Les faux antivirus : parce que se faire rançonner, c’est devenu trop banal

Ah, l’ironie du numérique ! En 2025, alors que les RSSI multiplient les audits et que les CERT publient trois bulletins par jour, des milliers d’utilisateurs installent encore des “logiciels de sécurité” qui sont, en réalité, des chevaux de Troie maquillés. Oui, en 2025. Et non, ce n’est pas une blague. C’est même devenu tendance : se faire piéger par l’outil censé nous protéger.

Bienvenue dans le monde merveilleux du rogueware.


Une promesse alléchante : « Protégez-vous en 1 clic »

Le pitch est souvent le même : une interface qui scintille, un bouton “Scan” bien visible, un logo pseudo-tech, et hop, vous voilà avec “ShieldX VPN Ultimate” ou “CyberAntivirus Pro 2025”. Ils vous disent qu’ils vont :

  • scanner vos ports,
  • crypter votre DNS avec une « technologie blockchain »,
  • détecter les tentatives de vol de cookies dans les flux quantiques.

Traduction : ils vont aspirer vos données, injecter un rootkit, et afficher trois fausses alertes pour faire joli.


Les stars du moment

  • ByteShield (Windows) : Faux antivirus qui se connecte discrètement à un serveur de commande et contrôle russe pour exfiltrer tous vos identifiants stockés dans Chrome.
  • Lock&Secure (macOS) : “Outil de sécurité” recommandé par une fausse publicité sur Facebook, spécialisé dans l’installation de rançongiciels dès que l’utilisateur clique sur “Nettoyer mon Mac”.
  • SecureDroid Pro (Android) : App téléchargée 90 000 fois sur Google Play, qui scanne “les menaces”… et vous propose de payer un abonnement Premium pour débloquer le chiffrement de vos fichiers qu’il vient lui-même d’enfermer.

Et le plus beau ? Les utilisateurs laissent des avis positifs.

“Super appli, j’ai eu une alerte dès l’installation !”
Oui Michel, c’était l’alerte te signalant l’appli elle-même.


Pourquoi ça marche toujours ?

Parce que la sécurité, ça fait peur. Et quand on ne comprend pas, on clique sur ce qui ressemble à une solution. Et tant pis si :

  • l’éditeur n’a pas de site officiel,
  • le logiciel n’est référencé dans aucun comparatif sérieux,
  • l’orthographe du bouton « Sécurety » laisse planer un doute.

L’humain est ainsi fait : il préfère une fausse sécurité rassurante à une vraie complexité incompréhensible.


Même les pros tombent dans le panneau

Un grand hôpital européen s’est récemment fait infecter par un rogueware… installé volontairement par un prestataire pour “tester la résistance des machines”. Verdict : 300 postes hors ligne, et une note de rançon en ukrainien. Évaluation réussie.

Et côté TPE, on trouve encore des gérants fiers d’avoir installé “Clean PC Defender 2025”, trouvé sur un forum obscur. Leur principal argument : “ça m’a enlevé plein de fichiers inutiles, mon PC est plus rapide !”. Oui. Surtout depuis qu’il n’a plus de système d’exploitation.


Comment éviter le ridicule numérique ?

  • Ne jamais télécharger d’outils de sécurité hors des sites éditeurs (ou des stores officiels… avec des pincettes pour Android).
  • Vérifier l’éditeur, la signature, et les droits demandés : un logiciel de sécurité n’a pas besoin d’accéder à votre GPS, votre caméra et vos photos d’anniversaire.
  • Sensibiliser (encore et toujours) avec des exemples concrets. Les “ateliers faux antivirus” sont un hit en entreprise : chacun installe un rogueware volontairement sur une VM et découvre la magie des ports TCP qui s’ouvrent tout seuls.

Conclusion : vous ne vous protégez pas, vous vous exposez

Le rogueware, c’est le phishing 2.0 : on ne vous vole plus, vous donnez tout. Avec le sourire. C’est un peu comme si vous installiez une alarme chez vous, qui envoie directement votre code d’entrée au cambrioleur.

Et dans une époque où l’on installe un antivirus en 2 minutes mais où on ne lit pas 2 lignes d’un guide de l’ANSSI, le meilleur conseil reste encore celui-ci : méfiez-vous des outils trop simples pour être honnêtes.

Surtout quand ils s’appellent “Total Secure Ultimate Pro 3000”.

Les faux antivirus : parce que se faire rançonner, c’est devenu trop banal
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🖋️ Publié sur SecuSlice.com

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