
- Tu veux reprendre le contrÎle de ton SI
- Tu es prĂȘt Ă Â repenser ton organisation
- Tu acceptes de former et accompagner plutÎt que de subir
- Tu choisis le libre avec rigueur et méthode
- Tu veux prĂ©parer lâavenir, pas acheter des rustines pour 3 ans
â Non, si :
- Tu penses que câest âjuste un projet ITâ
- Tu refuses de remettre en cause tes logiciels métiers
- Tu nâas ni sponsor politique, ni chef de projet, ni Ă©quipe prĂȘte Ă tenir 2 ans
- Tu crois que lâutilisateur final va âsâadapter tout seulâ
- Tu veux Ă©conomiser de lâargent à court terme uniquement
đ Conclusion : ce nâest pas une mode. Câest une nĂ©cessitĂ©.
Le monde bouge :
- LâEurope commence Ă se rĂ©veiller.
- Les cybermenaces explosent.
- Les budgets explosent.
- Les dépendances deviennent insoutenables.
Le libre, câest peut-ĂȘtre plus exigeant. Mais câest aussi plus libre.
Et dans un monde oĂč le numĂ©rique est le cĆur de la souverainetĂ©, ne pas dĂ©pendre dâun seul fournisseur amĂ©ricain pour faire tourner sa mairie, son hĂŽpital ou son ministĂšre, ce nâest plus un choix militant.
Câest juste du bon sens.