🔒 SaaS Breaches Start with Tokens – la bombe invisible des identitĂ©s API

Les RSSI parlent encore de mots de passe et de MFA. Pendant ce temps, les attaquants se baladent dans les clouds d’entreprise avec des tokens volĂ©s, valides, et parfaitement “lĂ©gitimes”. Bienvenue dans la nouvelle Ăšre du token hijacking.


đŸ§© Le problĂšme : les clĂ©s qui n’expirent jamais

Les entreprises adorent le SaaS. En 2025, on ne compte plus les solutions cloud dans les SI : Salesforce pour le CRM, Slack pour les échanges, GitHub pour le code, Microsoft 365 pour tout le reste.
Mais cette belle mĂ©canique repose sur une chose fragile : des tokens d’accĂšs.

Ces tokens OAuth ou API sont censĂ©s simplifier la vie des applications : pas de mot de passe, pas de rĂ©authentification permanente, juste un joli jeton signĂ© qui prouve “qui tu es”.
Sauf qu’un token, c’est un passe permanent tant qu’il n’est pas rĂ©voquĂ©. Et la plupart du temps
 il ne l’est jamais.

🧠 Petit rappel : un token OAuth, c’est comme un badge d’accĂšs d’entreprise que personne ne dĂ©sactive, mĂȘme quand le salariĂ© a quittĂ© la boĂźte depuis six mois.

Salesforce vient justement d’en faire les frais : ☁ Salesforce face aux Scattered LAPSUS$ Hunters : le cloud n’a pas flanchĂ©, mais les connexions oui


đŸ’„ Pourquoi les tokens font sauter les verrous

Les attaques modernes ne passent plus forcĂ©ment par le mot de passe : elles passent par l’identitĂ© machine, les intĂ©grations SaaS et les pipelines CI/CD.
Les tokens, eux, sont devenus la porte d’entrĂ©e royale pour une raison simple : ils ne dĂ©clenchent aucune alerte.

Quand un attaquant vole un token :

  • Il peut l’utiliser depuis n’importe quel appareil sans dĂ©clencher de MFA.
  • Il accĂšde directement Ă  l’API avec le niveau d’autorisation accordĂ© (souvent “admin”).
  • Et les journaux de connexion ne montrent rien d’anormal : tout semble “authentifiĂ©â€.

⚙ Les causes typiques :

  • Tokens codĂ©s en dur dans des scripts Python, fichiers .env ou pipelines GitHub Actions.
  • Tokens affichĂ©s dans les logs d’erreur (“parce que debug, c’est pratique”).
  • URLs contenant des tokens dans la chaĂźne de requĂȘte (oui, ça existe encore).
  • Permissions OAuth trop larges (“scope=full_access” parce que flemme).

Le résultat ? Une compromission silencieuse, persistante, et indétectée.


đŸ•”ïžâ€â™‚ïž Quelques perles du best-of “Token Leak of Shame”

Le florilĂšge est savoureux :

  • Slack (2024) : des tokens OAuth d’apps internes exposĂ©s dans des dĂ©pĂŽts GitHub publics, donnant accĂšs aux canaux privĂ©s d’entreprises.
  • GitHub Actions (2023–2024) : des workflows CI/CD contenant des secrets mal protĂ©gĂ©s ; vol de tokens et rĂ©utilisation pour pousser du code malveillant dans les repos internes.
  • Salesforce (2024) : un partenaire intĂ©grateur stockait des tokens d’accĂšs dans un tableur partagĂ© sur OneDrive. Des accĂšs clients “full admin” ont Ă©tĂ© dĂ©couverts par un pentester chanceux.
  • Atlassian (2025) : fuite de tokens personnels via un bot Slack mal codĂ© ; le bot affichait par erreur le token d’un compte Jira admin dans une conversation d’équipe.

💬 MoralitĂ© : le maillon faible n’est plus le mot de passe
 c’est le dĂ©veloppeur fatiguĂ© un vendredi soir.


🧠 Anatomie d’une attaque par vol de token

Prenons un exemple concret : une entreprise utilise GitHub Actions pour déployer automatiquement son application SaaS.
Dans le pipeline YAML, un token d’accĂšs AWS est injectĂ© pour dĂ©ployer sur le cloud.
Un dĂ©veloppeur un peu distrait pousse le fichier .env contenant le token sur GitHub.

🎯 Ă‰tapes de l’exploitation :

  1. Un attaquant scrute GitHub avec un script qui cherche les patterns “aws_access_key_id=” ou “Bearer”.
  2. Il trouve le token exposé.
  3. Il l’utilise pour lister les buckets S3, rĂ©cupĂ©rer le code source, ou injecter un backdoor dans l’application.
  4. Le tout sans jamais casser un mot de passe, sans jamais faire un “login”.

Et quand le RSSI arrive enfin Ă  enquĂȘter ?
âžĄïž Les logs AWS indiquent “AccĂšs lĂ©gitime avec token valide”.
Pas de MFA, pas d’alerte, pas de soupçon. Juste un sourire narquois cĂŽtĂ© attaquant.


🔍 Pourquoi les tokens ne sont jamais surveillĂ©s

La plupart des solutions de sécurité se concentrent encore sur :

  • les connexions interactives,
  • les logs de sessions utilisateur,
  • les authentifications MFA,
  • et la dĂ©tection d’anomalies de login.

Mais les appels API authentifiĂ©s via token passent sous le radar.
Les outils SIEM traditionnels n’agrùgent pas (ou mal) les logs des API SaaS.
RĂ©sultat : un attaquant peut siphonner un compte Microsoft 365, GitHub, ou Slack sans gĂ©nĂ©rer un seul Ă©vĂ©nement “suspect”.

đŸ§© Et cerise sur le gĂąteau : mĂȘme aprĂšs rotation de mot de passe, le token reste valide jusqu’à sa date d’expiration.
Certaines API laissent vivre ces tokens pendant 90 jours, voire indéfiniment.


đŸ§Œ La “token hygiene” : mission impossible ?

Pas tant que ça — mais ça demande rigueur, automatisation, et une vraie politique de gouvernance.
Voici les bonnes pratiques Ă  marteler :

✅ 1. Rotation automatique : mettre en place un job rĂ©gulier (cron, script, CI) pour rĂ©gĂ©nĂ©rer les tokens toutes les 24 ou 48 h.

✅ 2. DurĂ©e de vie courte : forcer des expirations rapides (TTL = 1 jour max).

✅ 3. Scopes limitĂ©s : chaque application doit avoir un accĂšs strictement minimal (“read-only”, “restricted”).

✅ 4. Inventaire centralisĂ© : savoir qui a gĂ©nĂ©rĂ© quel token, quand et pour quoi faire.

✅ 5. RĂ©vocation systĂ©matique : quand un employĂ© part, on rĂ©voque ses tokens avant mĂȘme son badge d’entrĂ©e.

✅ 6. Journalisation complĂšte : brancher les logs d’API dans le SIEM (Splunk, Sentinel, ELK, etc.).

✅ 7. Chiffrement local : stocker les tokens chiffrĂ©s (Vault, AWS Secrets Manager, HashiCorp, etc.).


💣 Le pire ennemi du RSSI : l’automatisation aveugle

Les pipelines DevOps, c’est merveilleux
 jusqu’à ce qu’ils automatisent une compromission à la vitesse de la lumiùre.
Un token codĂ© en dur dans un pipeline CI/CD, c’est une faille reproductible : chaque dĂ©ploiement propagera la compromission.

Un exemple qui pique :

En 2025, une startup SaaS américaine a vu son code source volé puis modifié dans sa chaßne de déploiement.
L’attaquant avait interceptĂ© un token GitLab stockĂ© dans une variable CI.
RĂ©sultat : les conteneurs Docker produits contenaient un malware intĂ©grĂ© — signĂ©, validĂ© et dĂ©ployĂ© par le pipeline lui-mĂȘme.

Quand la compromission devient un feature, il est temps de se poser des questions.


🧰 Les solutions techniques (et pas que marketing)

  • Vault + Rotation + Audit : HashiCorp Vault, AWS Secrets Manager, ou GCP Secret Manager sont vos amis.
  • SSO + Consent Review : forcer une revue pĂ©riodique des apps OAuth connectĂ©es au SSO.
  • SIEM enrichi : ingestion et corrĂ©lation des logs API (ex. Microsoft Graph, Google Workspace, GitHub Audit).
  • Token Boundary Enforcement : isoler les tokens par environnement (dev/test/prod).
  • MFA contextuel : activer des politiques “step-up auth” sur accĂšs API sensibles.

Et surtout : former les dĂ©veloppeurs.
Parce qu’un token dans un repo, c’est rarement une erreur technique — c’est un rĂ©flexe culturel.


👉 Dans la majoritĂ© des cas (et Salesforce en est l’exemple parfait), ce n’est pas la plateforme elle-mĂȘme qui est compromise, mais les applications tierces connectĂ©es via OAuth ou API.

Salesforce, Microsoft 365, Google Workspace, Slack, GitHub
 tous ces géants ont des infrastructures bétonnées : patchs rapides, audits, monitoring avancé, SOC 24/7.
Mais l’écosystĂšme d’applications qui s’y connecte, lui, est un immense gruyĂšre d’autorisations et de tokens.


💣 Ce qui se passe concrùtement :

  • Une appli tierce demande Ă  se connecter Ă  Salesforce via OAuth (“autorisez X Ă  accĂ©der Ă  vos donnĂ©es CRM”).
  • L’utilisateur (ou pire, un admin) clique sur “Accepter”.
  • Salesforce dĂ©livre un token d’accĂšs longue durĂ©e à cette application.
  • Si cette app ou son serveur se fait pirater
 le token devient un passe d’accĂšs direct à Salesforce.

Et lĂ , c’est terminĂ© :
pas besoin de casser un mot de passe, pas besoin de bypasser le MFA,
âžĄïž le token est dĂ©jĂ  valide, et Salesforce pense parler Ă  une application autorisĂ©e.


đŸ§© Cas typique :

  • Une startup de marketing SaaS a une intĂ©gration “Salesforce Connector” qui synchronise les leads.
  • Leurs serveurs stockent les tokens Salesforce des clients pour exĂ©cuter les synchros nocturnes.
  • Un attaquant compromet leurs serveurs → il rĂ©cupĂšre des centaines de tokens Salesforce valides.
  • Il accĂšde aux CRM des entreprises clientes, en mode API authenticated.

RĂ©sultat : Salesforce n’a pas â€œĂ©tĂ© hackĂ©â€,
mais des centaines d’instances Salesforce sont exposĂ©es parce qu’une appli connectĂ©e a Ă©tĂ© compromise.


⚙ Pourquoi c’est si dangereux :

  • Les tokens OAuth ont souvent des scopes full_read_write.
  • Ils ne sont pas liĂ©s Ă  un device ou Ă  un IP (→ usage indĂ©tectable).
  • Et la rĂ©vocation dĂ©pend du tiers (→ lente, manuelle, ou inexistante).

C’est le chaĂźnon faible du modĂšle SaaS : la sĂ©curitĂ© dĂ©portĂ©e dans des intĂ©grations que personne ne supervise.


💬 En rĂ©sumĂ© :

Salesforce n’est pas la cible.
Salesforce est le coffre-fort qu’on ouvre avec la clĂ© volĂ©e d’un fournisseur tiers.

C’est le mĂȘme principe qu’un cambriolage dans une banque oĂč l’alarme n’a pas sonnĂ©,
parce que le voleur avait un badge d’un sous-traitant “autorisĂ©â€.


🧹 Conclusion : les tokens, c’est le nouveau mot de passe

“Ce n’est pas ton compte qui s’est fait pirater, c’est ton application connectĂ©e.”
Voilà la phrase qu’on entendra de plus en plus souvent.

En 2025, le vrai front de la cybersĂ©curitĂ© ne se trouve plus dans le pare-feu, ni mĂȘme dans l’authentification utilisateur.
Il est dans les intĂ©grations SaaS : ces passerelles invisibles entre outils, oĂč un simple token compromis ouvre les portes d’un empire.

Alors oui, continuez à parler MFA, DLP et antivirus

Mais pendant ce temps, vos tokens vivent leur meilleure vie, libres et dangereux.

💬 MoralitĂ© : dans le monde du SaaS, la vraie hygiĂšne ne passe plus par les mots de passe, mais par le savon des tokens.đŸ§ŒđŸ”‘

Cycle de vie d'un token : Safe vs compromis

🔒 SaaS Breaches Start with Tokens – la bombe invisible des identitĂ©s API
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