Regardez les télécrans : « Liberté, égalité, visibilité. » Voici le nouveau slogan officieux de l’ambassade des États-Unis en Inde, qui vient d’ajouter une condition pour l’obtention des visas F, M et J : rendre ses comptes de réseaux sociaux publics.
Oui, vous avez bien lu. Fini le petit jardin secret sur Instagram, les stories entre amis sur Snapchat ou les réflexions philosophiques en cercle restreint sur Twitter (pardon, X). Si vous voulez étudier, bosser ou faire un stage aux États-Unis, il va falloir strip-teaser votre vie numérique en pleine lumière.
« Chaque demande de visa est une décision de sécurité nationale. »
— Ambassade des États-Unis, version 2025 ou 1984.
👀 Ton profil public ou ta liberté de mouvement
Derrière cette directive sobrement communiquée se cache une réalité bien plus croustillante : l’accès au territoire américain est désormais conditionné à votre degré d’exposition numérique volontaire. Tu veux un visa ? Montre-moi ton compte TikTok. Et qu’il soit public, hein, sinon c’est louche. Tu caches quelque chose ? Tu détestes la liberté ? Tu votes quoi ? Tu crois encore aux cookies sans pistage ?
Ce n’est plus un entretien à l’ambassade, c’est une audit social par filtrage algorithmique. On imagine déjà l’agent consulaire scroller ton Insta pendant que tu expliques ton projet d’étude sur la thermodynamique.
đź§ Orwell, reviens, ils sont devenus fous
Dans 1984, les tĂ©lĂ©crans surveillent la population en permanence. En 2025, pas besoin de tĂ©lĂ©cran : les gens s’exhibent volontairement, et mieux encore, on leur impose de le faire. C’est tout bĂ©nĂ©f’ pour le ministère de la VĂ©ritĂ©. Et pas besoin de budget. Tu veux entrer ? Tu t’exposes. C’est simple, efficace, et surtout terriblement inquiĂ©tant.
Et ne parlons pas de double pensée : imagine expliquer que tu es passionné par la liberté d’expression tout en acceptant de rendre ton compte Facebook accessible au DHS.
🕵️‍♂️ Ce que ça dit vraiment
Derrière le vernis de “sécurité nationale”, on sent surtout une montée en puissance de la surveillance préventive, où chaque citoyen (étranger ou non) devient une entité à analyser, évaluer, scorer.
Aujourd’hui, c’est le compte public.
Demain, ce sera quoi ? Le nombre de followers ? Le ratio smiley/texte ? Une note automatique d’affinité géopolitique selon tes likes ?
Vous avez mis un cœur sur une vidéo dénonçant les inégalités ? Suspicion gauchiste.
Vous suivez Al Jazeera ? Hmm.
Vous avez retweeté Snowden en 2018 ? Blacklist immédiate.
👤 Le droit à la vie privée, version touristique
Qu’on se le dise : cette nouvelle mesure va à l’encontre de tout ce que défendent les régulations comme le RGPD. Consentement libre, proportionnalité, finalité… tous ces beaux principes sont écrasés par un rouleau compresseur nommé “sécurité nationale”.
« Vous êtes libre de ne pas partager… mais dans ce cas, vous ne viendrez pas. »
On pourrait presque en rire si ce n’était pas si tragiquement banal. Les demandeurs de visa sont déjà triés sur des critères stricts (ressources, liens familiaux, justification de séjour), et voilà qu’on ajoute une évaluation sociale déguisée. C’est un pas de plus vers une notation comportementale importée dans les relations diplomatiques, à la sauce Big Data.
🧱 Et après ?
Cette directive ouvre la voie à d’autres idées lumineuses, comme :
- Le VisaScore™, basé sur votre historique de like.
- Un badge « ami de l’Amérique » si vous partagez des photos de burgers.
- L’analyse émotionnelle de vos posts via IA : êtes-vous enthousiaste à l’idée de vivre le rêve américain ou cachez-vous une ironie suspecte ?
🇺🇸 Welcome to the land of the free… and the filtered
Alors que l’Amérique se targue d’être la patrie des libertés, elle impose désormais à ceux qui souhaitent la rejoindre de renoncer à la leur sur Internet.
La statue de la Liberté pourrait bien bientôt tenir un iPhone à la main, avec le doigt prêt à scroller :
« Give me your tired, your poor, your filtered Instagram posts longing to be seen… »
🔚 Conclusion (ou avertissement dystopique)
Ce qui était impensable il y a 10 ans est devenu la norme. Et ce qui est choquant aujourd’hui sera sans doute routine demain.
Rendre public son profil social pour obtenir un visa n’est qu’un énième symptôme du virage sécuritaire global. Une bureaucratie algorithmique sans visage, qui juge votre compatibilité géopolitique à coup de stories, de likes et de followers.
Reste à espérer que vos vieux statuts Facebook de 2011 où vous disiez « fuck le syst
🎙️ [Extrait exclusif Pour la blague – Interview fictive du responsable visa à l’ambassade des États-Unis]
Journaliste : Bonjour, Monsieur Jenkins, merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il est désormais obligatoire de rendre ses réseaux sociaux publics pour obtenir un visa étudiant ?
Monsieur Jenkins (Responsable du programme “Digital Candor & Homeland Friendship”) :
Absolument. Vous savez, notre pays a toujours valorisé la liberté. Et quoi de plus libre que de publier vos pensées personnelles, vos préférences musicales et vos photos de brunch de manière visible par nos analystes de sécurité ?
Journaliste : Et que cherchez-vous exactement dans les comptes sociaux des candidats ?
M. Jenkins : Nous recherchons des signaux faibles. Par exemple, un étudiant qui suit trois comptes de mèmes politiques et un influenceur vegan un peu trop critique de la CIA, c’est un drapeau orange.
Nous avons aussi une IA très performante. Elle attribue des “points de patriotisme culturel” si vous avez liké des vidéos de feux d’artifice ou de chiens en bandana étoilé.
Journaliste : Certains évoquent une dérive autoritaire, une sorte de profilage numérique qui porte atteinte à la vie privée…
M. Jenkins (souriant) : La vie privée ? Oh, cette vieille idée pré-9/11… C’est mignon.
Vous savez, la transparence, c’est le nouveau cool. Et puis, si vous n’avez rien à cacher, pourquoi refuser de partager vos photos de soirées Erasmus ou vos playlists Spotify ? Le ministère adore découvrir Dua Lipa. C’est apolitique, très safe.
Journaliste : Peut-on refuser de rendre son compte public ?
M. Jenkins : Bien sûr ! L’Amérique est une terre de liberté. Vous êtes libre de ne pas rendre vos comptes publics.
En revanche, vous ne serez pas libre d’y mettre les pieds.
Journaliste : Dernière question : que répondez-vous à ceux qui comparent votre programme à 1984 ou à une dystopie numérique ?
M. Jenkins (air choquĂ©) : 1984 ? Voyons, Orwell ne comprenait rien Ă la diplomatie moderne. Nous, on n’impose rien. On observe, on analyse, on profil… euh, on Ă©value la compatibilitĂ© culturelle.
Et puis franchement, si Big Brother avait eu TikTok, il aurait été beaucoup plus populaire.