Nouveaux paramĂštres de sĂ©curitĂ© par dĂ©faut â Ce que ça change vraiment
Microsoft vient de franchir une nouvelle Ă©tape vers le « secure by default » avec une annonce majeure pour les CloudâŻPC sous WindowsâŻ365. Ă partir de la seconde moitiĂ© de 2025, de nouveaux paramĂštres de sĂ©curitĂ© seront activĂ©s par dĂ©faut sur tous les CloudâŻPC nouvellement provisionnĂ©s ou rĂ©initialisĂ©s. Officiellement, câest pour renforcer la posture de sĂ©curitĂ©. Officieusement ? Câest un vrai casse-tĂȘte pour les Ă©quipes IT⊠et un petit choc pour les utilisateurs habituĂ©s Ă tout copier-coller entre leur machine locale et leur bureau distant.
Alors, bonne nouvelle ou migraine annoncée ? Spoiler : un peu des deux.
đ Un durcissement de la sĂ©curité⊠salutaire
Microsoft aligne cette Ă©volution avec sa stratĂ©gie SFI (Secure Future Initiative). LâidĂ©e est simple : activer dâoffice les mesures de sĂ©curitĂ© les plus efficaces, sans attendre une Ă©ventuelle (et hypothĂ©tique) action de lâadministrateur.
DĂšs la mise Ă disposition ou la reprovision dâun CloudâŻPC, les Ă©lĂ©ments suivants seront dĂ©sactivĂ©s par dĂ©faut :
- Le presse-papiers (impossible de copier/coller entre lâhĂŽte et le CloudâŻPC),
- LâaccĂšs aux disques locaux,
- Les imprimantes locales,
- Et les périphériques USB, sauf claviers, souris et webcams.
Et ce nâest pas tout : depuis mai 2025 dĂ©jĂ , Microsoft a commencĂ© Ă activer par dĂ©faut plusieurs mĂ©canismes de protection sur les CloudâŻPC Windows 11 :
- Credential Guard : pour isoler les identifiants du systĂšme dâexploitation et empĂȘcher leur vol par des malwares.
- VBS (Virtualization-Based Security) : pour cloisonner les processus critiques dans une enclave protégée.
- HVCI (Hypervisor-Enforced Code Integrity) : qui bloque lâexĂ©cution de pilotes ou de codes non signĂ©s.
RĂ©sultat ? Un systĂšme beaucoup plus rĂ©silient face aux attaques mĂ©moire, Ă la compromission du noyau ou au vol d’identifiants.
đšâđ» CĂŽtĂ© utilisateur : un petit retour au Moyen Ăge digital ?
Le revers de la mĂ©daille, câest lâimpact direct sur lâexpĂ©rience utilisateur. Imaginez un collaborateur habituĂ© Ă ouvrir son CloudâŻPC pour bosser Ă distance, et qui dĂ©couvre soudainement :
- Quâil ne peut plus copier un lien depuis Chrome sur son PC local pour le coller dans Teams cĂŽtĂ© CloudâŻPC,
- Que ses fichiers sur le disque dur local ne sont plus accessibles,
- Quâil ne peut pas imprimer un document distant sur son imprimante USB,
- Quâune clĂ© USB contenant une prĂ©sentation client est tout simplement ignorĂ©e.
De quoi gĂ©nĂ©rer des tickets au support Ă la chaĂźne⊠et un dĂ©but de panique dans certaines directions mĂ©tiers si aucune communication ou adaptation nâest anticipĂ©e.
đ ïž CĂŽtĂ© adminsys : alerte rouge dans Intune et GPO
Les administrateurs systĂšmes devront jongler entre sĂ©curitĂ© renforcĂ©e et nĂ©cessitĂ© mĂ©tier. Car Microsoft nâinterdit rien : il bloque par dĂ©faut⊠à vous de lever les restrictions si nĂ©cessaire.
Un bandeau dâalerte dans le Centre dâadministration Intune vous avertira de la prĂ©sence de ces nouveaux paramĂštres. Vous pourrez alors :
- CrĂ©er des politiques Intune personnalisĂ©es pour rĂ©autoriser certaines redirections (clipboard, impression, USBâŠ),
- Ou appliquer des GPO classiques si vous gĂ©rez vos CloudâŻPC de maniĂšre plus traditionnelle.
La difficultĂ©, câest le diagnostic mĂ©tier. Qui a besoin de quoi ? Faut-il tout rouvrir pour certains mĂ©tiers (comptabilitĂ©, marketingâŠ), ou peut-on garder le verrouillage strict sur les postes sensibles (RH, direction, DSI) ?
đ Ce quâil faut faire dĂšs maintenant
â Audit
Identifiez les usages critiques qui nécessitent des redirections (copier/coller, transfert de fichiers, impression).
â Communication
PrĂ©parez une campagne dâinformation claire pour les utilisateurs, expliquant les changements et comment faire une demande dâexception.
â Politiques de sĂ©curitĂ©
Créez vos politiques Intune ou GPO dÚs maintenant, testez-les sur un environnement pilote, et documentez chaque choix.
âïž Entre confort et sĂ©curitĂ© : il va falloir arbitrer
Cette dĂ©cision de Microsoft est logique. On ne peut pas exiger une sĂ©curitĂ© maximale sans couper certains canaux dâinteraction. Les redirections clipboard et disque sont historiquement des vecteurs dâexfiltration de donnĂ©es (vol de documents, scripts malveillants, etc.).
Mais cette sĂ©curisation par dĂ©faut impose une vraie charge dâanalyse et de paramĂ©trage cĂŽtĂ© IT. Elle pousse les organisations Ă faire enfin le mĂ©nage dans leurs usages, Ă classifier les postes et les risques, et Ă sortir du âone size fits allâ.
đ§ En conclusion
Ce changement est une excellente nouvelle pour la sĂ©curitĂ©, surtout dans un contexte oĂč les ransomwares et lâingĂ©nierie sociale exploitent souvent⊠la nĂ©gligence de configuration. Mais il ne suffira pas de dire âcâest Microsoft qui lâa faitâ. Il faudra accompagner les utilisateurs, anticiper les exceptions, et surtout, documenter les choix techniques.
Et si, au passage, cela force certaines entreprises Ă se poser la question : âAvait-on vraiment besoin de permettre Ă tout le monde de copier/coller depuis le Cloud vers leur PC perso ?â â alors Microsoft aura peut-ĂȘtre fait plus pour la cybersĂ©curitĂ© que nâimporte quelle formation obligatoire.
