🐍 ShellCode-Encrypt-Tool-Xor-Aes-Fud-Stable : l’art de chiffrer le mal (et de le poster sur GitHub)

Le monde de la cybersĂ©curitĂ© nous offre chaque semaine son lot d’outils plus ou moins douteux dĂ©guisĂ©s en « matĂ©riel pĂ©dagogique pour pentesters ». Aujourd’hui, arrĂȘtons-nous sur un joli spĂ©cimen fraĂźchement publiĂ© sur GitHub : ShellCode-Encrypt-Tool-Xor-Aes-Fud-Stable, un nom aussi long qu’un commit malicieux dans une PR de supply chain.

🎁 Le cadeau empoisonnĂ© du jour

L’auteur, un certain Yajham, propose un outil simple et â€œĂ©ducatif” (selon les traditions bien rodĂ©es des repo GitHub Ă  double tranchant) permettant de chiffrer des shellcodes en XOR ou AES, avec pour objectif dĂ©clarĂ© : les rendre FUD â€“ Fully Undetectable. Traduction non officielle : passer sous le radar de l’EDR, de l’antivirus, du bon vieux Windows Defender, et potentiellement de votre pauvre SOC dĂ©bordĂ©.

ConcrĂštement, on prend un shellcode gĂ©nĂ©rĂ© par msfvenomCobalt StrikeSliver, ou mĂȘme un binaire ELF/PE « fait maison », on l’enrobe dans une jolie couche de chiffrement, et on le sert en entrĂ©e Ă  un exĂ©cuteur qui l’injecte proprement dans un processus lĂ©gitime (svchost.exeexplorer.execonhost.exe, take your pick).


🔬 Ce qu’il fait (et ce qu’il fait bien, malheureusement)

L’outil propose plusieurs fonctions qui en feraient rĂȘver plus d’un opĂ©rateur de ransomware-as-a-service :

  • Chiffrement XOR ou AES (CBC) du shellcode
  • GĂ©nĂ©ration d’un stub C/C++ ou Powershell pour dĂ©chiffrement et exĂ©cution
  • IntĂ©gration facile dans des campagnes de post-exploitation
  • Evasion de signature AV classique grĂące Ă  l’obfuscation et l’absence de binaire stockĂ©

Le tout, bien sĂ»r, avec des instructions claires, des exemples, et mĂȘme une petite phrase d’intro rappelant que « c’est Ă  des fins Ă©ducatives uniquement ». C’est beau, c’est propre, et c’est surtout parfaitement utilisable par un attaquant sans grand niveau technique.


🎯 L’objectif rĂ©el ? Obfuscation + Injection + ExĂ©cution silencieuse

On connaĂźt la musique : dans un scĂ©nario typique, l’attaquant a dĂ©jĂ  accĂšs Ă  la machine (phishing, vulnĂ©rabilitĂ© exploitĂ©e, RDP mal sĂ©curisĂ©…), et veut maintenant faire tourner son vrai payload discretement. C’est lĂ  qu’intervient ce genre d’outil.

  • Le shellcode AES est dĂ©chiffré en mĂ©moire, sans jamais toucher disque
  • L’exĂ©cution se fait par CreateRemoteThread ou NtCreateThreadEx, en ciblant un processus Windows en apparence banal
  • Le tout reste invisible aux yeux des protections qui n’ont pas de surveillance comportementale ou de mĂ©moire

Et comme les dĂ©tections statiques ou basĂ©es sur les signatures ne verront qu’un payload AES ou XOR “random”, l’alerte ne sera souvent jamais levĂ©e.


đŸ”„ Pourquoi ça craint (et pourquoi il faut en parler)

Soyons clairs : ce genre d’outil alimente directement l’arsenal des cybercriminels, en particulier ceux qui opĂšrent des campagnes de post-exploitation ciblĂ©e. Ce n’est pas un framework pour Ă©tudiants curieux. C’est une boĂźte Ă  outils pour opĂ©rateurs offensifs, Red Teams ou pas.

Le problĂšme, ce n’est pas uniquement la disponibilitĂ© du code – aprĂšs tout, l’open source a toujours eu ses ambiguĂŻtĂ©s – mais la banalisation des techniques offensives hautement furtives :

  • Des outils FUD qui tiennent en une poignĂ©e de lignes de Python ou C
  • HĂ©bergĂ©s sur des plateformes publiques, indexĂ©es par Google
  • Faciles Ă  modifier et intĂ©grer dans des chaĂźnes de compromission fileless

Et dans un monde oĂč les SOC courent dĂ©jĂ  aprĂšs les faux positifs et les logs absents, ces techniques deviennent la norme chez les attaquants.


đŸ›Ąïž DĂ©fense : l’anti-venin d’un serpent FUD

Alors que faire ? Car bloquer GitHub n’est pas franchement envisageable (ni souhaitable). Voici quelques pistes concrĂštes pour les dĂ©fenseurs :

  • Surveillez les appels API suspects (VirtualAlloc, WriteProcessMemory, etc.)
  • Analysez la mĂ©moire des processus Ă  la recherche de shellcode injecté (via Volatility, Rekall, ou un EDR avancĂ©)
  • ImplĂ©mentez des politiques de restriction applicative (AppLocker, WDAC)
  • Activez l’AMSI partout oĂč c’est possible (et Ă©vitez de le dĂ©sactiver dans vos scripts PowerShell maison…)
  • Faites du threat hunting ciblĂ© sur les comportements post-exploitation

Et surtout : formez vos Ă©quipes. Si un outil comme celui-ci leur est inconnu, c’est peut-ĂȘtre que leur veille offensive est Ă  rĂ©activer d’urgence.


đŸ€Ź Conclusion : open-source ou open-bar ?

ShellCode-Encrypt-Tool-Xor-Aes-Fud-Stable n’est qu’un Ă©niĂšme exemple d’une tendance lourde : l’industrialisation du contournement dĂ©fensif, accessible Ă  n’importe qui via un copier-coller depuis GitHub.

Oui, c’est « éducatif ». Oui, c’est « pour les tests de sĂ©curitĂ© uniquement ». Mais en rĂ©alitĂ©, c’est surtout un miroir de nos failles : trop de dĂ©tection statique, pas assez d’analyse mĂ©moire, et un retard chronique sur les outils des attaquants.

MoralitĂ© ? Il est temps d’arrĂȘter de dĂ©fendre des serveurs 2025 avec des rĂ©flexes de 2010. Et de lire GitHub… mĂȘme quand ça pique les yeux.


🔒 EncadrĂ© RSSI : Shellcodes FUD – Ce qu’il faut savoir, ce qu’il faut faire

📌 Contexte :
Des outils comme ShellCode-Encrypt-Tool-Xor-Aes-Fud-Stable permettent de chiffrer et injecter des payloads malveillants sans ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par la plupart des solutions de sĂ©curitĂ© classiques. Ces techniques deviennent accessibles Ă  tous, y compris Ă  des attaquants peu qualifiĂ©s.


🛑 Risques concrets pour l’entreprise :

  • Contournement des antivirus et EDR par chiffrement dynamique
  • Exploitation post-intrusion (RAT, exfiltration, persistance furtive)
  • Injection en mĂ©moire dans des processus lĂ©gitimes (Living off the Land)
  • Compromission sans trace sur disque – fileless malware

đŸ›Ąïž Mesures recommandĂ©es :
✅ Renforcer les solutions de sĂ©curitĂ© :

  • EDR avec analyse comportementale en mĂ©moire
  • DĂ©tection des API d’injection (VirtualAlloc, NtCreateThreadEx
)
  • Activer et surveiller AMSI sur tous les endpoints Windows

✅ Politiques et restrictions :

  • Bloquer les exĂ©cutions inconnues (AppLocker, WDAC)
  • Restreindre les privilĂšges locaux et l’usage de PowerShell non signĂ©
  • Interdire les macros et scripts auto-exĂ©cutables par dĂ©faut

✅ SOC & Blue Team :

  • ScĂ©narios de threat hunting orientĂ©s injection et chiffrement mĂ©moire
  • Veille active sur les outils GitHub, Cobalt Strike, Sliver, etc.
  • Analyse forensique mĂ©moire (Volatility, Rekall) en cas d’incident

✅ Formation & sensibilisation :

  • Sensibiliser les analystes aux outils FUD et aux techniques modernes
  • IntĂ©grer les attaques fileless aux exercices Red/Blue Team internes
  • Simuler rĂ©guliĂšrement des post-exploitations silencieuses

🎯 Le mot du RSSI :
Les outils offensifs Ă©voluent plus vite que nos procĂ©dures. Face Ă  la banalisation de l’évasion, il faut rehausser le niveau de dĂ©tection, automatiser l’analyse mĂ©moire, et intĂ©grer la post-exploitation dans la stratĂ©gie de dĂ©fense active.

🐍 ShellCode-Encrypt-Tool-Xor-Aes-Fud-Stable : l’art de chiffrer le mal (et de le poster sur GitHub)
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đŸ–‹ïž PubliĂ© sur SecuSlice.com

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