Soyons honnêtes : En cybersécurité, si on mettait un euro à chaque fois qu’un post LinkedIn balance du XDR, NDR, SIEM ou SOC sans rien expliquer derrière, on financerait sans problème la prochaine campagne de sensibilisation.
Et encore, il faudrait un dictionnaire pour comprendre la moitié de ce que certains racontent.
Je me mets à la place de la personne à l’accueil : quand elle lit « XDR = convergence de l’EDR, du NDR et du SIEM avec réponse intégrée », elle doit se dire qu’on parle d’un robot correcteur d’examens blancs.
Et franchement, on ne peut pas lui en vouloir.
Parce qu’à force de vouloir paraître experts, beaucoup ont oublié la base : la cybersécurité, ça se partage, ça se comprend, et ça s’explique.
👀 Le syndrome du jargon
Le jargon, c’est confortable.
Il donne l’impression de maîtriser, de faire partie d’un cercle initié.
Mais c’est aussi le moyen le plus efficace pour perdre son auditoire.
Un RSSI ou un auditeur qui parle en acronyme à un COMEX ou à une RH, c’est comme un pilote d’avion qui expliquerait la turbulence en termes de “flux laminaire perturbé” — alors qu’un simple “ça secoue un peu, mais tout va bien” suffirait.
Comme le disait Einstein (ou un collègue lucide) :
“Si tu ne peux pas expliquer simplement, c’est que tu n’as pas compris complètement.”
Et c’est exactement là que réside le vrai talent du professionnel de la cyber : savoir traduire.
🎭 Le funambule de la cybersécurité
La posture du RSSI, c’est un peu celle d’un équilibriste.
Il avance sur un fil tendu entre le COMEX, le CODIR et la DSI, avec un vent de contraintes réglementaires dans le dos et un cirque d’incidents à gérer en dessous.
Il doit parler budget à la direction (“non, un pare-feu, ce n’est pas un mur en brique”), rassurer les équipes techniques (“oui, on sait que les correctifs cassent parfois des choses”), et surtout expliquer à Corinne de la RH que faire écrire les mails de réponse candidats par ChatGPT, c’est pas malin du tout.
Parce que oui, derrière les beaux acronymes, la cybersécurité reste une histoire de comportements.
Et parfois, c’est une conversation de couloir qui évite une fuite de données.
🧩 Revenir à l’essentiel
Si tu veux que les gens comprennent la cyber, parle-leur avec des images :
- Un antivirus, c’est un vigile.
- Un pare-feu, c’est un videur de boîte.
- Un SIEM, c’est une salle de contrôle.
- Un XDR, c’est le vigile, le videur et le chef de la sécu qui bossent ensemble.
Et quand on dit “attaque par phishing”, il suffit de dire “un mail qui essaie de te faire cliquer là où il ne faut pas”.
Pas besoin de sortir les statistiques du CERT ni le nom du malware de la semaine.
La cybersécurité, ce n’est pas une religion ni une science occulte : c’est du bon sens organisé.
Et plus on la rend compréhensible, plus elle devient efficace.
🧭 En conclusion
Le jour où tout le monde comprendra qu’un “incident de sécurité” n’est pas forcément un scénario de James Bond, et qu’un “patch” ne sert pas qu’à réparer un jean, on aura fait un grand pas.
Parce que protéger une entreprise, ce n’est pas empiler des acronymes, c’est créer une culture.
Et cette culture commence quand on ose parler simplement, à tout le monde, du stagiaire au COMEX.
D’ailleurs, si tu veux continuer à décoder la langue étrange des cyber-pros, va jeter un œil à mon autre article :
👉 La cyber pour les nuls : dictionnaire de survie
💬 Mon mot de la fin :
Un bon RSSI, c’est un traducteur simultané entre le binaire et l’humain.
Le jour où il parle clair, la cyber devient enfin collective.