🌍 Cloud souverain à l’européenne : promesses, poudre aux yeux, et trois gouttes de café tiède

« Microsoft promet que vos données cloud resteront en Europe. »
Un vrai Cloud souverain à l’européenne ?
Oui, chères données, restez bien ici… et surtout ne regardez pas trop la fenêtre.


1. Le grand discours de Microsoft

Infosecurity Magazine nous assène la nouvelle : Microsoft lance ses solutions “Sovereign Cloud” pour garantir le stockage et le traitement exclusivement en Europe. Hier, Reuters confirme que seuls des employés européens auront accès, sous supervision locale. Un ingénieur US tentera d’ouvrir votre base ? Il devra trouver un passeport européen.


2. 🎭 Le pot de fleur que l’on déplace

On se croirait dans un épisode de Columbo. Microsoft rebranche son cloud européen, rajoute une couche « Data Guardian », externalisation de clés, location de serveurs en Allemagne, et roule ma poule. 40 % de datacenters supplémentaires en Europe dans les deux ans, disent-ils. Sauf qu’en coulisses, CLOUD Act et FISA restent en embuscade : tout ce que touche Microsoft… pourrait finir sous juridiction US. Un joli coup de peinture sur un vase qui reste… américain.


3. 🌐 Mais alors, c’est quoi, un vrai cloud “souverain” ?

DNS4EU : le DNS qui fait “Europe inside”

Lancé le 9 juin 2025, DNS4EU est censé offrir un résolveur DNS géré par un consortium européen, hébergé en UE, avec blocage d’annonces, malware et conformité RGPD. En théorie, ça éloigne Google DNS ou Cloudflare de votre navigation. Mais quand on fouille Reddit, on rigole un peu :

“DNS4EU is partially hosted in England and parts by Cloudflare. Very EU indeed.”

En clair : un cloud souverain… mais toujours avec un soupçon de carotte US.

Voir aussi : 🧠 DNS4EU : Souveraineté numérique ou centralisation sous stéroïdes ?

Le moteur de recherche « à nous »

Qwant, Ecosia et consorts travaillent via le projet European Search Perspective (EUSP) à un index indépendant pour balancer Google/Bing. Objectif courtisé : plus de respect de la vie privée, moins de contenu mainstream… et surtout éviter la dépendance coloniale face aux géants US.


🔹 Qwant : souveraineté ou habillage marketing ?

« Le moteur de recherche made in France qui protège votre vie privée. »
Oui, enfin… sauf qu’il pose quand même la question à Bing.

Qwant s’est longtemps présenté comme l’alternative européenne à Google, respectueuse de la vie privée, RGPD-friendly, et fièrement tricolore.
Sauf que dans les coulisses, une bonne partie des résultats web que vous voyez passent par l’API de Bing(Microsoft). Oui, celui-là même qui gère votre Outlook et votre OneDrive.

Ce que ça veut dire concrètement :

  • ❌ Pas d’index indépendant complet (du moins pas encore).
  • ❌ Forte dépendance technique à une infrastructure américaine.
  • ❌ Souveraineté partielle, puisque les résultats reposent sur un backend non européen.
  • ✅ Respect de la vie privée renforcé : Qwant ne vous trace pas, ne vous profile pas, et applique un traitement conforme RGPD.

La nuance que Qwant n’aime pas trop :

Il ne s’agit pas d’un moteur “100 % maison”, mais d’un métamoteur partiellement souverain. On habille du Microsoft avec un joli vernis français.

📌 En 2025, Qwant tente une vraie indépendance avec :

  • Le projet EUSP (European Search Perspective) : pour un index indépendant cofinancé par la Commission européenne.
  • Une montée en puissance de ses propres robots d’indexation (lentement mais sûrement).
  • Une promesse d’autonomie… mais à horizon flou.

Utiliser Qwant, c’est mieux que Google pour la vie privée.
Mais pour la souveraineté numérique ?
👉 C’est comme faire du fromage français avec du lait en poudre importé : c’est local… sur l’étiquette.


4. 🚧 Les obstacles – ou comment l’Europe joue à saute-mouton

  • Gaia‑X reste une promesse. Censée fédérer cloud & données en gardant la main, elle rame face à l’équilibre hyperscaler vs souverainité.
  • AWS German Sovereign Cloud voit le jour fin 2025, avec gouvernance européenne, SOC local, CA root local… Youpi ! Mais question : peut-on vraiment se passer du BACK-END AWS ?
  • Google, pas en reste, déploie ses “Sovereign Cloud” avec data boundaries, User Data Shield (Mandiant), et partenaires locaux comme Thales.

Résultat : on voit fleurir des produits « à la sauce souverain », mais toujours pilotés par le backend US. À moins d’une vraie rupture… c’est surtout un leurre technologique ?


5. 🎯 Conclusion

Oui, Microsoft et ses copains vous jurent que vos données restent en Europe, que vos accès seront gérés par des locaux, que vos clés seront sur place, que vos recherches seront “européennes”.
Non, rien ne garantit que Boeing n’arrive pas en douce, que le CLOUD Act ne s’applique pas, ou qu’un simple “backdoor” magique ne réside pas sous la table.

Et pourtant, bravo à DNS4EU, Qwant/Ecosia, Gaia‑X, AWS Germany et leurs homologues : ces initiatives marquent un tournant symbolique.
Mais tant que le code, les composants, les contrats, et les pipelines resteront dominés par les USA… le “cloud souverain” européen restera un joli slogan, pas une réalité.


🔬 À méditer

Ne vous laissez pas berner par les termes marketing : demandez des preuves techniques.

  • Où se trouvent physiquement les serveurs ?
  • Qui signe vos certificats TLS ?
  • Qui conserve vos clés ?
  • Et surtout, si le FBI frappe demain, que se passe-t-il ?

Si la souveraineté numérique vous tient à cœur, payezcollez des règles compliancefinancez Qwant/EUSP, poussez Gaia‑X, mais surtout exigez DUR : code open source, audits indépendants, audits sur site… et pas juste une photo de datacenter en Allemagne.

🌍 Cloud souverain à l’européenne : promesses, poudre aux yeux, et trois gouttes de café tiède
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🖋️ Publié sur SecuSlice.com

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