🤖 RapperBot : le botnet IoT qui passe de l’infection au DDoS en quelques secondes

Le monde des botnets IoT ne dort jamais. Après Mirai et ses innombrables variantes, voici RapperBot, un malware qui fait de l’internet des objets son terrain de jeu favori. Mais contrairement Ă  ses ancĂŞtres, il apporte quelques innovations techniques qui le rendent redoutable : infra ultra-mobile, binaires furtifs et C2 cachĂ© dans des DNS TXT records. RĂ©sultat : un appareil compromis le matin peut participer Ă  une attaque DDoS avant mĂŞme que l’administrateur n’ait fini son cafĂ©.


⚡ Infection éclair : bienvenue dans le club

Comme beaucoup de ses cousins, RapperBot s’attaque en prioritĂ© aux appareils IoT exposĂ©s sur Internet : camĂ©ras IP, routeurs grand public, NAS mal sĂ©curisĂ©s, boĂ®tiers DVR… Il exploite deux failles classiques :

  1. Brute force Telnet/SSH avec des combinaisons de mots de passe ridiculement faibles (admin/admin, 12345, qwerty…).
  2. Exploits connus sur des firmwares jamais mis à jour.

Une fois la porte ouverte, RapperBot tĂ©lĂ©charge son binaire adaptĂ© Ă  l’architecture (MIPS, ARM, x86, etc.), l’exĂ©cute, puis s’auto-supprime. Pourquoi ? Parce que laisser traĂ®ner un fichier suspect, c’est donner une chance Ă  un analyste de l’attraper. RapperBot prĂ©fère jouer la discrĂ©tion et ne laisser que son processus en mĂ©moire.


🧩 DNS TXT comme canal secret

LĂ  oĂą RapperBot sort du lot, c’est dans son système de communication avec son Command & Control (C2). PlutĂ´t que de contacter une IP codĂ©e en dur (facile Ă  bloquer par les SOC et les CERTs), il consulte… des enregistrements DNS TXT.

Ces champs, normalement destinĂ©s Ă  des infos diverses (SPF, DKIM, vĂ©rifications de domaine), contiennent chez RapperBot des donnĂ©es chiffrĂ©es. Grâce Ă  une routine maison combinant base56 et un algo proche du RC4, le botnet peut dĂ©coder en temps rĂ©el les adresses de ses serveurs de commande.

👉 Traduction : les attaquants peuvent faire Ă©voluer l’infrastructure Ă  la vitesse de la mise Ă  jour d’un DNS. Il suffit de modifier le contenu du TXT record, et des milliers de bots changent instantanĂ©ment de chef d’orchestre. Bonne chance pour suivre la danse.


🎯 Multi-archi, chiffré et sans pitié

Le binaire de RapperBot coche toutes les cases du malware moderne :

  • Multi-architecture : il tourne sur MIPS, ARM, x86 et probablement d’autres plateformes.
  • StrippĂ© et chiffré : pas de symboles pour les analystes, du code obscurci pour compliquer la rĂ©tro-ingĂ©nierie.
  • Furtif : une fois installĂ©, il ne reste presque aucune trace sur le disque.

Chaque machine infectĂ©e devient aussitĂ´t scanner : elle tente de repĂ©rer de nouvelles victimes, agrandissant le botnet comme une tumeur numĂ©rique. Et le pire, c’est la vitesse : l’écart entre infection et première attaque se compte en secondes.


💥 Des attaques DDoS à la demande

Une fois enrôlé, chaque bot est un soldat prêt à exécuter des ordres. RapperBot peut lancer divers types d’attaques :

  • TCP SYN floods pour saturer les serveurs.
  • UDP floods pour gĂ©nĂ©rer un bruit massif.
  • HTTP floods pour mettre Ă  genoux des applications web.

Ces attaques sont coordonnĂ©es depuis le C2 et peuvent ĂŞtre dĂ©clenchĂ©es quasi instantanĂ©ment. L’infrastructure, quant Ă  elle, change de pays et d’adresses IP en permanence, ce qui complique le travail des dĂ©fenseurs qui cherchent Ă  tracer ou bloquer le trafic.


🚨 Pourquoi c’est dangereux ?

  1. Agilité extrême : DNS TXT comme canal = impossible de bloquer durablement.
  2. Polyvalence : le malware peut infecter presque n’importe quel appareil connecté.
  3. Vitesse : entre infection et attaque, il n’y a pratiquement pas de temps mort.
  4. Évasion : binaire auto-supprimé, chiffrage maison, infra mouvante = cauchemar pour les SOC.

Bref, RapperBot n’est pas une simple Ă©nième variante de Mirai : c’est une version turbo pensĂ©e pour survivre et frapper vite.

Fonctionnement de rapperbot
Fonctionnement de rapperbot

🛑 Comment se protéger ?

Heureusement, tout n’est pas perdu. Quelques mesures basiques réduisent considérablement le risque d’infection :

  • Segmenter les rĂ©seaux : isoler les IoT du reste du SI.
  • Durcir les Ă©quipements : changer les mots de passe par dĂ©faut, dĂ©sactiver Telnet/SSH inutile, appliquer les mises Ă  jour firmware.
  • Surveiller le DNS : dĂ©tecter des requĂŞtes TXT suspectes Ă©manant de devices IoT.
  • DĂ©ployer IDS/IPS : signatures spĂ©cifiques Ă  RapperBot existent dĂ©jĂ  dans plusieurs bases.
  • Limiter les flux sortants : un IoT qui fait du scanning massif, ça doit alerter.

🤔 Conclusion

RapperBot n’est pas qu’un botnet de plus. C’est la preuve que les cybercriminels savent apprendre des erreurs passĂ©eset innover dans leurs mĂ©thodes. En dissimulant ses serveurs de commande derrière des DNS TXT records et en optimisant son cycle infection → DDoS, il s’impose comme une menace de nouvelle gĂ©nĂ©ration pour tous ceux qui persistent Ă  nĂ©gliger la sĂ©curitĂ© de leurs objets connectĂ©s.

Et comme souvent, la faiblesse vient de nous : mots de passe bidons, firmwares jamais patchĂ©s, IoT laissĂ© en pâture sur Internet. Tant que ces mauvaises pratiques perdurent, RapperBot et ses successeurs auront de beaux jours devant eux.

🤖 RapperBot : le botnet IoT qui passe de l’infection au DDoS en quelques secondes
Partager cet article : Twitter LinkedIn WhatsApp

🖋️ Publié sur SecuSlice.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut