🎬 Une comédie dramatique en production informatique.
- 🎭 Personnages :
- 🎬 « On est passés sous LibreOffice… en prod »
- 🎬 “Le navigateur souverain”
- 🎬 “Cellule de crise”
- 🎬 “Le RSSI apparaît”
- 🎬 “Les samedis en datacenter”
- 🎬 “Le support brûle”
- 🎬 “Débrief post-migration”
- Épisode 1 : La Bascule
- Épisode 2 : Le Navigateur du Dragon Bleu
- Épisode 3 : L’Effet Papillon
- Épisode 4 : Les Samedis Techniques en Datacenter
- 05:12 — Le rassemblement des survivants
- 05:30 — Briefing d’avant-bataille
- 06:00 — Les opérations commencent
- 06:27 — Premier symptôme de catastrophe
- 06:35 — Le stagiaire commet un acte de bravoure involontaire
- 06:50 — Le retournement de situation
- 06:55 — Le blackout contrôlé
- 07:12 — Le débriefing du désespoir
- Épisode 5 : Le Retour des Imprimantes Fantômes
- 08:02 — L’appel de Michel
- 08:10 — Le déluge des tickets
- 08:22 — Analyse technique (malheureusement)
- 08:40 — L’apparition
- 08:50 — L’intervention
- 09:14 — Le désastre
- 09:30 — La chasse au fantôme
- 10:02 — Le rituel de désinstallation
- 10:12 — L’exorcisme imprimant
- 10:45 — Retour au bureau
- Épisode 6 : Le Fichier Interdit
- 08:03 — Le frisson
- 08:04 — L’activation
- 08:05 — L’onde de choc
- 08:12 — Salle de crise (évidemment)
- 08:25 — Le diagnostic
- 08:32 — Le sacrifice
- 09:00 — L’après-coup
- Épisode 7 : Tempête sur la Messagerie
- 08:00 — Le calme avant la baffe
- 08:03 — Le premier cri
- 08:05 — Début de la tempête
- 08:12 — Le diagnostic (ou plutôt le désespoir)
- 08:25 — L’apparition du directeur
- 08:40 — Analyse plus profonde… et pire
- 09:05 — Plan d’action (désespéré)
- 09:12 — L’opération “Totally Not SMTP”
- 10:20 — Le retour au calme
- 10:31 — Cliffhanger
- Épisode 8 : Le YAML Maudit
- 08:01 — Le premier frisson
- 08:04 — La confession du stagiaire
- 08:10 — L’étendue du carnage
- 08:16 — Analyse du fichier maudit
- 08:22 — Tentative de correction
- 08:35 — Le moment philosophique de Yann
- 08:42 — La conversion interdite
- 09:00 — Post-mortem
- Épisode 9 : L’Audit
- 08:02 — L’annonce
- 08:06 — L’arrivée du monstre
- 08:10 — Le début de la descente aux enfers
- 08:18 — Deuxième question
- 08:25 — Le questionnaire d’exécution
- 08:40 — Le moment où tout s’écroule
- 08:43 — L’auditeur attaque le RSSI
- 09:00 — La question fatale
- 09:12 — L’appel extérieur
- 09:30 — Le clou final
- 09:40 — La sauvegarde maudite
- 10:00 — Le verdict provisoire
- Épisode 10 : Phoenix Renaît
- 07:55 — Une matinée presque normale
- 08:15 — Le retour à la vie
- 09:00 — Le comité de pilotage
- 09:45 — Le pot de victoire
- 10:05 — Le générique de fin… presque
- 10:12 — L’alerte
- 10:13 — L’écran noir
Dans un avenir pas si lointain — quelque part entre une réunion interminable sur la “stratégie numérique nationale” et un plan de transformation voté sans lire la page 4 — une grande administration décide de faire le grand saut :
abandonner les outils propriétaires pour basculer vers des solutions souveraines et open source.
Dans les présentations PowerPoint, tout semblait parfait.
Dans la vraie vie… beaucoup moins.
Du jour au lendemain, milliers de postes de travail découvrent qu’Excel s’appelle désormais Calc, que Teams n’est plus Teams, que SharePoint n’existe plus, et que leurs imprimantes “compatibles Windows XP” refusent catégoriquement de coopérer avec leur nouveau système libre.
Au milieu de ce tsunami technologique, une équipe se lève chaque matin avec une mission :
empêcher le SI de partir en fumée.
Eux, ce sont les support heroes.
Les derniers remparts entre les utilisateurs paniqués et le chaos informatique.
Ceux qui répondent au téléphone à 7h02 avec un sourire crispé.
Ceux qui, dans l’ombre des datacenters, réparent, migrent, redémarrent, contournent et improvisent.
Ceux qui ont vu des choses… que personne ne croira jamais.
Entre bugs inexpliqués, incidents critiques, cellules de crise improvisées, navigateurs exotiques impossibles à prononcer et migrations “en douceur” qui ressemblent à des crash-tests aériens, leur quotidien oscille entre comédie, tragédie et thriller cyber.
Voici leur histoire.
Voici l’envers du décor.
Voici le SUPPORT.
🎭 Personnages :
- Michel – utilisateur métier depuis 1987, allergique au changement.
- Sandrine – métier, experte en macros Excel… enfin, avant.
- Kevin – technicien support niveau 1, 23 ans, va perdre 6 ans d’espérance de vie aujourd’hui.
- Le Change Manager – épuisé, 3 cafés/minute.
- Le RSSI – seul personnage calme… ce qui est inquiétant.
- Un développeur open source – parle en YAML, ne comprend pas les humains.
🎧 Kevin – Technicien Support N1
Âge : 23 ans
Spécialité : Trouver la solution avant qu’on ne l’accuse.
Signature : “Vous avez essayé de redémarrer ?” (ça marche une fois sur vingt)
🎙️ Description
Fraîchement sorti d’une école d’informatique qui lui a enseigné Python, Kubernetes et l’IA, Kevin découvre la vraie vie :
→ les utilisateurs qui ne savent pas brancher leur clavier USB.
→ les imprimantes de 1998.
→ les macros Excel de Michel qui contrôlent la moitié du SI.
Il est encore naïf, encore gentil, encore plein d’espoirs.
Les saisons suivantes détermineront s’il deviendra un héros… ou un N2 aigri.
🎭 Forces
- Rapidité d’exécution
- Sens du service
- Capacité surnaturelle à rester poli
😵 Faiblesses
- Croyait que LibreOffice était “compatible Excel”.
- Ne sait pas encore dire “non”.
👓 Michel – Utilisateur Métier Senior
Âge : 58 ans
Spécialité : Créer des fichiers Excel qui contiennent plus de logique qu’un ERP.
Signature : “Avant, ça marchait !”
🎙️ Description
Michel a tout vu : le minitel, Windows 3.1, la migration NT4 → 2000, les postes XP en 2014, et la rupture numérique de 2025.
Il déteste le changement, mais il s’y adapte. Lentement. Très lentement.
Son fichier Excel “Budget_2024_FINAL_V12.xlsm” est considéré comme un actif stratégique par trois directions.
🎭 Forces
- Mémoire encyclopédique des procédures depuis 1987
- Très gentil, même dans la panique
- Capable de briser un système d’information sans le vouloir
😵 Faiblesses
- Ouvre encore Outlook en cliquant 14 fois
- Panique dès qu’un bouton change de place
🧑💼 Sandrine – Référente Applicative Métier
Âge : 41 ans
Spécialité : Repérer immédiatement si un changement technique impacte les métiers.
Signature : “Pourquoi vous ne nous avez pas prévenus ?”
🎙️ Description
Sandrine est l’intermédiaire officieuse entre les métiers et la DSI.
Si quelque chose casse, elle le sait avant tout le monde.
Elle parle à la fois “langue métier” et “langue tech”, et ne se laisse jamais impressionner par un architecte en colère.
🎭 Forces
- Communication parfaite
- Respectée par tout le monde (même les ingés infra)
- Reportings plus clairs qu’un audit Deloitte
😵 Faiblesses
- Allergique aux navigateurs exotiques
- Déteste les migrations planifiées le samedi
🧑💻 Le Développeur Open Source – “Yann”
Âge : 32 ans
Spécialité : Bidouiller des configs YAML à 3h du matin
Signature : “Chez moi ça marche.”
🎙️ Description
Casquette, sweat sombre, terminal ouvert en permanence.
Il vit entre Git, Linux, et les logs systèmes.
Les utilisateurs ? Il en a entendu parler.
Il veut bien aider, mais il faudra lui expliquer pourquoi des humains normaux utilisent encore des fichiers .docx en 2025.
🎭 Forces
- Résout des problèmes impossibles
- Connaît tous les bugs du noyau Linux
- Peut coder un script de contournement en moins de 3 minutes
😵 Faiblesses
- Zéro pédagogie
- Oublie qu’un utilisateur n’est pas un conteneur Docker
⚡ Le Change Manager – “Clément”
Âge : 39 ans
Spécialité : Tenir une salle de crise comme un chef d’orchestre
Signature : “QUI FAIT QUOI ? ON SE FOCUS !”
🎙️ Description
C’est le pilier. Le roc.
Il gère incidents majeurs, changements critiques, conflits entre équipes, samedis techniques et escalades hiérarchiques… avec un sang-froid relatif.
Il ne dort presque plus, vit au café, et répond à ses mails plus vite qu’Outlook (enfin, son équivalent open source).
🎭 Forces
- Maîtrise totale d’ITIL
- Calme face au chaos
- Peut faire un compte-rendu de crise en 15 minutes chrono
😵 Faiblesses
- Parle en acronymes
- Très faible exposition au soleil
- Peut déclencher une réunion pour n’importe quoi
🕶 Le RSSI – “Laurent”
Âge : 45 ans
Spécialité : Garder son calme pendant que tout brûle
Signature : “Là, on doit déclarer.”
🎙️ Description
Toujours calme, toujours froid.
Il voit des risques que personne ne voit, détecte les incidents avant même qu’ils ne commencent, connaît le RGPD mieux que sa famille, et a toujours un plan B.
Puis un plan C.
Puis un plan pour quand les plans échouent.
🎭 Forces
- Analyse laser
- Confiance des directions
- Maîtrise totale des crises cyber
😵 Faiblesses
- Ne sourit pas
- Peut déclencher une “analyse de risque” pour une erreur de typo
🎬 « On est passés sous LibreOffice… en prod »
📞 Le téléphone sonne. Encore.
Kevin décroche, confiants comme les trois premières secondes d’une chute libre.
Michel :
Bonjour Kevin, je crois que mon Excel est cassé.
J’ai ouvert un fichier et ça s’appelle… Calc ?
C’est un virus ?!
Kevin :
— Non Michel, c’est normal. On a migré sur la suite souveraine.
Calcul c’est… enfin Calc… c’est comme Excel, mais sans Excel.
Michel :
…
Et pourquoi ça n’ouvre pas ma macro de 1994 qui calcule l’assiette de cotisation en 12 dimensions ?
Kevin :
— Parce que… parce que… comment te dire sans pleurer…
🎬 “Le navigateur souverain”
Sandrine (au téléphone, paniquée) :
J’arrive plus à accéder à l’intranet, ça me dit « fonction non prise en charge ».
Kevin :
— Vous utilisez quel navigateur ?
Sandrine :
Konqui… Konquer… Conquérant ?
Je sais pas, un truc avec un dragon bleu.
Kevin met son casque en mode avion et appelle le Change Manager.
🎬 “Cellule de crise”
Le Change Manager arrive avec une tasse où il est écrit “je survivrai”.
— OK. Qui a validé le passage du navigateur souverain sans tester l’accès SAP BO ?
Les ingénieurs se regardent.
Un développeur open source lève la main.
Dév open source :
— Ça marche chez moi.
Toute la salle de crise soupire comme une turbine de DC refroidie par larmes humaines.
🎬 “Le RSSI apparaît”
Il entre, calme, presque zen.
Tout le monde se tait.
Il dit une phrase.
RSSI :
— Les utilisateurs ne peuvent plus s’authentifier : la fédération SSO n’a pas été migrée.
Le silence.
Puis :
Change Manager :
— On a fait quoi ?
Développeur open source :
— Je pensais que vous n’aviez plus besoin de Keycloak aujourd’hui.
Le Change Manager regarde la caméra comme dans The Office.
🎬 “Les samedis en datacenter”
Annonce sur Teams (enfin… sur son équivalent franco-libre compliqué à prononcer) :
« Opération de maintenance samedi à 6h. Redémarrage des clusters, migration NFS → Ceph, rotation des logs souverains, mise à jour noyau. »
Michel (en CC dans tous les mails) :
Vous êtes sûrs que ça va marcher ce truc ?
Le Change Manager :
— Non.
🎬 “Le support brûle”
📞 Sonnerie n°784 de la journée.
Utilisateur :
Mon mail a disparu.
Kevin :
— Vous êtes sous quoi ?
Utilisateur :
Un truc là… Courriel.
Kevin, sans réfléchir :
— Normal.
Utilisateur :
Comment ça “normal” ?
Kevin :
— Non pardon, je voulais dire : “On va regarder ça… plus tard.”
Il met l’appel en attente jusqu’à la fin de l’univers.
🎬 “Débrief post-migration”
Le directeur DSI conclut :
“Globalement, une migration réussie.
Quelques remontées mineures :
– 18 000 tickets support,
– gestion de crise 4 jours,
– 3 régressions critiques,
– 1 cellule de crise,
– 1 cluster en read-only,
– des utilisateurs légèrement frustrés.
On ajuste le plan de communication.”
Toute la salle hoche la tête avec ce sourire nerveux des gens qui ne dorment plus.
Épisode 1 : La Bascule
Le jour se levait doucement sur l’immeuble gris de la Direction des Systèmes d’Information. De l’extérieur, rien n’indiquait que le destin allait frapper. Juste un bâtiment administratif banal, où des milliers de fichiers Excel dormaient encore, inconscients du cataclysme à venir.
À 8h58, un mail interne clignota sur tous les écrans :
Objet : PROJET PHOENIX – Migration vers les outils souverains à 09:00.
Ce message est important.
Kevin, technicien support depuis quatre mois, déglutit. Il avait vaguement entendu parler de “bascule souveraine”, “logiciels libres”, “interopérabilité”…
Des mots prononcés en réunion avec le même enthousiasme qu’on annonce une réforme fiscale.
À 09:00, la seconde fatidique tomba.
Les écrans clignotèrent, les logiciels se réinitialisèrent, et un souffle à peine perceptible traversa l’open space. Celui d’un système d’information qui venait de passer de « stable » à « expérimental ».
09:02 — Le premier appel
Le téléphone de Kevin sonna avant même qu’il ait replacé sa tasse de café.
— Support informatique, bonjour ?
Au bout du fil, la voix reconnaissable entre mille de Michel, utilisateur historique, vétéran du tableur :
— Kevin ? On m’a remplacé Excel par… par un truc qui s’appelle Calc. C’est une erreur, hein ?
Kevin inspira profondément.
— Non, Michel, c’est normal. Calc, c’est comme Excel.
— Comme Excel ? Soit. Mais… pourquoi il n’y a pas le ruban ? Où sont mes macros ? Pourquoi mon classeur s’est ouvert comme si je venais de l’attaquer à coups de tournevis ?
Kevin ferma les yeux. La journée promettait.
09:07 — La macro interdite
Dans son bureau tapissé de classeurs, Michel ouvrit un fichier qu’il gardait précieusement depuis 2004 :
Budget_2004_Macro_FINAL_V3.xlsm.
À l’instant même où il l’ouvrit, un message rouge s’afficha :
Erreur critique — Fonction non prise en charge.
Puis un autre écran derrière lui se figea. Puis un troisième.
Dans le couloir, on entendit un « oh non… » collectif.
Michel reposa la souris comme si elle venait de s’enflammer.
— Ce n’était pas prévu, murmura-t-il.
09:12 — La marée monte
Du côté du support, les tickets commençaient à tomber comme la pluie d’une tempête numérique.
- “Impossible d’ouvrir mes macros”
- “L’intranet ne répond plus”
- “Erreur 403 sur l’appli RH”
- “Le navigateur souverain plante”
- “Calc transforme mes chiffres en symboles chinois”
Kevin lança un regard désespéré à son collègue.
— Je crois qu’on va avoir besoin de Clément.
09:18 — Le Change Manager arrive
Clément, le Change Manager, entra dans la salle support avec la tête de quelqu’un qui a déjà vécu trop de migrations pour une seule vie. Dans sa main, un café serré, dans son regard, la détermination d’un pompier face à un feu de forêt.
— Résume-moi la situation, demanda-t-il.
Kevin pivota son écran, affichant une avalanche de tickets rouges.
Clément le contempla un instant, puis dit calmement :
— Ah.
Le genre de « ah » qu’on prononce devant un pneu crevé sous la pluie.
— OK, dit-il. Salle de crise. Maintenant.
09:20 — La salle de crise
La pièce ressemblait à un centre de commandement : écrans muraux, téléphones, ingénieurs attroupés, documents techniques ouverts.
Sandrine, référente métier, tapait déjà sur son clavier avec l’intensité d’une chirurgienne.
Le développeur open source, Yann, releva la tête en entendant les mots “SSO cassé”.
— J’ai peut-être fait un patch hier soir, dit-il. Mais ça marchait chez moi.
Sandrine se retourna lentement.
— Chez toi ?
— Oui… enfin sur ma VM.
Un silence s’abattit.
Même les ventilateurs des serveurs semblaient retenir leur souffle.
09:31 — L’état des lieux
Le RSSI arriva, calme comme un moine dans un incendie.
— Authentification instable, annonce-t-il.
— Macros inutilisables.
— Intranet incompatible avec le navigateur souverain.
— Plusieurs applications critiques hors service.
Kevin déglutit.
— Donc… tout est cassé ?
— Oui, confirma le RSSI.
Avec le même ton qu’on utiliserait pour dire : “Il va encore pleuvoir.”
Clément prit une grande inspiration.
— Très bien. On reprend dans l’ordre. Restauration du SSO. Priorisation des métiers. Contournements pour les macros.
Et surtout… communication immédiate. Avant que la direction arrive avec des fourches.
10:12 — Premier souffle
Après d’âpres manipulations, Yann parvint enfin à redonner vie au connecteur SSO grâce à un script qui ressemblait davantage à une incantation qu’à du code.
Sandrine valida l’accès aux applications.
Les tickets diminuèrent.
Le système reprenait forme humaine.
Michel appela Kevin pour l’informer, triomphant :
— J’ai réussi à ouvrir un fichier, Kevin ! Sans les macros… mais c’est un début.
Kevin sourit.
Un petit sourire fatigué, mais réel.
Clément leva son café comme un général victorieux :
— On a survécu à la bascule.
— Pour aujourd’hui, c’est déjà bien.
Postface de l’épisode
Alors que la salle se vidait, un dernier ticket jaillit sur l’écran.
URGENT : Navigateurs souverains bloqués sur toute la région.
La lumière des néons clignota étrangement.
La tempête n’était pas finie.
Elle ne faisait que commencer.
Épisode 2 : Le Navigateur du Dragon Bleu
Le lendemain matin, la DSI ressemblait à une salle d’attente aux urgences après un feu d’artifice raté :
— des gens affolés,
— des écrans qui clignotent,
— et une odeur d’angoisse qui traînait dans les couloirs.
La migration du jour précédent avait laissé des traces.
Mais l’équipe espérait un peu de calme.
Juste un tout petit peu.
C’est à ce moment exact que l’enfer décida de se présenter sous une nouvelle forme : le Navigateur Souverain, alias Conquérant, alias “le truc avec le dragon bleu”.
08:42 — Le premier bug
Sandrine arriva au support, tenant sa tasse de café comme un talisman de protection mentale.
— Bonjour, j’ai un souci, commença-t-elle calmement.
— Le nouvel intranet… refuse de s’ouvrir.
Kevin leva les yeux de son écran.
— Il affiche quoi ?
Sandrine se racla la gorge et lut :
Fonction JavaScript non prise en charge : please contact your administrator.
— Il me tutoie maintenant, dit-elle.
— Je ne suis pas sûre d’apprécier.
Kevin ouvrit son navigateur souverain lui aussi.
L’icône était un dragon bleu beaucoup trop enthousiaste pour un logiciel gouvernemental.
On aurait dit la mascotte d’un MMORPG bulgare.
Il tapa l’adresse de l’intranet.
L’écran devint blanc.
Puis gris.
Puis noir.
Puis bleu.
Puis blanc.
Puis… rien.
— Il vient de… redémarrer ? demanda-t-il, bouche bée.
Sandrine soupira.
— Oui, il fait ça.
— Trois fois par minute.
08:57 — L’épidémie se propage
Les tickets d’incidents commencèrent à tomber comme de la grêle numérique :
- “Dragon bleu crash sur connexion”
- “Application RH ne s’affiche plus”
- “Navigateur souverain efface mes onglets”
- “Calc s’ouvre quand je clique sur un lien HTTPS”
- “Ma barre de favoris a disparu”
Clément arriva en traînant les pieds.
Il n’avait pas encore eu son café.
C’était dangereux.
— Bon, qu’est-ce qui brûle encore ?
Kevin hésita.
— Le… le dragon.
— Quel dragon ?
— Le navigateur.
Clément ferma les yeux très fort.
— Vous êtes en train de me dire qu’on a un incident majeur… provoqué par une application… au logo de dragon… bleu ?
Sandrine acquiesça.
— Bleu turquoise, même.
Clément s’assit.
Lentement.
Comme un homme qui renonce à se battre contre le destin.
09:10 — Enquête technique
La salle de crise fut réactivée, comme si elle n’avait jamais cessé d’être utilisée.
Yann, le développeur open source, analysait le système.
Son visage exprimait l’exact mélange de fascination et d’horreur qu’on voit chez les archéologues quand ils découvrent un sarcophage piégé.
— Alors ? demanda Clément.
— C’est… particulier, répondit Yann.
— Le navigateur souverain utilise un moteur rendu obsolète en 2014.
— Ils l’ont “amélioré”, apparemment.
— Amélioré comment ? demanda Kevin.
Yann fit défiler un fichier de configuration qui tenait plus du grimoire gothique que du code.
— Ils ont… comment dire… forcé certaines options incompatibles avec 80 % du web moderne.
Sandrine leva un sourcil.
— Forcé ?
— Oui. À coups de commentaires rageux dans le code, si je puis dire.
Le RSSI approcha, les mains dans le dos, serein comme un maître zen.
— Ça veut dire que le navigateur… bloque volontairement… les scripts ?
— Oui, confirma Yann.
— Et parfois… il en bloque trop.
— Et parfois… il bloque tout.
Sandrine secoua la tête.
— Génial.
— On a migré vers un navigateur ascète.
— Qui a décidé que le web moderne, c’était trop tentant pour les utilisateurs.
09:37 — Le cas de Monsieur Lemoine
Un appel du métier remonta :
Utilisateur :
Bonjour, j’ai un problème important.
Mon navigateur se ferme quand je clique sur “Imprimer”.
Kevin tenta d’expliquer.
— C’est parce que le navigateur souverain ne gère pas encore les imprimantes réseau.
Utilisateur :
Eh bien… il ne gère pas non plus les imprimantes locales.
Ni les PDF.
Ni le copier-coller.
Ni… les pages web, finalement.
Un silence gêné s’installa.
Kevin écrivit dans sa fiche incident :
« Sévérité : critique – utilisateur en phase de désespoir avancé. »
10:12 — Clément tente le tout pour le tout
— Bon, dit Clément.
— Plan d’action :
- Créer un contournement.
- Autoriser temporairement le navigateur non souverain.
- Ne surtout pas prévenir la com’.
Sandrine leva la main.
— Je vote pour.
Le RSSI hocha la tête.
— Je ne dirai rien si personne ne dit rien.
Yann sourit comme un hacker face à une serrure fragile.
— Je peux déployer l’ancien navigateur… sous un autre nom.
— Sous quel nom ? demanda Clément.
Yann réfléchit.
— Explorateur Administratif Temporaire.
— Acronyme : EAT.
Sandrine éclata de rire.
— C’est parfait. Les chefs ne remarqueront jamais.
11:03 — Résolution provisoire
Le navigateur souverain resta installé.
Parce qu’il fallait bien “respecter la doctrine”.
Mais discrètement, silencieusement, tel un logiciel clandestin, EAT apparut sur les postes.
Miracle :
les applications fonctionnaient,
les intranets s’ouvraient,
les utilisateurs respiraient.
Michel, lui, appela pour dire :
— Votre truc marche mieux que le dragon bleu.
— C’est normal ?
Kevin soupira.
— Oui Michel.
— C’est normal.
Il n’avait jamais dit cette phrase avec autant de lassitude.
12:00 — Pause déjeuner
L’équipe souffla un peu.
Clément sirota son café froid.
— On a survécu à la journée, dit-il.
Le RSSI le regarda avec un calme inquiétant.
— Oui.
— Mais demain, on s’attaque à la messagerie souveraine.
Un frisson parcourut l’équipe.
Même les néons tremblèrent.
— Le Dragon Bleu a été vaincu.
— Provisoirement.
— Très provisoirement.
Épisode 3 : L’Effet Papillon
Le troisième jour de la migration souveraine commençait sous un ciel aussi gris que la motivation des équipes IT.
Dans les couloirs, on distinguait une rumeur fébrile, comme un courant d’air d’inquiétude :
l’environnement souverain tenait encore debout.
À peine.
Fragile comme un château de cartes posé sur un lave-linge en essorage.
Clément entra dans l’open space, confiant, presque joyeux.
C’était mauvais signe.
Les jours où Clément arrivait de bonne humeur finissaient généralement en catastrophe naturelle de niveau 15.
08:13 — Le ticket maudit
Kevin vit soudain son écran s’illuminer de rouge :
Erreur SSO : Authentification impossible — “Certificat expiré”
— … Non, murmura-t-il.
— Pas ça. Pas aujourd’hui.
Il cliqua pour vérifier.
Le certificat ?
Un simple “p’tit fichier” de rien du tout.
Celui qui permet à toute l’organisation de prouver qui elle est à ses propres serveurs.
Le truc absolument trivial, que personne ne considère jamais…
Jusqu’à ce qu’il explose comme un pétard mal rangé.
Kevin rafraîchit l’écran.
La date d’expiration affichée :
Il y a deux jours.
Il devint pâle.
Blanc.
Transparent.
Puis il se tourna vers Clément.
— Le certificat SSO… vient… d’expirer.
Clément resta immobile.
Comme si son âme venait de quitter son corps pour aller vivre ailleurs, loin du service public.
08:15 — L’effet papillon
À l’autre bout du bâtiment :
- L’outil de gestion des congés refuse de s’ouvrir.
- Les applications RH tombent en CARAFE.
- Les outils internes crient “ERREUR D’IDENTITÉ”.
- Une équipe métier pense être hackée.
- Michel n’arrive plus à se connecter à son poste.
- Un directeur ne peut plus envoyer d’e-mail et exige une “intervention immédiate au plus haut niveau”.
- Une cheffe de projet panique : “Tous mes onglets ont disparu !”
Le système d’information entier venait de perdre la notion d’identité.
Littéralement.
Yann, le développeur open source, arriva en trottinant.
— Je crois que le SSO est down…
Kevin hurla intérieurement : NON, SANS BLAGUE ?!
08:22 — Salle de crise. AGAIN.
La salle encore chaude des deux jours précédents fut réouverte.
Elle n’avait même pas eu le temps de refroidir.
Clément prit la parole.
— OK. Qui devait renouveler ce certificat ?
Silence.
Silence absolu.
On entendit presque le ventilateur du routeur respirer.
Une main se leva timidement.
C’était celle du stagiaire.
Le pauvre stagiaire.
— Je crois… que c’était… dans ma to-do list…
Clément ferma les yeux.
Longtemps.
Trop longtemps.
Sandrine intervint, diplomate :
— Ce n’est pas grave. On va régler ça.
— Ce n’est pas comme si l’entièreté du système d’information dépendait d’un seul certificat numérique minuscule et oublié.
Le RSSI toussa.
— En réalité… c’est exactement ça.
08:30 — Le brainstorming de la panique
Sur l’écran mural apparaissent les impacts :
- 14 000 utilisateurs impossibles à authentifier
- 380 applications en erreur
- 6 équipes en crise
- 2 directeurs menaçant de venir “voir ça de plus près”
- 1 stagiaire sur le point de changer de métier
Yann analyse les logs :
— Le certificat est expiré depuis 48 heures.
— Donc techniquement, ça a tenu par miracle jusqu’à ce matin.
Sandrine :
— C’est pas un miracle, c’est du déni.
Clément :
— On peut renouveler le certificat ?
Yann :
— Oui, mais…
— Le serveur souverain ne veut plus accepter la demande.
Clément :
— Pourquoi ?
Yann :
— Il dit qu’on n’existe plus.
Le RSSI se masse le front. Il parle lentement :
— Le système d’authentification…
— pense…
— que l’organisation…
— n’a plus d’identité légale.
Sandrine éclate de rire nerveusement.
— Parfait.
— On est devenus hors-la-loi administrativement.
09:02 — La tentative désespérée
Une première tentative de renouvellement échoue.
Puis une deuxième.
Puis une troisième.
À la quatrième, le serveur souverain affiche un message absurde :
“Erreur : Déjà trop de tentatives. Merci de réessayer dans… 24 heures.”
Clément explose :
— 24 HEURES ?!
— MAIS ON TIENDRA PAS 24 MINUTES !
Kevin s’effondre dans sa chaise.
— On a… détruit le SSO.
Sandrine rectifie :
— Non, pas nous.
— Le certificat.
— Et l’organisation.
— Et la doctrine souveraine.
— Et le stagiaire.
Le stagiaire ne dit plus rien.
Il fixe le vide.
Il médite sur son avenir.
09:45 — Le contournement de l’ombre
Yann se met à taper frénétiquement sur son clavier.
— J’ai une idée.
— Pas orthodoxe.
— Pas conforme.
— Pas légale techniquement.
— Pas conforme à la doctrine.
— Mais ça peut marcher.
Clément se penche.
— J’adore. Fais-le.
Yann crée alors un…
certificat auto-signé.
Un certificat illégitime, non homologué, non souverain, pas sécurisé du tout… mais fonctionnel.
Sandrine blêmit.
— Tu vas… usurper l’identité du système ?
Yann :
— Techniquement oui.
— Moralement non.
— On dépanne.
— C’est humanitaire.
Clément :
— JE SIGNE.
— JE CONTRE-SIGNE.
— JE FAIS UN TAMPO N SI TU VEUX.
Kevin tremble.
Le RSSI souffle profondément.
Puis dit, résigné :
— Faites-le.
— Et ensuite on ne parle jamais de ce moment.
10:03 — Résurrection
Yann pousse le certificat pirate.
Les serveurs clignotent.
Les logs respirent.
Le SSO revient à la vie comme un zombie administratif.
Les connexions reprennent.
Les applis redémarrent.
Michel peut enfin se reconnecter.
— Kevin ?
— Je crois que ça remarche.
— Enfin… Calc me dit qu’il veut me parler, mais c’est normal ?
Kevin n’a plus la force de répondre.
Il laisse juste sa tête tomber sur le bureau.
11:12 — Debrief
Clément annonce :
— Incident majeur terminé.
— REX demain.
— Merci à tous.
— Mention spéciale à Yann pour la solution… créative.
Yann sourit modestement.
Le stagiaire pleure doucement dans un coin.
Le RSSI ajoute :
— Et maintenant…
— On va planifier une politique de renouvellement automatique des certificats.
Kevin ose demander :
— Ça existe ?
Le RSSI répond :
— Oui.
— Depuis 2009.
Silence.
Silence total.
Consternation générale.
12:03 — Cliffhanger
Alors que tout semble sous contrôle…
un nouveau ticket apparaît :
“Incident critique : le système mail souverain rejette tous les messages externes.”
Clément pâlit.
Sandrine soupire.
Yann lève les yeux au ciel.
Kevin rebranche son casque.
Le stagiaire fuit discrètement.
La migration souveraine venait d’ouvrir le quatrième cercle du chaos.
Épisode 4 : Les Samedis Techniques en Datacenter
Il existe deux types de gens dans la vie :
— ceux qui dorment le samedi matin,
— et ceux qui redémarrent des clusters SAN à 6h en priant tous les saints du RAID 10.
L’équipe SUPPORT appartient à la deuxième catégorie.
Et aujourd’hui, c’était samedi technique.
Le préféré de personne.
05:12 — Le rassemblement des survivants
Le parking du datacenter était plongé dans la nuit, éclairé seulement par d’antiques lampadaires au sodium qui donnaient à la scène un air de thriller scandinave.
Les membres de l’équipe arrivèrent un par un, chacun dans un état de fatigue avancé, comme des zombies corporate.
- Clément, les yeux rouges, tenant un sac rempli de cafés.
- Yann, le développeur open source, vêtement identique à la veille (peut-être la semaine dernière aussi).
- Sandrine, qui ne comprend toujours pas pourquoi elle doit être là “au cas où.”
- Kevin, avec l’énergie d’un étudiant qui part en partiel sans avoir révisé.
- Le RSSI, complètement calme, ce qui inquiétait tout le monde.
- Le stagiaire, déjà en train de regretter son orientation professionnelle.
Ils passèrent les sas de sécurité, chacun donnant leur badge, puis leur téléphone, puis leur âme.
05:30 — Briefing d’avant-bataille
Dans la salle de réunion glaciale du datacenter, Clément installa son ordinateur et afficha la liste des opérations prévues :
- Mise à jour du noyau Linux sur les serveurs souverains
- Patch du système de stockage “Souverain FS”
- Redémarrage progressif des clusters
- Mise à jour du firmware des switchs cœur de réseau
- Migration des logs vers le nouveau système libre “LogLibre++ Beta 0.8.2”
Sandrine lut la liste, puis dit très calmement :
— Alors là, je vous le dis : il y a au moins trois bombes nucléaires là-dedans.
Le RSSI ajouta, stoïque :
— Oui, mais on doit le faire aujourd’hui.
— Les patchs corrigent 41 failles critiques.
— Dont 3 “où un stagiaire pourrait prendre le contrôle du SI sans le vouloir.”
Le stagiaire leva timidement la main.
— C’est déjà arrivé ?
Tout le monde le regarda sans répondre.
06:00 — Les opérations commencent
Yann lança la mise à jour des serveurs souverains. L’écran clignota, affichant :
Applying patch… please wait
Estimated time: 5 minutes
Kevin éclata de rire.
— Cinq minutes ?
— Mais oui. Et moi je suis le roi d’Angleterre.
Clément :
— Concentre-toi Kevin.
Le serveur resta figé à 1% pendant six minutes,
puis sauta directement à 87%,
puis revint à 12%,
avant d’afficher un message absurde :
The kernel is unsure.
Retrying with confidence…
Yann se pencha en avant.
— C’est… nouveau.
06:27 — Premier symptôme de catastrophe
Sandrine regardait les écrans muraux.
— Euh… dites…
— Pourquoi le cluster secondaire s’est mis à clignoter en orange ?
Le RSSI s’approcha.
— Ce n’est pas orange.
— C’est ambre.
— Ambre foncé.
— C’est pire.
Clément s’immobilisa.
— Le cluster ambre… c’est le mode où il “attend une décision de l’humain”, c’est ça ?
Yann hocha la tête.
— Oui.
— C’est le mode où il dit “Je peux mourir ou survivre. Dis-moi juste quoi faire.”
Sandrine blêmit.
— Et… il attend longtemps ?
Silence.
06:35 — Le stagiaire commet un acte de bravoure involontaire
Le stagiaire, voulant aider, brancha un câble RJ45 dans un port marqué “NE PAS UTILISER – maintenance”.
Il aurait dû se douter que ce n’était pas décoratif.
Un bip retentit.
Un switch afficha un message rouge.
Le réseau du datacenter fit un bruit étrange, comme un ventilateur qui fait une crise d’angoisse.
Kevin hurla :
— FAUT PAS TOUCHER LES CHOSES QUI DISENT “NE PAS UTILISER” !!
Le stagiaire bafouilla :
— C’était le seul câble qui entrait !
Yann explosa :
— C’ÉTAIT UN PIÈGE !
— C’EST TOUJOURS UN PIÈGE !!
Clément tenta de garder son calme.
— OK, pas de panique.
— Qu’est-ce qu’on a perdu ?
Sandrine, vérifiant les écrans :
— La moitié des liens réseau.
— Et la supervision.
— Et probablement une partie de la dignité du département.
06:50 — Le retournement de situation
Le RSSI, étonnamment calme, prit une décision radicale :
— On débranche tout.
— On rebascule sur l’infrastructure secondaire.
— Et on prie.
Les techniciens se regardèrent.
Débrancher tout ?
À 6h50 du matin ?
Un samedi ?
Clément hocha la tête.
— Exécution.
06:55 — Le blackout contrôlé
Les serveurs s’éteignirent un à un.
Les ventilateurs ralentirent.
Le ronronnement du datacenter diminua…
comme un dragon géant qu’on endort avec un seau d’eau glacée.
Pendant trois secondes, il ne se passa rien.
Puis, doucement… très doucement…
les machines secondaires redémarrèrent.
Une par une.
Miraculeusement.
Yann souffla.
— Ça marche.
— Je ne sais pas pourquoi, mais ça marche.
Clément leva les yeux au plafond.
— On ne cherche pas à comprendre.
— On ne touche plus à rien.
— On rentre.
07:12 — Le débriefing du désespoir
Dans le parking, alors que le soleil commençait à se lever, Sandrine déclara :
— C’est officiel : je hais les samedis techniques.
Le stagiaire tremblait encore.
— Je veux changer de formation.
— Genre… devenir boulanger.
Yann lui tapota l’épaule.
— La boulangerie est un secteur stable.
— Fonce.
Le RSSI ajouta en rangeant son casque :
— Vous avez tous bien travaillé.
— On n’a perdu que trois serveurs, deux switchs, quatorze minutes de production…
— Et un peu de santé mentale.
Clément prit une grande inspiration.
— Demain, repos.
— Lundi… mise en production de la messagerie souveraine.
Ils se figèrent.
Kevin avala de travers.
Sandrine pâlit.
Yann murmura :
— On va mourir.
Épisode 5 : Le Retour des Imprimantes Fantômes
Si l’enfer existe, il ressemble probablement à un open-space administratif rempli d’imprimantes.
Pas des imprimantes modernes.
Non.
Des imprimantes réseau héritées de 2004, maintenues en vie grâce à des pactes sombres et du scotch.
Le lundi matin, l’équipe SUPPORT allait découvrir que la migration souveraine avait réveillé quelque chose qu’on croyait endormi depuis longtemps.
Quelque chose d’ancien.
Quelque chose de mauvais.
Quelque chose… d’imprimant.
08:02 — L’appel de Michel
Le téléphone de Kevin sonna.
Il sut immédiatement que c’était Michel.
Il y a des voix qui portent la détresse dans leur vibration.
— Kevin ?
— C’est revenu.
Kevin fronça les sourcils.
— Quoi donc ?
Un silence.
Long.
Trop long.
— L’imprimante, dit Michel d’une voix creuse.
Kevin posa sa tasse.
Il sentit un frisson dans le dos.
— Quelle imprimante ?
— La 3e étage, couloir sud.
— Celle qui a déjà tenté de m’imprimer un test page en boucle en 2017.
— Elle… recommence.
Kevin blêmit.
08:10 — Le déluge des tickets
Les tickets commencèrent à pleuvoir.
Non.
À bombarder.
- “Mon imprimante imprime des pages blanches.”
- “Mon imprimante imprime des pages noires.”
- “Mon imprimante imprime à l’envers.”
- “Mon imprimante imprime en 4 exemplaires des trucs que je n’ai pas demandés.”
- “Mon imprimante imprime encore le document de vendredi.”
- “Je n’ai plus d’imprimante.”
- “J’ai TROIS imprimantes maintenant.”
Kevin tenta d’en ouvrir un au hasard.
Il le referma immédiatement.
Trop traumatisant.
08:22 — Analyse technique (malheureusement)
Yann arriva, les cheveux ébouriffés comme s’il avait passé la nuit à compiler des trucs.
— Les pilotes propriétaires ne sont plus compatibles avec le système souverain, expliqua-t-il.
— Du coup, le système les remplace par des pilotes génériques.
Kevin demanda, déjà inquiet :
— Et… ça fait quoi ?
— Eh bien…
— Parfois ça imprime.
— Parfois ça imprime mal.
— Parfois ça imprime dans une autre langue.
— Parfois ça imprime dans un autre bâtiment.
Sandrine releva la tête :
— Pardon ?
— Dans un autre bâtiment ?
Yann hocha la tête très sérieusement.
— Oui.
— On a détecté une imprimante souveraine au rez-de-chaussée qui reçoit des jobs de l’étage 3.
— Et inversement.
— Un véritable échange culturel entre imprimantes.
08:40 — L’apparition
Michel descendit au support, tenant une pile de feuilles qui tremblaient autant que lui.
— Regardez-moi ça ! cria-t-il.
— J’ai imprimé un bon de commande.
— Et elle m’a sorti ÇA !
Il posa une feuille sur le bureau.
C’était…
un mélange de runes illisibles,
de symboles bizarres,
de fragments de code PostScript,
et une ligne à la fin :
/Error GhostEntity NotFound
Sandrine se pencha :
— GhostEntity…
— C’est le driver fantôme.
— Inventé pour “simuler” une imprimante quand elle n’existe plus vraiment.
Kevin fit tomber son stylo.
— UNE IMPRIMANTE QUI N’EXISTE PLUS ?!
Michel hocha la tête.
— Je crois… qu’elle est revenue d’entre les morts.
08:50 — L’intervention
Clément arriva, tourmenté par deux jours de messagerie souveraine instable et trois samedis techniques ratés.
Il prit une profonde inspiration.
— Bon.
— On va désinstaller les imprimantes du 3e étage.
— Toutes.
— Une par une.
Sandrine leva un doigt.
— Mais si on les désinstalle…
— Les utilisateurs ne pourront plus imprimer.
Yann intervint :
— S’ils ne peuvent plus imprimer…
— ils ne créeront plus d’incidents.
Clément approuva.
— Satisfait.
— Efficace.
— On fait ça.
09:14 — Le désastre
Comme tout plan IT brillant sur le papier, celui-ci échoua immédiatement.
Désinstaller les imprimantes eut…
un effet inverse.
Le système souverain détecta automatiquement “l’absence d’imprimantes essentielles”
et décida, de sa propre initiative :
“Installation automatique d’imprimantes alternatives.”
En l’espace de 30 secondes :
- Les utilisateurs du 3e étage virent apparaître des imprimantes du 1er.
- Les utilisateurs du 2e mirent la main sur des imprimantes du 6e (bâtiment voisin).
- Un service entier hérita de l’imprimante de l’accueil.
- Michel…
… Michel hérita d’une imprimante qui se trouvait dans un bureau fermé depuis 2015.
Kevin le regarda, mortifié.
— Michel, je…
— Je n’ai même pas de mots.
Michel, livide, murmura :
— Elle existe encore, Kevin.
— Et elle imprime.
09:30 — La chasse au fantôme
Yann, armé de son laptop sous Linux, partit dans les couloirs à la recherche de l’imprimante fantôme.
— On la localise comment ? demanda Kevin.
— Avec le scanner réseau souverain, répondit Yann.
Il lança la commande :
scanlibre --discover --printers --ghost-mode
Le système renvoya :
Imprimante détectée : UNKNOWN_DEVICE_00
Localisation : ???
Statut : en activité
Description : modèle inexistant dans la base de données
Kevin commença à paniquer.
— On… a une imprimante sans emplacement ?
— Oui, confirma Yann.
— Et elle reçoit encore des jobs d’impression.
Sandrine murmura :
— C’est du paranormal numérique.
— Je refuse de gérer ça.
10:02 — Le rituel de désinstallation
Après 30 minutes d’exploration, ils trouvèrent enfin l’imprimante.
Elle était dans un ancien local technique, recouverte de poussière, débranchée, mais…
une LED clignotait.
— Elle est… allumée ? demanda Kevin, horrifié.
Yann secoua la tête.
— Impossible.
— Elle n’a pas de prise.
Un silence.
Puis Sandrine dit :
— C’est quoi le protocole dans ces cas-là ?
Le RSSI répondit d’une voix calme, mais ferme :
— On la débranche.
— On la sort du réseau.
— On la brûle s’il faut.
— Mais on coupe le flux maléfique.
Clément s’exclama :
— ON LA MET HORS SERVICE.
— MAINTENANT.
10:12 — L’exorcisme imprimant
Yann s’avança.
Il débrancha le câble réseau.
L’imprimante vibra.
Puis une page sortit.
Une seule.
Avec écrit, au centre :
GOODBYE
Puis la LED s’éteignit.
Pour de bon.
Le groupe resta figé.
Michel, terrifié, demanda :
— Vous avez déjà vu ça ?
Le RSSI rangea son badge.
— Non.
— Et nous n’en parlerons plus jamais.
10:45 — Retour au bureau
Dans l’open space, un ticket s’afficha :
Incident résolu : les imprimantes fonctionnent à nouveau.
Kevin éclata de rire.
Clément s’effondra dans un fauteuil.
Yann ouvrit une bière (il était 10h, mais ça comptait comme après-midi dans IT).
Sandrine murmura :
— C’était… intense.
Michel s’approcha, les yeux encore perdus.
— Kevin ?
— Je peux imprimer ?
Kevin prit une profonde inspiration.
— Michel…
— Essayons.
— Doucement.
Épisode 6 : Le Fichier Interdit
Dans chaque organisation, il existe des reliques dangereuses que personne n’ose toucher.
Des fichiers maudits, trop lourds, trop anciens, trop… vivants.
Des fichiers transmis de génération d’agents en génération d’agents, protégés comme des artefacts sacrés.
Certains disent qu’ils renferment des macros VBA si anciennes que même le diable ne sait plus comment elles fonctionnent.
À la DSI, on les appelle :
Les Fichiers Interdits.
Et ce matin-là, Michel allait en ouvrir un.
08:03 — Le frisson
Michel entra dans son bureau.
Il s’assit.
Il posa sa tasse de chicorée.
Il ouvrit Calc (avec déjà un soupçon de haine).
Puis il alla chercher un fichier qu’il n’avait pas ouvert depuis longtemps, rangé dans un dossier profond, très profond :
FINANCES_ARCHIVES_2002_V12_FINAL_OK.xlsm
Le genre de nom qui annonce déjà la catastrophe.
Il cliqua.
Le fichier mit dix secondes à s’ouvrir.
Puis vingt.
Puis trente.
Michel fronça les sourcils.
Il tapota la table.
— Allez, ma belle. Ouvre-toi…
Le fichier s’ouvrit.
Et c’est là que tout bascula.
08:04 — L’activation
Un message apparut :
“Voulez-vous activer les macros ?”
Michel cliqua “Oui”.
Bien sûr qu’il cliqua “Oui”.
Michel clique toujours “Oui”.
Et là…
L’ordinateur émit un bruit étrange.
Quelque part dans le bâtiment, une alimentation électrique grésilla.
Un ventilateur de serveur se mit à hurler.
Puis une fenêtre s’afficha, énorme, clignotante, agressive :
ERREUR CRITIQUE : Fonction VB ‘CalcOfDoom()’ non reconnue
Puis une deuxième :
Cycle infini détecté : STOP STOP STOP STOP STOP
Puis une troisième :
Impossible d’exécuter la macro : fichier trop ancien, trop dangereux, trop… mauvais.
Michel recula.
— Oh non.
— Oh non.
08:05 — L’onde de choc
Sur le réseau :
- Le serveur métier “Finance” se mit en surcharge.
- L’intranet afficha des erreurs bizarres.
- Le système souverain bloqua toute activité suspecte.
- Un service entier perdit l’accès à ses dossiers.
- Et au 2e étage, une comptable se mit à crier :
— “J’AI UN MATH ERROR DANS MON TABLEAU !”
Kevin, en train de boire un café, posa brusquement sa tasse.
— Non.
— Pas un MATH ERROR…
Il ouvrit son écran de supervision.
Des dizaines d’incidents arrivaient.
Tous liés à des fichiers Excel… enfin, Calc… enfin, des trucs hybrides.
Clément arriva en courant.
— Qui a ouvert un fichier interdit ?!
Un silence.
Puis, dans l’open-space, Michel leva timidement la main.
— C’est peut-être… moi ?
Le visage de Clément se contracta.
— Peut-être ?
Michel avala sa salive.
— J’ai ouvert le fichier “FINANCES_ARCHIVES_2002”…
Yann se prit la tête à deux mains.
— Mais c’est un artefact, Michel !
— TU NE LIS PAS LES MESSAGES QUI DISENT “À NE PAS UTILISER” ?!
Michel répondit, sincèrement :
— Je ne pensais pas que c’était sérieux.
08:12 — Salle de crise (évidemment)
Sur l’écran géant, le fichier interdit apparaissait en plein milieu, tel un monolithe diabolique.
Ses macros tentent de s’exécuter.
Le système souverain tente de les bloquer.
Un combat de titans, absurde et catastrophique.
Sandrine ouvrit le fichier en mode lecture.
Une macro s’afficha.
Du vrai code VBA de guerre, écrit à la truelle.
Des “On Error Resume Next” partout.
Des “Goto 666”.
Des boucles While True absolument criminelles.
Et, pire encore…
des lignes en COMPLÈTE CAPS LOCK.
Elle murmura :
— Qui a programmé ça ?
— Un sorcier ? Un démoniste ? Un stagiaire en 2002 ?
Yann répondit :
— Probablement les trois.
08:25 — Le diagnostic
Le RSSI arriva, calme comme un prêtre exorciste.
— La macro tente d’accéder à un répertoire réseau supprimé en 2011, expliqua-t-il.
— Elle provoque un cycle d’erreurs qui surcharge les serveurs.
— Si ça continue, le cluster finance va tomber.
Kevin écarquilla les yeux.
— Et on peut… arrêter le fichier ?
Yann blêmit.
— On peut essayer… mais certaines macros VBA de cette époque…
— sont autonomes.
Clément prit une profonde inspiration.
— OK.
— Quelqu’un doit l’affronter.
Un silence religieux s’installa.
Puis Kevin murmura :
— … Non.
Puis Michel :
— Je refuse. J’ai une famille.
Puis Sandrine :
— Je suis fonctionnaire, pas suicidaire.
Le regard de Clément se posa sur le stagiaire.
Le stagiaire pâlit.
— Pourquoi… vous me regardez ?
08:32 — Le sacrifice
Le stagiaire s’approcha du poste de Michel.
Il mit des gants (personne n’a compris pourquoi).
Il souleva la souris.
Il visa la fenêtre du fichier.
Il cliqua sur FORCER FERMETURE.
Un bruit sourd se produisit.
Comme si un serveur venait de lâcher un dernier souffle.
Le fichier se ferma.
L’écran redevint stable.
Le réseau respira.
Tout le monde resta immobile.
Clément dit finalement :
— C’est fini.
— On a survécu.
Yann ajouta :
— On devrait mettre ce fichier dans un coffre.
— Et jeter le coffre dans un volcan.
Le RSSI approuva.
— Je valide.
Michel, encore tremblant, demanda :
— Je peux récupérer les données du fichier ?
Trois personnes crièrent en même temps :
— NON !!!
09:00 — L’après-coup
Les incidents cessèrent.
La supervision repassa au vert.
Les utilisateurs retrouvèrent leurs dossiers.
Au support, un ticket s’afficha :
Incident résolu : fichier interdit neutralisé.
Clément sourit faiblement.
— Bon.
— Rendez-vous demain pour traiter…
— les documents Word hérités de 2001.
Sandrine blêmit :
— Les .doc ?
— Pas les .doc…
— PAS LES .DOC !!!
Kevin ferma les yeux.
— Seigneur.
— Donnez-nous la force.
Épisode 7 : Tempête sur la Messagerie
Il existe trois événements capables de provoquer une panique totale dans n’importe quelle administration :
- La paie qui ne part pas.
- L’intranet qui disparaît.
- La messagerie qui tombe.
Et ce matin-là, c’est précisément ce qui arriva.
08:00 — Le calme avant la baffe
Kevin venait à peine d’arriver.
Il ouvrit PigeoMail — la messagerie souveraine fraîchement déployée la semaine précédente.
Il tenta de supprimer un mail.
Le mail refusa.
Il tenta d’en envoyer un.
Le mail se dupliqua.
Il tenta d’en ouvrir un.
La fenêtre resta blanche, comme si le logiciel cherchait encore le sens de la vie.
Il fronça les sourcils.
— C’est bizarre…
Puis l’écran afficha un message inquiétant :
“Impossible d’accéder au serveur. Vous êtes peut-être en train de rêver.”
Kevin se redressa.
— … Pardon ?!
08:03 — Le premier cri
Un hurlement résonna dans le couloir.
— J’AI PERDU MA BOÎTE MAIL !!!
C’était Patricia, de la comptabilité.
Elle tenait son clavier à deux mains comme un panneau de manifestation.
— Tout a disparu !
— Mes mails ! Mes dossiers ! Mes archives ! MES MACROS EXCEL EN PIÈCE JOINTE !!
Kevin se serait volontiers enfui, mais il était trop lent.
08:05 — Début de la tempête
Les tickets affluèrent comme un tsunami bureaucratique :
- “PigeoMail refuse d’envoyer mes messages.”
- “Tous mes mails sont datés de 1970.”
- “J’ai reçu 243 fois le même mail.”
- “J’ai envoyé un mail à mon chef, il l’a reçu vide.”
- “J’ai reçu un mail de moi-même alors que je ne me suis rien envoyé.”
- “Ma signature est remplacée par un QR code bizarre.”
- “Pièces jointes illisibles.”
- “Erreur : protocole ‘gouvernance’ introuvable.”
- “Message d’erreur : ‘Cet email n’est pas souverain’.”
Kevin fixa l’écran, horrifié.
Clément arriva à côté de lui.
— Résume-moi.
Kevin montra les tickets.
Clément pâlit.
— Ah.
— OK.
— Salle de crise.
— Tout de suite.
08:12 — Le diagnostic (ou plutôt le désespoir)
Dans la salle de crise, une alarme clignotait déjà sur le serveur mail souverain.
Sandrine expliqua, d’un ton désespéré :
— Les utilisateurs ne peuvent plus envoyer de mails.
— Ceux qu’ils reçoivent arrivent en triple, quadruple…
— Et certains messages disparaissent totalement.
Yann analysait les logs.
Il tapait vite.
Très vite.
Trop vite.
— Le protocole SMTP… a été remplacé par une version modifiée, dit-il.
Clément haussa un sourcil.
— Modifiée comment ?
Yann déglutit.
— Ils l’ont remplacé par un protocole “SMP-Sovereign”.
— C’est comme SMTP…
— Mais avec des contrôles… supplémentaires.
Sandrine :
— Quels contrôles ?
Yann :
— Il vérifie que :
- Le message est suffisamment “souverain”.
- Le message respecte la doctrine de sécurité.
- Le contenu n’est pas trop long.
- Le contenu n’est pas trop court.
- Le contenu n’est pas ambigu.
- Le ton est approprié.
- L’heure d’envoi est “légale”.
- Le mail “fait sens” selon l’IA souveraine.
Kevin ouvrit des yeux comme des soucoupes.
— Attends.
— L’IA souveraine décide…
— si un mail “fait sens” ?
Yann hocha la tête.
— Oui.
— Et si elle trouve que ce n’est pas le cas…
— Elle le jette.
Sandrine résuma immédiatement :
— Donc les utilisateurs ne peuvent plus envoyer… aucun mail ?
Yann :
— Oui.
08:25 — L’apparition du directeur
Le Directeur Général débarqua en personne dans la salle de crise.
On aurait dit une tempête en costume.
— Je viens d’envoyer un mail, dit-il.
— Il est revenu avec le message :
“Votre communication a été rejetée pour manque de pertinence.”
Il trembla.
— MON MAIL A ÉTÉ TRAITÉ D’IMPERTINENT !!!
Clément tenta de le calmer.
— Monsieur le Directeur, la messagerie souveraine…
— Souveraine ou pas, elle va apprendre LA PERTINENCE AVEC MOI !
Kevin se recroquevilla sur sa chaise.
08:40 — Analyse plus profonde… et pire
Le RSSI examina la configuration.
Il prononça une phrase qui fit frissonner toute la pièce :
— On ne peut plus envoyer de mails externes.
— La messagerie souveraine bloque tout ce qui n’est pas un domaine interne.
Silence.
Long.
Très long.
Sandrine articula :
— Donc…
— plus de mails aux fournisseurs ?
— Non.
— Plus de mails aux partenaires ?
— Non.
— Plus de mails aux usagers ?
— Non.
— Plus de mails à PERSONNE en fait ?
— Exact, confirma le RSSI.
— Le système estime que la correspondance externe est une “menace diffuse”.
Kevin pensa qu’il allait pleurer.
09:05 — Plan d’action (désespéré)
Clément tenta de maîtriser la situation.
— OK. Solutions ?
Yann leva la main.
— Une seule.
— On contourne le protocole souverain.
— En activant…
— le mode compatibilité clandestine.
Le RSSI se tourna vivement vers lui.
— Je croyais que ce mode était interdit !
Yann sourit.
— Il l’est.
Clément répondit :
— Fais-le.
— On dira que c’était un accident.
Sandrine ajouta :
— Je peux faire un REX où on dit que “le protocole souverain a spontanément décidé d’être raisonnable.”
Le Directeur Général approuva :
— Faites-le.
— Et faites vite.
— Je veux pouvoir envoyer mes mails.
— Je dois répondre à ma femme avant qu’elle ne pense que je l’ignore.
09:12 — L’opération “Totally Not SMTP”
Yann ouvrit une fenêtre terminal.
Il tapa une commande interdite :
sovereign-mail --disable-AI --enable-smtp --force --stealth
Le serveur hésita.
Puis répondit :
“Action non conforme à la doctrine.”
Yann tapa :
--i-dont-care
Le serveur vibra.
Puis céda.
Les boîtes mail se reconnectèrent.
Les messages partirent.
Les dossiers réapparurent.
La vie reprit.
Michel appela Kevin.
— Kevin ?
— J’ai reçu un mail.
— Un seul.
— Juste un mail.
— Merci.
— Merci infiniment.
Kevin soupira.
— De rien, Michel.
— De rien.
10:20 — Le retour au calme
Clément fit le point.
— OK, c’est bon.
— Messagerie rétablie.
— Externe et interne.
— IA souveraine désactivée (temporairement).
— Problème réglé.
— On fait comme si de rien n’était.
Le Directeur acquiesça.
— Et on ne reparlera jamais du protocole “impertinent”.
Tout le monde approuva.
Le RSSI ajouta :
— On déclare quand même un incident majeur.
— Mais très, très flou.
10:31 — Cliffhanger
Alors que la paix revenait doucement…
un message apparut sur l’écran de supervision :
ALERTE : Le navigateur souverain a mis en quarantaine l’application RH.
Raison : “Excessive complexité.”
Clément se prit la tête entre les mains.
— On n’en sortira jamais.
Épisode 8 : Le YAML Maudit
On dit souvent qu’un château peut s’effondrer à cause d’une seule pierre mal taillée.
Dans l’informatique moderne, ce rôle est tenu par le YAML.
Un fichier blanc, innocent, minuscule.
Mais qui contient plus de pièges que les ruines d’un temple maya.
Un espace de travers, et c’est la fin.
Une indentation en trop, et c’est l’apocalypse.
Et ce matin, quelqu’un avait commis l’impensable :
modifier un YAML souverain.
08:01 — Le premier frisson
Clément ouvrit son tableau de bord.
Le cluster applicatif souverain était… bizarre.
Pas jaune.
Pas rouge.
Pas vert.
Arc-en-ciel.
— Ça veut dire quoi, ça ? demanda Kevin.
Yann arriva en traînant les pieds.
— Quand un cluster est en mode “arc-en-ciel”, c’est que les services ne savent plus dans quel état ils sont.
— Ils hésitent entre : “je marche”, “je meurs”, “je vis peut-être”, “laissez-moi tranquille”, “qui suis-je”, et “où est ma configuration”.
Clément se passa la main sur le visage.
— Qu’est-ce qui a été modifié ?
Le RSSI répondit :
— Un fichier YAML, hier soir, à 23h42.
Silence.
Froid.
Long.
Glaçant.
Sandrine demanda :
— Qui… qui a touché le YAML ?
Une main se leva.
Le stagiaire.
Évidemment.
08:04 — La confession du stagiaire
Le stagiaire balbutia :
— J’ai juste… corrigé une faute d’orthographe dans un commentaire.
— C’était écrit “permet” avec un T.
— Je voulais aider…
Yann devint livide.
— TU AS ÉDITÉ UN YAML ?
— Oui mais juste un commentaire !
Yann hurla intérieurement.
— C’est YAML, pas Word !
— ON NE TOUCHE PAS AUX COMMENTAIRES !
— ILS FONT PARTIE DE L’ÉQUILIBRE COSMIQUE !!
08:10 — L’étendue du carnage
Les services souverains se comportaient… étrangement.
- Le service d’authentification refusait certains utilisateurs “par principe”.
- Le moteur applicatif redémarrait en boucle, affichant “Erreur 500 (à cause de vous).”
- Un microservice se prenait pour un autre.
- Un autre croyait qu’il devait tourner en France et au Kazakhstan.
- Les logs étaient pleins de : “invalid indent”, “expected ‘:’ but found misery”, “unknown key ‘raison_de_vivre’”.
Kevin fixait l’écran.
— Pourquoi il y a un message disant :
“Je ne peux pas charger ce pod, il n’a plus de sens dans l’univers” ?
Yann répondit :
— C’est normal.
— Le YAML a perdu son indent.
— Quand le YAML perd son indent… tout perd son indent.
08:16 — Analyse du fichier maudit
Sur l’écran géant, le fichier YAML s’afficha.
Sandrine pencha la tête.
— C’est… ça. Ce petit fichier ridicule qui a mis le chaos ?
Yann hocha la tête.
— Oui.
— Ce minuscule morceau de texte contrôle 42 microservices.
Kevin :
— Et si on met une indentation correcte ?
Yann :
— C’est un YAML souverain.
— Il ne veut pas être réparé.
— Il veut être… interprété.
Le RSSI ajouta :
— Les YAML souverains ne suivent aucune norme.
— Ils suivent “l’interprétation stratégique”.
Kevin :
— L’interprétation de QUI ?
Clément :
— De personne.
— C’est ça le problème.
08:22 — Tentative de correction
Yann remonta ses manches.
— OK.
— Je vais tenter une restauration.
Il ouvrit le fichier.
Il réaligna les indentations.
Il reformata.
Il pria silencieusement.
Puis il commit :
fix: indentation hell
Le cluster réagit…
immédiatement.
Les services se mirent à redémarrer.
Tous.
En même temps.
Comme une chorégraphie de panique.
Les écrans affichèrent :
- CrashLoopBackOff
- ImagePullError
- Unknown state? Really?
- The system is confused. Please comfort it.
Kevin recula.
— Ce YAML… est… diabolique.
08:35 — Le moment philosophique de Yann
Yann s’assit au bord de la table.
Il avait l’air d’un homme brisé.
— Vous savez, dit-il calmement, il y a deux types de développeurs dans la vie :
- Ceux qui ont cassé un cluster avec un YAML.
- Ceux qui mentent.
Sandrine hocha la tête.
— Je vois.
— Et nous… on a fait un combo émotionnel.
Clément soupira.
— Solution alternative ?
Yann :
— Oui.
— Le plan B.
— Celui qu’on ne devrait jamais utiliser.
Kevin :
— Le plan B ?
Yann hocha la tête.
— Le contournement illégal.
Le RSSI demanda :
— Quelle méthode ?
Yann se leva.
— On va faire… un JSON.
Kevin hurla :
— NON !
— PAS ÇA !!
— PAS UN JSON A LA PLACE D’UN YAML !!!
Yann sourit.
— C’est ça ou la fin du SI.
08:42 — La conversion interdite
Yann tapa :
yaml_2_json --force --no-moral-consideration
Le serveur afficha :
“Conversion interdite selon la doctrine souveraine.”
“Voulez-vous contourner cette interdiction ? (oui/YES)”
Yann tapa “YES”.
Le serveur vibra.
Les services frémirent.
Les pods se réorganisèrent.
Un microservice cria en binaire.
Puis…
Tout reprit vie.
Les clusters repassèrent au vert.
L’arc-en-ciel disparut.
Les applications rechargèrent.
Les logs redevirent lisibles.
Sandrine souffla :
— On… a réussi ?
Yann répondit :
— Non.
— On a triché.
— Mais ça marche, et c’est tout ce qui compte.
09:00 — Post-mortem
Clément écrivit sur le tableau :
“JOUR 8 : YAML 0 — DSI 1 (par forfait)”
Tout le monde applaudit faiblement.
Michel passa la tête dans l’open space.
— Bonjour !
— Juste pour dire :
— Calc marche.
— Mais maintenant il me dit qu’il veut “synchroniser mes données YAML”.
Kevin hurla :
— NOOOOOOOOON !!!
Épisode 9 : L’Audit
Il est 08h00.
Un matin comme les autres.
Enfin presque : personne ne sait encore que la journée va virer au film d’horreur administratif.
08:02 — L’annonce
Clément arrive dans l’open space, l’air… dévasté.
— Ils arrivent.
— Qui ça ? demande Kevin.
Clément avale difficilement sa salive.
— Les auditeurs.
Silence.
Lourd.
Oppressant.
Une tension palpable, comme avant un orage nucléaire.
Sandrine se fige, une pile de tickets à la main.
— Mais…
— On n’était pas censés être audités… cette année ?
Clément secoue désespérément la tête.
— C’était prévu.
— Mais ils ont décidé d’avancer l’audit.
— “Pour tester notre réactivité.”
Kevin lâche sa tasse.
Elle s’écrase au sol.
Le stagiaire pleure intérieurement.
08:06 — L’arrivée du monstre
La porte s’ouvre.
Entrent deux individus, costumes gris, classeurs sous le bras, sourire froid.
Ce sont les auditeurs.
Leurs badges RFID semblent briller comme ceux des boss de fin de niveau.
Le premier, très sec, annonce :
— Bonjour. Audit conformité & sécurité.
— Merci de nous fournir :
- les procédures
- la preuve d’application des procédures
- la preuve de la preuve
- les logs des preuves
- et tout ce que vous n’avez pas envie de nous montrer.
Kevin murmure :
— On est foutus.
08:10 — Le début de la descente aux enfers
L’audit commence immédiatement.
Sans pitié, sans préchauffage, sans vaseline.
Première question :
— Où est votre cartographie du SI à jour ?
Silence.
Personne n’ose répondre.
Yann finit par dire :
— Elle existe…
— mais elle est…
— conceptuelle.
L’auditeur note quelque chose.
Probablement “incompétence cosmique”, mais il ne le dira pas.
08:18 — Deuxième question
— Avez-vous la documentation de vos processus incident/problème/changement ?
Sandrine répond :
— Oui, tout à fait !
L’auditeur :
— Alors montrez-les.
Sandrine :
— Euh…
— Je veux dire… on les a dans…
— un drive quelque part…
— sur…
— un ancien espace… archivé…
— avant la migration souveraine…
L’auditeur :
— Donc vous ne les avez pas.
Sandrine :
— … si.
L’auditeur :
— Mais vous ne savez pas où.
Sandrine :
— … non.
Kevin se tape la tête contre la table.
08:25 — Le questionnaire d’exécution
L’auditeur sort une liste interminable :
- Trace des mises en production
- Historique des changements
- Preuve de la validation métier
- Justification des dérogations
- Validation du RSSI
- Rapport d’impact
- Captures d’écran
- Signatures
- Archivage
- “Conformité stratégique souveraine”
Clément fixe la liste comme si c’était un test de mathématiques extraterrestre.
— Mais…
— Personne n’a tout ça.
— Même Dieu n’a pas tout ça.
L’auditeur sourit légèrement.
— Ce n’est pas un problème.
— Vous devez seulement être capable de nous les fournir.
Clément s’effondre sur sa chaise.
08:40 — Le moment où tout s’écroule
Un microservice plante.
Puis deux.
Puis tout un cluster.
L’auditeur :
— Est-ce normal ?
Kevin :
— Oui.
— Enfin non.
— Enfin… ça dépend.
— C’est normal que ça arrive, mais pas maintenant.
— Enfin si, ça arrive toujours maintenant.
— Je déteste ma vie.
08:43 — L’auditeur attaque le RSSI
— Où est votre politique de journalisation ?
Le RSSI répond, très sûr de lui :
— Dans notre référentiel interne souverain.
— Montrez-la.
Le RSSI hésite.
— Elle…
— n’est pas encore publiée.
L’auditeur :
— Depuis combien de temps ?
Le RSSI :
— 2019.
L’auditeur note.
On entend Kevin respirer comme un animal blessé.
09:00 — La question fatale
L’auditeur regarde Yann.
— Pouvez-vous nous expliquer la modification du YAML d’hier soir à 23h42 ?
Le stagiaire devient transparent.
Yann répond :
— C’était un acte de survie.
— Nous avons fait ce que nous devions faire.
L’auditeur :
— Ce n’est pas conforme.
Yann, philosophe :
— Rien n’est conforme quand le monde brûle.
L’auditeur note quelque chose.
Probablement “risque sociologique”.
09:12 — L’appel extérieur
Michel arrive en courant.
— Clément !
— Je dois imprimer un document pour l’audit !
Clément lève la main.
— NON, MICHEL.
— Ne touche à AUCUNE imprimante.
— JAMAIS.
— JAMAIS PENDANT UN AUDIT.
L’auditeur demande :
— Les imprimantes posent problème ?
Kevin rit jaune.
— Les imprimantes SONT un problème.
09:30 — Le clou final
L’auditeur sort sa phrase ultime :
— Nous allons maintenant tester vos sauvegardes.
Le sang se retire du visage de tout le monde.
Clément tente désespérément :
— On n’est pas obligés, si ?
— C’est une option, non ?
L’auditeur :
— Non.
— C’est obligatoire.
Sandrine murmure :
— Je préfère encore mourir dans un YAML.
09:40 — La sauvegarde maudite
Yann lance la restauration de test.
Le serveur répond :
“Sauvegarde introuvable.”
Yann recommence.
“Sauvegarde corrompue.”
Clément pâlit.
— Yann… arrête.
— On va finir en prison informatique.
Le RSSI tente de justifier :
— La migration souveraine a changé l’emplacement…
L’auditeur :
— Donc vous n’avez pas de sauvegarde ?
Silence.
Yann, honnête :
— Pas… complètement.
L’auditeur écrit frénétiquement.
10:00 — Le verdict provisoire
L’auditeur ferme son classeur.
— Merci.
— Nous reviendrons après déjeuner.
Puis il sort, laissant derrière lui :
une DSI en état de choc,
un Clément en apnée,
un RSSI en burn-out imminent,
un stagiaire traumatisé,
et Michel qui demande :
— On déjeune où ?
Kevin s’écrie :
— On déjeune en enfer, MICHEL.
— On déjeune en enfer.
Épisode 10 : Phoenix Renaît
(Final de la Saison 1)
07:55 — Une matinée presque normale
Pour la première fois depuis trois semaines, le soleil brillait dans l’open space.
Les écrans étaient au vert.
Les services tournaient.
Les imprimantes… obéissaient.
Le SSO répondait.
Même la messagerie souveraine semblait de bonne humeur.
Kevin arriva, méfiant, comme un vétéran qui n’a plus confiance dans les accalmies.
— C’est calme.
Yann répondit :
— Trop calme.
Sandrine, en train de boire un thé :
— On peut peut-être… profiter ?
— Prendre un vrai petit-déjeuner ?
— Faire une pause ?
Clément réfléchit.
Il n’avait pas eu une minute de répit depuis le YAML maudit, l’audit surprise et la macro démoniaque.
Il déclara :
— Aujourd’hui…
— On respire.
Tout le monde applaudit faiblement, comme des rescapés de guerre.
08:15 — Le retour à la vie
L’équipe recevait des compliments de collègues (fait rarissime).
Les tickets se stabilisaient.
L’audit n’était pas excellent, mais pas catastrophique.
La messagerie envoyait et recevait sans juger les mails.
Le stagiaire sourit même pour la première fois depuis trois jours.
Michel passa la tête :
— Ça marche !
— Tout marche !
— Même mon tableau de bord !
— C’est un miracle !
Kevin regarda Clément.
— Tu crois que… c’est fini ?
Clément répondit :
— J’y crois presque.
09:00 — Le comité de pilotage
Dans la grande salle de réunion, la DSI faisait un point global :
- Les incidents étaient en baisse
- Les problèmes en cours étaient sous contrôle
- Les changements du week-end étaient passés
- Le système souverain semblait enfin stable
- Le cluster avait retrouvé son identité
Le Directeur Général déclara :
— Bravo.
— Vous avez surmonté beaucoup d’épreuves.
— Le SI est plus solide qu’avant.
— Et surtout, vous avez démontré une formidable capacité d’adaptation.
Applaudissements.
Soupirs de soulagement.
Sourires sincères.
Yann se laissa même aller à dire :
— On pourrait presque lancer une automatisation ou deux.
Clément :
— Oui, mais doucement.
— Aujourd’hui, on ne casse rien.
09:45 — Le pot de victoire
Un collègue arriva avec des croissants.
Sandrine alluma une playlist chill.
Le RSSI buvait un café sans trembler.
Tout le monde louait “la renaissance du système”.
Certains parlaient même d’un “retour à la normalité”.
Le nom du projet commença à circuler :
Phoenix
Parce que le SI revenait de ses cendres.
Parce qu’il avait brûlé, agonisé, explosé… puis survécu.
Kevin leva un verre en plastique :
— À nous !
— Aux nuits blanches !
— Aux clusters !
— Aux YAML !
— Aux macros possédées !
— Et au fait qu’on est encore en vie !
Rires.
Pour la première fois — des rires sincères.
10:05 — Le générique de fin… presque
Tout le monde retourna à son poste avec un sentiment de victoire.
Clément songea même à partir à l’heure ce soir.
Le stagiaire se dit qu’il resterait peut-être pour une saison 2 de son stage.
Yann envisagea un commit propre, sans contournement interdit.
Sandrine s’autorisa un sourire.
Kevin lança un ticket préventif, juste pour avoir l’air sérieux.
L’écran de supervision était parfait :
tout vert.
Symbole d’un SI enfin apaisé.
Clément murmura :
— On y est.
— Phoenix a bel et bien renaît.
Kevin hocha la tête.
— Ouais.
— On a gagné.
La caméra (imaginaire) remontait, la musique montait, la lumière se faisait douce.
On sentait la fin de saison approcher…
10:12 — L’alerte
Un bip.
Minuscule.
Presque discret.
Puis un deuxième.
Puis un troisième.
Kevin se figea.
— … Clément ?
Clément se tourna lentement vers l’écran de supervision.
Une petite alerte venait d’apparaître.
En jaune.
Rien de grave.
Puis une deuxième.
Rouge.
Puis une troisième.
Rouge foncé.
Puis le clignotement général.
L’écran afficha :
ALERTE MAJEURE — APPLICATION RH INDISPONIBLE
Raison : “Complexité excessive détectée par le Navigateur Souverain.”
Le sang quitta tous les visages.
Sandrine murmura :
— Nooooon…
— Pas l’application RH…
— Pas… elle.
Le stagiaire chuchota :
— On n’a jamais survécu à un crash RH.
Yann fixa l’écran.
— Non…
— Non… non… non…
— Pas ça.
Clément prit une profonde inspiration.
— On y retourne.
— Tout le monde en salle de crise.
— Maintenant.
La musique triomphante fut remplacée par un violon dramatique.
10:13 — L’écran noir
L’écran géant s’éteint.
Un message apparaît :
“Episode 10 — FIN”
“Saison 2 — Bientôt disponible”
