Dans un monde IT dominé par le Cloud, une contre-tendance gagne du terrain : le retour de l’infrastructure locale, le bon vieux “On-Premise”. Un retour aux sources ? Pas tout à fait. Une évolution stratégique face à de nouveaux enjeux.
🌩️ Le Cloud : Un Rêve qui Tourne à l’Orage ?
Le Cloud promettait une gestion simplifiée, une montée en charge quasi magique, et une facturation “à la demande”. Pourtant, à mesure que les entreprises maturent, elles redécouvrent les limites de cette solution :
- Sécurité : Malgré des certifications et des audits, les hébergeurs cloud restent des cibles privilégiées pour les cyberattaques. Et lorsque ça tombe, ça tombe fort (cf. attaques récentes sur OVHcloud, AWS, Azure…).
- Conformité : Le RGPD exige un contrôle strict sur les flux de données personnelles. Mais dans un Cloud hors de l’UE, ou en environnement partagé, comment garantir la souveraineté des données ?
- Dépendance : Certaines entreprises vivent désormais au rythme de leur fournisseur : hausses de prix, changements de conditions, migrations forcées, voire arrêts de service.
💰 Un Modèle Économique Qui Fait Grincer
Abonnement vs Licence : la guerre silencieuse
Le Cloud transforme l’achat en abonnement. On “loue” de la puissance de calcul et des logiciels, mais rien ne nous appartient. En On-Premise, on achète des licences (souvent perpétuelles), on héberge soi-même, et les coûts deviennent amortissables dans le temps.
Mais attention, le On-Premise nécessite :
- des serveurs,
- de l’espace physique,
- de l’énergie,
- de la maintenance (humains + pièces),
- une équipe IT compétente.
Bref, ce n’est pas gratuit. Mais contrairement au Cloud, on ne dépend pas de hausses tarifaires arbitraires ni de surcoûts cachés.
🔄 Le Piège de la Réversibilité
On parle beaucoup de “portabilité des données”. Mais en pratique, récupérer toutes ses données, dans un format exploitable, sans dépendance applicative ni coût faramineux, reste un casse-tête dans les architectures cloud.
La rupture de contrat avec un prestataire peut s’avérer douloureuse :
- facturation de l’export,
- formats non standards,
- temps d’indisponibilité,
- dépendances à des API ou fonctionnalités spécifiques au cloud.
En On-Premise, cette question se pose beaucoup moins : les données sont chez vous, à vous, dans vos formats.
🔐 À Qui Faire Confiance ?
Faire confiance à un tiers, c’est une délégation. En théorie, ils sont experts. En pratique, vous êtes responsables légalement.
En On-Premise, la sécurité repose sur vos équipes. Elle peut être mieux adaptée à votre contexte métier, mais nécessite :
- des mises à jour rigoureuses,
- une supervision continue,
- une défense périmétrique et interne.
Dans les deux cas, l’erreur humaine reste la principale faille. Mais au moins, en interne, vous savez qui a accès à quoi, quand et pourquoi.
🛠️ Sur-Mesure et Adaptabilité
Un cloud est comme un hôtel : vous choisissez une chambre, pas la peinture.
En On-Premise, vous êtes chez vous : OS, middleware, cycles de vie logiciels, intégrations sur-mesure, choix de la base de données, des protocoles, des outils de supervision… tout peut être adapté au métier.
C’est souvent cet argument qui pousse les industriels, les collectivités ou les hôpitaux à refaire du On-Premise ou du cloud privé.
🏗️ Le Coût de l’Infrastructure : À Double Tranchant
Certes, installer un datacenter local a un coût initial significatif : serveurs, stockage, virtualisation, alimentation, climatisation, redondance, sécurité physique…
Mais attention au piège : les coûts du Cloud “à la demande” peuvent rapidement exploser, surtout avec des usages stables ou massifs (stockage de logs, traitement de données volumineuses, bases transactionnelles, etc.). Et surtout, dans le Cloud, vous payez même pour les données que vous ne regardez plus.
Le On-Premise, une fois amorti, peut s’avérer plus rentable à long terme, surtout pour les structures de taille moyenne à grande.
⚖️ En Résumé : Il N’y a Pas de Solution Magique
Chaque organisation doit faire son propre arbitrage :
Critère | Cloud | On-Premise |
---|---|---|
Flexibilité | Très forte | Moyenne |
Coûts initiaux | Faibles | Élevés |
Coûts long terme | Volatils | Prévisibles |
Sécurité | Mutualisée | Contrôlée |
Réversibilité | Faible à moyenne | Totale |
Personnalisation | Limitée | Très forte |
Conformité RGPD | Parfois complexe | Plus simple |
🎯 La Vraie Question : Qui Est Responsable de Vos Données ?
Finalement, la tendance On-Premise ne signe pas la fin du Cloud. Elle signe le réveil d’une conscience stratégique : celle de la responsabilité.
Que vos données soient hébergées sur AWS, dans une VM chez Scaleway ou dans une baie au sous-sol, vous restez responsable de leur confidentialité, de leur intégrité et de leur disponibilité.
Le Cloud peut être un excellent outil, mais il ne doit pas devenir une excuse à la déresponsabilisation. Et c’est là toute la subtilité : dans un monde numérique en tension, reprendre le contrôle, c’est d’abord reprendre la responsabilité.