🎭 Souveraineté numérique : chronique d’un servage annoncé

🎭 Bienvenue au théâtre de la souveraineté numérique

On nous la sert à toutes les sauces : la “souveraineté numérique”. Dans les discours, ça brille comme un mot magique, censé rassurer le citoyen inquiet et flatter l’ego des politiques. Sauf que dans la vraie vie, c’est un peu la licorne européenne : tout le monde prétend l’avoir vue, personne ne peut la montrer.
Pendant ce temps, Washington et Pékin se gavent de pop-corn en regardant l’Europe débattre… et signer des chèques aux hyperscalers américains.

Le sujet de la souveraineté numérique, on l’aime bien ici :


🎬 Acte I : Les trois souverainetés, ou comment perdre sur tous les tableaux

Il existe trois types de souveraineté :

  • La souveraineté des données : où elles sont stockées.
  • La souveraineté technologique : qui maîtrise la techno.
  • La souveraineté opérationnelle : qui peut couper le service.

En Europe, on adore parler des données. “Mes données sont à Paris, donc elles sont protégées !” Spoiler : non.
La vraie bataille est technologique. Celui qui fabrique les GPU, les OS, les softs critiques, tient l’autre par la gorge. La Chine l’a appris à ses dépens quand Nvidia a coupé le robinet.
Et l’opérationnelle ? C’est simple : si demain Microsoft décide de cliquer sur “disable account”, 80 % des entreprises européennes ressortent le fax et les classeurs à leviers.

On a donc trois leviers de souveraineté. On a choisi de n’en utiliser aucun. Bravo l’Europe.


🎬 Acte II : L’illusion de l’hébergement en Europe

Le mythe préféré des communicants : “Hébergé en Europe = protégé.”
La réalité est plus proche d’un sketch de Gad Elmaleh : Microsoft France ou Amazon Germany restent des filiales américaines. Quand un juge de Seattle dit “donne”, le datacenter de Francfort répond “tiens”.

Mettre ses données chez AWS Paris, c’est comme planquer son magot sous le matelas… mais en laissant la clé sous la porte, avec une étiquette : “Cloud Act, servez-vous.”
On peut repeindre les serveurs en bleu-blanc-rouge, ça ne change rien : juridiquement, ils obéissent à Washington.


🎬 Acte III : Les États dépendants sans même s’en rendre compte

Toute l’économie tourne désormais sur le cloud. Et les administrations se sont jetées dans les bras des hyperscalers comme des ados en quête de validation. Microsoft 365, Teams, Azure : la dépendance est totale.

Conséquence : si la Maison-Blanche décide un jour de serrer la vis, l’Europe fait reboot.
Un gouvernement qui parle de souveraineté numérique tout en envoyant ses mails stratégiques depuis Outlook, c’est un peu comme un végétarien qui fait ses courses à la boucherie : l’intention est louable, mais ça finit mal.


🎬 Acte IV : Le grand racket des milliards publics

Chaque année, 10 milliards d’euros d’argent public européen s’envolent directement vers AWS, Microsoft et Google. Dix milliards ! Avec ça, on pourrait financer 10 OVHcloud, bâtir une filière européenne de semi-conducteurs, ou relancer un vrai projet de cloud souverain.

Mais non, on préfère arroser nos futurs maîtres numériques et organiser des conférences sponsorisées par ceux qui nous asservissent.
C’est comme si tu payais ton cambrioleur pour qu’il change ta serrure. Et ensuite tu t’étonnes d’être enfermé dehors.


🎬 Acte V : L’Europe en puzzle contre le bulldozer US

Les États-Unis ont un avantage simple : un marché unifié, une langue, une monnaie, une loi.
L’Europe ? Vingt-sept pays, vingt-sept lois, vingt-quatre langues. Résultat : aucune taille critique, aucun géant du cloud capable de rivaliser.

Gaia-X devait être la grande réponse européenne. Spoiler : c’est devenu une réunion de copropriétaires. Tout le monde veut repeindre la cage d’escalier, mais personne n’est d’accord sur la couleur.
Le projet Bleu (Orange + Capgemini + Microsoft) est encore plus croustillant : “cloud souverain” mais avec du logiciel US dedans. Autant appeler ça “vassalité premium”.


🎬 Acte VI : La géopolitique des données, déjà là

Ce n’est pas de la science-fiction : la géopolitique des données est en cours.
On échange déjà des données contre du gaz. Celui qui contrôle le cloud de l’autre possède un levier énorme dans les négociations internationales.

Demain, si Washington décide : “On ferme vos accès Azure tant que vous ne signez pas tel traité”, l’Europe n’aura plus qu’à ressortir ses Minitel et ses minidisc.
La dépendance n’est pas théorique, elle est déjà opérationnelle. Et dans ce rapport de force, nous sommes les vassaux dociles qui signent sans lire.


🎭 Conclusion : de la souveraineté au servage numérique

La souveraineté numérique, ce n’est pas un concept. C’est la capacité concrète d’un État à dire “non” et que ça ait un effet.
Aujourd’hui, l’Europe dit “non” à la NSA, et la NSA répond “commande non reconnue”.

Chaque contrat public signé avec AWS, Microsoft ou Google est un vote pour notre dépendance.
À force de financer nos chaînes, nous finissons par appeler ça des bijoux.

La souveraineté numérique, ce n’est pas un drapeau sur un PowerPoint. C’est une infrastructure, une technologie, une capacité de couper le cordon.
Et pour l’instant, nos drapeaux flottent sur des datacenters made in USA.
Autant mettre la statue de la Liberté sur le parvis de Bercy.

🎭 Souveraineté numérique : chronique d’un servage annoncé
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🖋️ Publié sur SecuSlice.com

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